Une toile exposée au Palais de Tokyo taxée de pédopornographie par le RN
La député RN Caroline Parmentier a interpellé mardi 21 mars à l’Assemblée la ministre de la Culture Rima Abdul Malak au sujet d’un tableau controversé de Miriam Cahn exposé depuis le 17 février au Palais de Tokyo, qu’elle considère comme étant pédopornographique, et dont elle a réclamé le décrochage.
"Ce tableau représente un enfant, à genoux, ligoté les mains dans le dos, forcé à une fellation par un adulte. Rien de justifie l’exposition d’une telle œuvre, pas même le prétexte de la dénonciation de crimes de guerre", a-t-elle estimé. Elle a également regretté que le tableau soit "exposé dans la sphère publique sans interdiction aux mineurs depuis le 17 février".
Un tableau controversé baptisé "Fuck Abstraction !"
La polémique enfle depuis plusieurs jours autour de ce tableau de l’artiste suisse Miriam Cahn, 73 ans, baptisé Fuck Abstraction ! Il est exposé au Palais de Tokyo dans le cadre de la rétrospective Ma pensée sérielle, qui lui est consacrée jusqu’au 14 mai 2023.
"Ne mélangeons pas tout", a répondu la ministre de la Culture, dénonçant "un coup de com" de la député RN Caroline Parmentier. Assurant qu'on ne peut pas sortir une œuvre de son contexte, Rima Abdul Malak a rappelé que Miriam Cahn "documente et dénonce les horreurs de la guerre" depuis 40 ans.
Messages d'avertissements et contextualisation
Comme l'a rappelé Rima Abdul Malak, le musée a pris soin d'apposer des messages d'avertissements à l'entrée et le long du parcours de l'exposition, indiquant que "certaines œuvres sont de nature à heurter la sensibilité des publics". Sur les cartels explicatifs de l'œuvre, le contexte et le point de vue de l’artiste sont aussi indiqués. Il est ainsi précisé que "le tableau a été réalisé pendant la guerre en Ukraine et après que les images du charnier de Butch aient été diffusées ainsi que des images de nombreux viols sur des femmes et des hommes." Pour Miriam Cahn, il s’agit "d’une personne aux mains liées, violée avant d’avoir été tuée et jetée dans la rue".
Face aux réactions d'incompréhension postées sur les réseaux sociaux, le Palais de Tokyo a publié le 7 mars un communiqué dans lequel il précise que "ce ne sont pas des enfants". Et d'ajouter : "ce tableau traite de la façon dont la sexualité est utilisée comme arme de guerre, comme crime contre l'humanité". Mais pour certains, comme l'association Juristes pour l'enfance, il s'agit bien d'un enfant et une pétition en ligne demandant son retrait a récolté à ce jour quelque 7500 signatures.
"Oui, l'art peut choquer, peut questionner, peut parfois susciter du malaise, voire du dégoût. L'art n'est pas consensuel. Et la liberté d'expression et de création est garantie par la loi. Et d'ajouter que ce n'est "ni à une ministre, ni à une parlementaire de qualifier une infraction pénale. C'est le rôle de la justice", a répondu la ministre de la Culture.
L'Observatoire de la liberté de création a également publié un communiqué soutenant l'artiste :
"Les artistes doivent pouvoir dénoncer ces crimes en pleine liberté. Comme le disait George Sand à propos de la littérature, 'L'écrivain n'est qu'un miroir qui reflète, une machine qui décalque, et qui n'a rien à se faire pardonner si ses empreintes sont exactes, si son reflet est fidèle'. Il en va de même pour la peinture, et ce débat qui a traversé déjà deux siècles a toujours conclu à la déconsidération des censeurs".
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