À Mougins, une exposition photo de Stephen Shames rend hommage aux femmes du Black Panther Party
Certes, l'une de ses plus célèbres figures était une femme, Angela Davis. Mais saviez-vous que les femmes constituaient le gros des troupes du Black Panther Party (BPP) ? De tous les combats, elles composaient dès 1968 les deux tiers de cette organisation politique à la proue du mouvement d'émancipation des Noirs américains. Un mouvement, fondé en 1966 à Oakland (baie de San Francisco, Californie) par Bobby Seale et Huey P. Newton, qui entendait proposer des solutions concrètes aux problèmes de la communauté noire et lutter contre le racisme institutionnel.
Une riche exposition de plus de quatre-vingts photos en noir et blanc de Stephen Shames, à voir au Centre de la photographie de Mougins jusqu'au 6 octobre 2024, rend hommage à toutes ces femmes engagées, et documente leur travail.
Né aux États-Unis en 1947, le photographe Stephen Shames a 20 ans et étudie à Berkeley lorsqu'il se lie, lors d'une manifestation à San Francisco contre la guerre du Vietnam, avec Bobby Seale, cofondateur du Black Panther Party.
Cette rencontre décisive va le mener à faire de la photographie le reflet de son engagement politique. Durant sept ans, il se tient aux côtés des Black Panthers et documente leur combat.
Il est l'un des seuls Blancs au milieu de ces militants et activistes noirs. Mais, bénéficiant de la confiance des dirigeants des Panthères noires, il a ses entrées partout et peut prendre des photos intimes, dans les coulisses, de l'activité des membres du parti.
Et notamment des femmes, donc, en première ligne pour assurer la soixantaine de programmes d'aide et d'action sociale en faveur de la communauté afro-américaine défavorisée, qu'il s'agisse d'aide alimentaire, à l'éducation, à la santé (face à ce qu'ils considéraient comme un "apartheid médical"), à la justice ou à la sécurité.
Dans l'objectif de Stephen Shames, on voit ces femmes, bénévoles de tous âges et de tous milieux, donner des cours d'anglais ou de mathématiques à des enfants, et réaliser des tests sanguins (entre autres contre la drépanocytose, maladie génétique héréditaire du sang touchant principalement les Afro-américains).
On les voit aussi organiser la distribution de petits-déjeuners gratuits pour les écoliers ou de sacs de provisions (une semaine d'alimentation) pour les familles.
La photo d'une petite tête blonde recevant de la nourriture de la main d'une cuisinière noire attentionnée montre aussi l'absence de discrimination dont faisaient preuve les femmes du BPP.
D'Oakland à San Francisco, de Boston à Philadelphie ou New York, on voit aussi les femmes monter la garde, manifester, militer (avec des pancartes contre les débits de boissons notamment), faire du porte-à-porte pour inciter à s'inscrire sur les listes électorales et à voter.
Ou encore vendre à la criée, dans les gares et dans les rues, le journal des Black Panthers (The Black Panther), distribué à 100 000 exemplaires dès 1969, et dont les femmes assuraient la direction et la rédaction.
"Si vous éduquez un homme, vous éduquez un individu, mais si vous éduquez une femme, vous éduquez une nation", disait la Black Panther Saundra Dickerson.
Les portraits d'une dizaine de figures féminines du Black Panther Party, comme Angela Davis, Ericka Huggins, Gloria Abertheny ou Afeni Shakur, la mère du rappeur Tupac Shakur, complètent ce riche panorama.
Exposition Comrade Sisters, les Panthères noires, jusqu'au 6 octobre 2024
Centre de la photographie de Mougins, 43 rue de l'Église, 06250 Mougins
Tel : 04 22 21 52 12
Ouvert tous les jours sauf le mardi (fermé lundi et mardi à partir du 1er octobre 2024) de 11h à 18h
Tarif : adulte 6 euros, étudiant 3 euros (gratuit pour les étudiants de la région PACA et pour tous le premier dimanche du mois)
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