À Angers, une exposition dévoile les clichés méconnus du Julien Gracq photographe
La médiathèque et l'université d'Angers présentent une exposition de photographies de Julien Gracq, intitulée "L'œil géographique", avec une cinquantaine de clichés inédits de paysages pris entre 1960 et 1980, aux États-Unis et en Europe, par l'auteur du "Rivage des Syrtes". Une facette méconnue de l'un des plus grands écrivains français.
L'exposition présentée sur ses terres natales du Maine-et-Loire rend hommage au grand écrivain français, en dévoilant une part de son travail restée longtemps en marge de son œuvre littéraire et géographique, la photo. Les visiteurs peuvent découvrir une sélection d’une cinquantaine de clichés (parmi des centaines) pris par Julien Gracq, qui reflète la curiosité de ce grand voyageur.
"On sent le géographe attentif à la composition globale du paysage et à différents détails. Ce sont des photos très travaillées, très cadrées, avec des recherches de limites, de frontières en quelque sorte. Ses recherches photographique et littéraire sont nourries d'une même recherche, d'une même attente", explique Marc-Édouard Gautier, un des commissaires de l'exposition et directeur de la bibliothèque municipale.
Œuvre romanesque
Muni de son appareil Zeiss Ikon Contessa, ce grand marcheur a sillonné la Castille profonde, les Pyrénées françaises et espagnoles, le Wisconsin, un village savoyard, la Vénétie ou encore la route 66. Sur ces photos prises en couleurs, le spectateur se sent parfois plongé dans son œuvre romanesque. Les imposants châteaux espagnols entourés d'une terre aride évoquent des pages du Rivage des Syrtes. Un cliché d'un paysage boisé des Ardennes permet, lui, de s'imaginer dans les premières pages du livre Un balcon en forêt qui se déroule durant la "Drôle de guerre".
Les photos sont agrémentées de commentaires de spécialistes de son œuvre et de l'écrivain, comme celles sur l'Italie. "Venise n'est pas comme Rome, une machine à remonter le temps, mais plutôt une machine à l'effacer", écrit Gracq, né et mort dans le Maine-et-Loire. Une constante dans les oeuvres exposées : l'importance donnée aux routes et chemins. Ces panoramas, comme le disait Gracq, sont "une projection d'un avenir dans l'espace".
L'exposition présente également pour la première fois au public le manuscrit de Partnership, jamais publié, récit autobiographique du jeune Louis Poirier (qui n'avait pas encore choisi le pseudonyme de Julien Gracq), écrit en 1931 à l'École normale supérieure. Ce manuscrit avait été acquis en 2018 par la région des Pays de la Loire et a été confié à la bibliothèque municipale d'Angers.
Julien Gracq, L'œil géographique - médiathèque d'Angers jusqu'au 5 mars 2022 et à l'université d'Angers jusqu'au 25 février - L'exposition partira ensuite à Nantes cet été, puis à Caen à l'automne.
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