À Arles, le directeur des Rencontres de la photographie veut "rendre visible l'invisible"
Après deux années particulières, les Rencontres de la photographie d’Arles retrouvent leur ampleur habituelle. Pour cette 53e édition, une quarantaine d’expositions sont proposées autour d’artistes reconnus ou émergents.
Arrivé à la tête du festival arlésien il y a deux ans, Christoph Wiesner vit depuis le 4 juillet ses premières “vraies” Rencontres de la photographie. Annulées en 2020, organisées en version limitée en 2021, elles se déploient à nouveau pleinement cette année jusqu’au 25 septembre. Pour cette 53e édition, une quarantaine d’expositions sont proposées dans la cité camarguaise mais aussi à Marseille, Avignon ou Nîmes, avec près de 160 artistes invités.
Femmes photographes
"Prendre le pouls de la terre", "rendre visible l’invisible" : voilà quelques-unes des lignes directrices de cette édition 2022 qui se veut aussi clairement féminine, voire féministe. En témoigne l’exposition consacrée au mannequin des années 1920 et photographe longtemps sous-estimée Lee Miller à l'espace Van Gogh.
Autre exposition axée sur le travail des femmes photographes à découvrir à l'Atelier de mécanique générale (il s’agit de l’ancien bâtiment industriel de la compagnie ferroviaire) : Une avant-garde féministe des années 1970 qui présente des photos inédites en France issues de la collection viennoise Verbund. Un témoignage unique constitué de plus de 200 œuvres de 72 femmes qui dénoncent le sexisme, les inégalités sociales et les structures du pouvoir patriarcal.
Talents émergents
Le festival reste également fidèle à sa vocation de dénicheur de talents. "C’est un de ses ADN depuis très longtemps avec le Prix Découverte Louis Roederer" rappelle Christophe Wiesner. "Cette année, nous avons reçu plus de 170 appels à candidature, soit des galeries d’art, soit des centres d’art". Les travaux de ces artistes émergents sont exposés dans l’église des Frères-Prêcheurs, sur des panneaux de bois brut érigés à la verticale. Les jeunes photographes ont raconté à leur façon leur histoire, liée à leur passé, leur genre, leurs origines.
Pendant la semaine d’ouverture, un jury décernera le Prix Découverte Louis Roederer avec, à la clé pour la structure porteuse du projet, une acquisition d’un montant de 15 000 euros.
Sur le front humanitaire
Autre exposition qui révèle un patrimoine peu exploré, celle présentée au Palais de l'Archevéché. Intitulée Un monde à guérir, elle présente plus de six cents images datant de 1850 à nos jours, issues des collections du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Des clichés avant tout produits pour informer de l’urgence de l’action humanitaire, signés de grands noms de la photographie, notamment de l’agence Magnum Photos, mais aussi des photos réalisées par les travailleurs humanitaires eux-mêmes, ainsi qu’une section consacrée au travail d’Alexis Cordesse, qui partage les photographies personnelles d’hommes et de femmes ayant fui la Syrie.
Actualité oblige, les Rencontres d’Arles 2022 font une place aux artistes ukrainiens en organisant plusieurs événements de soutien, notamment lors du "photo slam" du 7 juillet, au théâtre antique romain, où de jeunes photographes ukrainiens sont invités à présenter leur engagement et leurs défis face à l'invasion russe.
Les Rencontres de la photographie, à Arles jusqu'au 25 septembre 2022.
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