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À Bayeux, une exposition photographique contre les frappes de drones

Des frappes qui tuent aussi bien dans un cimetière que dans une école et dissuadent les gens de venir aux secours des blessés: Tomas van Houtryve, exposé au prix Bayeux des reporters de guerre, livre, en images, un vif réquisitoire contre les drones, des "armes pas du tout chirurgicales".
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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"Quand le ciel est bleu"
 (Tomas Van Houtryve)

"Ce n'est pas une arme magique permettant de tuer les terroristes sans tuer les civils comme le laissent croire les discours des politiques", s'agace le photographe américano-belge de 40 ans, qui vient de recevoir le 2e prix du World Press Photo pour ce travail.

Au Pakistan, entre 2004 et 2013 ces frappes ont tué 3.213 personnes dont 535 civils, 175 enfants et "moins de 2% des victimes étaient des cibles majeures", rappelle le reporter, citant l'organisation de presse "Bureau of investigative Journalism", basée à Londres.

Montrer la perversité de ces tirs

En 2013, Amnesty international avait demandé à Washington la levée du secret sur ces frappes au Pakistan. Pour montrer la perversité de ces tirs venant de planeurs sans pilote et déclenchés "le plus souvent" depuis une base militaire près de Las Vegas, le journaliste, qui a auparavant couvert la rébellion népalaise, la Chine, la Corée du Nord ou Guantánamo, a décidé de fixer son appareil sur un drone pour aller photographier aux Etats-Unis des scènes "inspirée de frappes réelles de drones américains" au Pakistan.
 
Le résultat est présenté dans "Quand le ciel est bleu", son exposition à Bayeux. Le titre est inspiré du témoignage d'un garçon de 13 ans devant le Congrès américain en octobre 2013 dont la grand-mère est morte après une frappe de drone alors qu'elle ramassait des okras devant sa maison. "Je n'aime plus quand le ciel est bleu. Je préfère quand le ciel est gris. Les drones ne volent pas quand le ciel est gris", a dit le petit fils, Zubair Rehmann, lui-même blessé lors de cette attaque dans le nord-est du Pakistan.
  (Charly Tribailleau / AFP)

Dénoncer les doubles frappes

Tomas van Houtryve est ainsi allé photographier un cours de yoga dans un parc de San Francisco. Vus du ciel, on peut croire que les participants prient. Le photographe entend ainsi souligner le risque d'erreur par une armée américaine qui, selon lui, "autorise à viser des cibles dont le comportement semble suspect". "Les décisions de tuer sont prises en croisant différentes données, par exemple la géolocalisation du portable d'une cible présumée et son comportement observé par drone", précise le journaliste primé en 2006 à Bayeux.
 
En face, une des neuf photos de l'exposition montre des Marines américains qui se préparent pour un dépôt de gerbe de la Journée des vétérans à Philadelphie. "En juin 2012, à Barmal, une attaque de drone a tué 10 personnes rassemblées pour les funérailles du frère d'un commandant taliban", précise la légende.
  (Charly Tribailleau / AFP)
Une autre photo prise dans la cour d'un lycée en Californie fait référence à une frappe de 2006 sur une école du village de Chenegai qui a tué 69 enfants, selon le photographe primé en 2006 à Bayeux.
 
Plus loin, un cliché met en scène des pompiers en train d'éteindre un feu de voiture en Arizona: une façon pour Tomas van Houtryve de dénoncer "la tactique de la double frappe" sur une même cible, destinée, selon le photographe, à "toucher ceux qui portent secours aux victimes" du premier tir.
 
Le "Bureau of investigative Journalism" a identifié 5 "doubles-frappes" au Pakistan en 2012. L'exposition se tient jusqu'à dimanche. Le reporter prépare un livre et une exposition d'ici un an à New York.

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