A Alençon, l'exposition "Sur le chemin de la liberté" montre l'humain en incarcération, sans jugement
Les photos sont en noir et blanc. Des clichés de mains, de bras, de tatouages. A l'image, seulement une partie des corps de ces détenus, tous volontaires pour se lancer dans ce projet de médiation culturelle de la photographe Florence Grall. Impossible de montrer leur visage. La loi l'interdit. Mais loin d'être anodins, tous ces petits détails racontent des histoires, des vies entières de ces hommes qui purgent leur peine au centre pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe.
Florence Grall a rencontré 13 détenus, tous condamnés à de longues peines. Elle s'intéresse à la condition de ces hommes, et non pas aux actes qu'ils ont commis. Après trois ans de travail, elle en a tiré une vingtaine de photographies avec pour objectif de montrer l'humain en incarcération. Elle ne les juge pas. "Comme tout le monde, je rencontre des réticences, j'ai mes idées sur le prisonnier et j'ai été particulièrement touchée par l'humanité de ces hommes" raconte la photographe. Cette exposition se pose la question de la dignité humaine, des effets de la privation de liberté et de la place des émotions.
Réinsertion
Chaque photo est accompagnée de textes ou de simples phrases racontant la privation de liberté et l'introspection dans le milieu carcéral. Une introspection naturelle et quasi obligatoire.
"Cette introspection sert pour la plupart d'entre eux à avancer sur le chemin de la rédemption. Certains autres prennent du recul sur leur acte et le sens qu'ont eus leurs actes sans qu'ils le veuillent" explique l'autrice, Amélie Nussbaum qui a travaillé en lien avec la photographe.
Mais au-delà de l'exposition, se pose la question de la réinsertion de ces détenus. Une condition indispensable pour éviter la récidive. Les 13 personnes qui ont participé à l'expérience sont en chemin vers leur libération, dans une volonté de se réinsérer. "Ce sont des hommes qui ont droit à cette notion d'humanité judiciaire, à une forme de réinsertion, même sur des longues peines" explique Laëtitia Mirande, procureure de la République d'Alençon.
"Sur le chemin de la liberté"
Palais de Justice d'Alençon, jusqu'au 12 octobre.
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