A Clermont-Ferrand, les clichés de la photojournaliste Véronique de Viguerie racontent la vie ordinaire en temps de guerre
Elle a couvert les principaux conflits de ces deux dernières décennies, de l'Afghanistan à l'Ukraine en passant par le Kurdistan, la Syrie ou l'Irak. Véronique de Viguerie parcourt le monde avec son boîtier, le regard sensible et affûté. Si la guerre et ses conséquences dévastatrices sont au cœur de ses reportages, la photographe indépendante se concentre aussi sur la vie quotidienne des habitants en zone de combats. Quand le seul fait de vivre et d'être heureux devient un acte de résistance.
Les clichés de la photographe sélectionnés pour l'exposition Instants suspendus au musée de la résistance de Chamalières (Puy-de-Dome), donne à voir des parenthèses heureuses dans des pays dévastés par des combats, des zones où règne une violence inouïe. À l'image de ce couple de mariés, qui pose devant des ruines à Mossoul en Irak, juste après la chute de Daech en 2017.
Quand on est envoyé par un magazine dans un pays en conflit, on doit revenir avec des images du conflit. Il y a aussi ces images qui ne sont jamais publiées parce qu’il n’y a pas la place. Pourtant elles sont là, elles sont bien réelles. Elles font partie d’une réalité qu’on a trop tendance à oublier.
Véronique de Vigueriephotojournaliste
Une petite fille avec des ballons, une autre déguisée en chat dans une favela de Rio pendant le carnaval. Elle a face à elle les membres d'un gang, lourdement armés, le visage dissimulé derrière des masques souriants. Une autre enfant encore à la fenêtre de sa voiture, lunettes rose à paillettes et maquillage maladroit. Difficile d'imaginer que la photographe a croisé son regard à Fallouja en Irak en 2017 dans une période très sombre de répression chiite, juste après la chute de Daech.
Lutter contre les clichés
Les instants suspendus de Véronique de Viguerie ne sont pas tous des moments joyeux ou apaisés. Il est aussi question de lutter contre les clichés, rendre compte d'une réalité complexe et parfois déconcertante. À l'image des rencontres qu'elle a pu faire avec des talibans en Afghanistan. Elle s'attendait à "rencontrer des monstres parce qu’ils font des choses monstrueuses," témoigne la journaliste qui avoue s'être retrouvée tout simplement face à des humains. Elle poursuit : "c’est un peu ce que je voulais montrer avec ces photos, je crois que c’est un peu idiot de croire que seuls les monstres peuvent commettre des choses monstrueuses."
L'exposition Instants suspendus est à découvrir du 6 juillet au 23 décembre 2023, au musée de la résistance de Chamalières.
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