À Pont-Aven, une exposition célèbre le plaisir de "Se retrouver" à travers l'objectif de Willy Ronis
C'est une exposition qui va plaire aux amateurs des clichés de Robert Doisneau, dont Willy Ronis était proche à la fois par amitié et par sa vision de voir le monde à travers l'objectif. Ils appartiennent en effet tous deux au courant de photographie humaniste.
Né et mort à Paris (1910-2009), Willy Ronis est un photographe désormais mondialement connu. Ces jours-ci, c'est le musée de Pont-Aven en Bretagne qui expose son travail avec un regard inédit sur sa collection de clichés à travers le fil rouge "Se retrouver".
Car les clichés pris par l'artiste montrent la solidarité qui étreint les hommes et les femmes. Willy Ronis a débuté sa carrière en photographiant les manifestations du Front Populaire en 1936. "Ce photographe humaniste avait le cœur très à gauche. Cela résonne à nos oreilles de contemporains avec la période que l'on connaît aujourd'hui. Il a beaucoup photographié les grèves, les rassemblements populaires. C'est quelqu'un qui photographie vraiment les laissés-pour-compte. Il se retrouvait vraiment en eux", dit Sophie Kevran, directrice du musée de Pont-Aven.
Le premier photographe français à collaborer avec "Life"
Avant le succès, Willy Ronis avait connu le pire. Son père était décédé d'un cancer alors qu'il était âgé de 24 ans. Avant de se lancer dans la photographie artistique, il avait travaillé sur des prises de vue plus traditionnelles dans le studio familial.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il fuit Paris pour se réfugier dans le Sud de la France. Juif, il se cache pour échapper aux déportations. C'est en 1945 qu'il se fait connaître à l'international en devenant le premier photographe français à collaborer pour le prestigieux magazine américain Life. Il devient un photographe majeur de l'école française de l'après-guerre qui a mêlé les valeurs humanistes à un esthétisme poétique.
L'exposition du musée de Pont-Aven donne à voir les tranches de vie immortalisées par Ronis, mais aussi des clichés tirés de son passage en Bretagne en 1956. Sophie Kevran estime d'ailleurs qu'un cliché où on peut apercevoir une petite fille scrutée un berceau rassemble toute l'âme de l'artiste parisien.
"Je pense qu'on a quand même un concentré de Willy Ronis ici avec cette scène prise sur le vif. On dit souvent que Willy Ronis avait un regard particulier sur les enfants et qu'il les représentait dans leur bulle, hors du monde adulte. Je trouve que cette photo prise à Concarneau résume bien cette idée", juge la directrice du musée, qui a coorganisé l'exposition avec le fonds Willy Ronis.
L'exposition "Willy Ronis : se retrouver" est à découvrir au musée de Pont-Aven jusqu'au 28 mai 2023.
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