À Mougins, une exposition photo de Stephen Shames rend hommage aux femmes du Black Panther Party

Le photojournaliste américain Stephen Shames a documenté de l'intérieur le mouvement des Black Panthers. Une exposition au Centre de la photographie de Mougins, à voir jusqu'en octobre, se focalise sur l'activité des femmes au sein de cette organisation politique afro-américaine née en 1966.
Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
Le 31 mars 1972, à Oakland (Californie, États-Unis), lors d'une campagne de dépistage de la drépanocytose du Black Panther Party (BPP). Entre 1971 et 1973, 500 000 personnes ont ainsi été testées à travers les États-Unis. Les programmes de santé du BPP comprenaient des cliniques médicales gratuites et un service d'ambulance gratuit. (STEPHEN SHAMES)

Certes, l'une de ses plus célèbres figures était une femme, Angela Davis. Mais saviez-vous que les femmes constituaient le gros des troupes du Black Panther Party (BPP) ? De tous les combats, elles composaient dès 1968 les deux tiers de cette organisation politique à la proue du mouvement d'émancipation des Noirs américains. Un mouvement, fondé en 1966 à Oakland (baie de San Francisco, Californie) par Bobby Seale et Huey P. Newton, qui entendait proposer des solutions concrètes aux problèmes de la communauté noire et lutter contre le racisme institutionnel.

Une riche exposition de plus de quatre-vingts photos en noir et blanc de Stephen Shames, à voir au Centre de la photographie de Mougins jusqu'au 6 octobre 2024, rend hommage à toutes ces femmes engagées, et documente leur travail.

Une vue de l'accrochage à l'exposition photo de Stephen Shames "Comrade Sisters, les Panthères noires", au Centre de la photographie de Mougins, en 2024. (VILLE DE MOUGINS)

Né aux États-Unis en 1947, le photographe Stephen Shames a 20 ans et étudie à Berkeley lorsqu'il se lie, lors d'une manifestation à San Francisco contre la guerre du Vietnam, avec Bobby Seale, cofondateur du Black Panther Party.

Cette rencontre décisive va le mener à faire de la photographie le reflet de son engagement politique. Durant sept ans, il se tient aux côtés des Black Panthers et documente leur combat.

Il est l'un des seuls Blancs au milieu de ces militants et activistes noirs. Mais, bénéficiant de la confiance des dirigeants des Panthères noires, il a ses entrées partout et peut prendre des photos intimes, dans les coulisses, de l'activité des membres du parti.

Funérailles de George Jackson à l'église Saint-Augustin d'Oakland (Californie, États-Unis), le 28 août 1971. (STEPHEN SHAMES)

Et notamment des femmes, donc, en première ligne pour assurer la soixantaine de programmes d'aide et d'action sociale en faveur de la communauté afro-américaine défavorisée, qu'il s'agisse d'aide alimentaire, à l'éducation, à la santé (face à ce qu'ils considéraient comme un "apartheid médical"), à la justice ou à la sécurité.

Dans l'objectif de Stephen Shames, on voit ces femmes, bénévoles de tous âges et de tous milieux, donner des cours d'anglais ou de mathématiques à des enfants, et réaliser des tests sanguins (entre autres contre la drépanocytose, maladie génétique héréditaire du sang touchant principalement les Afro-américains).

Une vue de l'exposition photo "Comrade Sisters, les Panthères noires" de Stephen Shames au Centre de la photographie de Mougins, en 2024. (VILLE DE MOUGINS)

On les voit aussi organiser la distribution de petits-déjeuners gratuits pour les écoliers ou de sacs de provisions (une semaine d'alimentation) pour les familles.

La photo d'une petite tête blonde recevant de la nourriture de la main d'une cuisinière noire attentionnée montre aussi l'absence de discrimination dont faisaient preuve les femmes du BPP.

1969, Oakland (Californie, États-Unis). Le Free Breakfast for School Children, organisant la distribution de petits déjeuners à destination des écoliers, fut l'un des premiers programmes d'assistance mis en place par le BPP. (STEPHEN SHAMES)

D'Oakland à San Francisco, de Boston à Philadelphie ou New York, on voit aussi les femmes monter la garde, manifester, militer (avec des pancartes contre les débits de boissons notamment), faire du porte-à-porte pour inciter à s'inscrire sur les listes électorales et à voter.

Ou encore vendre à la criée, dans les gares et dans les rues, le journal des Black Panthers (The Black Panther), distribué à 100 000 exemplaires dès 1969, et dont les femmes assuraient la direction et la rédaction.

Afeni Shakur (1947-2016) en 1970 dans le bureau des Black Panthers du bureau de Harlem (New York), dont elle était une des dirigeantes. Elle enseignait l'éducation politique et fut accusée dans le procès des Panther 21 (un groupe de 21 membres du BPP arrêtés à New York en avril 1969). Elle était la mère du rappeur Tupac Shakur (1971-1996). (STEPHEN SHAMES)

"Si vous éduquez un homme, vous éduquez un individu, mais si vous éduquez une femme, vous éduquez une nation", disait la Black Panther Saundra Dickerson.

Les portraits d'une dizaine de figures féminines du Black Panther Party, comme Angela Davis, Ericka Huggins, Gloria Abertheny ou Afeni Shakur, la mère du rappeur Tupac Shakur, complètent ce riche panorama.

Exposition Comrade Sisters, les Panthères noires, jusqu'au 6 octobre 2024
Centre de la photographie de Mougins, 43 rue de l'Église, 06250 Mougins
Tel : 04 22 21 52 12

Ouvert tous les jours sauf le mardi (fermé lundi et mardi à partir du 1er octobre 2024) de 11h à 18h
Tarif : adulte 6 euros, étudiant 3 euros (gratuit pour les étudiants de la région PACA et pour tous le premier dimanche du mois)

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