Van Gogh, Picasso, Kandinsky : exposition événement de la collection Merzbacher
Reportage I. Colbrant, JP. Rivet, L. Di Bin
Derain, Matisse, Kandinksy, Braque, Modigliani, Vlaminck, Miro, Klee, Gontcharova, Larionov, Ernst, Chagall, Sam Francis, Calder… Ce sont plus de cinquante artistes qui sont présentés dans cette exposition dédiée à la magie de la couleur. Une magie qui a saisi les Merzbacher un beau jour, lorsque le Moma (Musée d'Art moderne) de New York consacra une exposition au fauvisme. C’est à ce moment-là, dans les années 60, que le couple commence sa collection en achetant une œuvre de Kandinsky « Murnau – Dorfstrasse » (1908).
Jusque dans les années 2000, les Merzbacher prêtaient discrètement des tableaux aux musées du monde entier, sans chercher à se faire connaître. Il a fallu attendre 2006 et une exposition au Kunsthas de Zurich pour que le public sache qui se cachait derrière la mention « Collection privée » affichée à côté des œuvres exposées. Avant cela, les chefs-d’œuvre de couleur des Merzbacher avaient déjà été présentés à Jérusalem (1998) pour les 50 ans de l’état d’Israël, au Japon, à Londres, au Danemark. L’exposition de Martigny est un événement : c’est la première fois qu’une fondation privée accueille cette collection.
Werner Merzbacher, itinéraire d'un enfant de la guerre
On ne peut évoquer cette collection sans parler du couple qui se cache derrière, et notamment du parcours de Werner Merzbacher. Né en 1928 en Allemagne dans une famille de médecins juifs, Werner va échapper à la déportation, ses parents le confiant à une famille en Suisse. Mais Werner ne les reverra pas. Ils meurent en 1943 dans un camp de concentration. Quant à son frère aîné, il va sombrer dans la schizophrénie au début des années 40.
Après la guerre, le jeune refuse Werner de retourner en Allemagne mais se voit interdire la nationalité suisse. Enthousiasmé par le cinéma, il part pour New York. Il deviendra américain, se mariera et aura trois enfants. Ses talents de financier se révèleront au sein d’une société spécialisée dans le secteur du cuir et le négoce de devises.
En 1964, la famille Merzbacher repart pour la Suisse où Werner devient négociant en fourrure. C’est aussi en Suisse qu’il va découvrir l’art grâce à sa femme Gabrielle qui lui présente la petite mais très belle collection de son grand-père Bertrand Mayer, dans laquelle on trouve « Le Couple » de Picasso ou encore « Intérieur à Collioure (la sieste) » de Matisse. La suite, on la connaît. Elle est faite de coups de cœur et d’histoires d’amitié. A une époque où l’art devient avant tout, pour beaucoup, un investissement très lucratif, on aimerait que l’esprit des Merzbacher se transmette à de nouvelles générations de collectionneurs. Encore faut-il que les prix le permettent…
«Van Gogh, Picasso, Kandinsky... Collection Merzbacher – Le Mythe de la couleur ». Jusqu’au 25 novembre, tous les jours de 9 heures à 19 heures à la Fondation Pierre Gianadda - Rue du Forum 59 - 1920 Martigny (Suisse) - Tél. n°: +41 (0) 27 722 39 78
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