"Albert Londres et l’image" : l'œuvre photographique du journaliste globe-trotter présentée au prix Bayeux
Présenté dans la cadre du prix Bayeux des correspondants de guerre, cette exposition inédite de l'Hôtel du Doyen propose de découvrir, jusqu'au 13 novembre 2022, l'autre facette du célèbre journaliste : celle du photo-reporter.
C'est une référence pour tout journaliste. Albert Londres (1884-1932) a été une plume, "celle qui porte dans la plaie", comme il l'a écrit pour définir une des missions de son métier. Une plume, mais aussi un appareil photo. Ce qui est moins connu.
En marge du Prix Bayeux des correspondants de guerre (Calvados), l'Hôtel du Doyen propose de découvrir cette autre passion du journaliste. 800 clichés, dont certains inédits, sont exposés jusqu'au 13 novembre 2022. Des visites guidées sont organisées pour les collégiens de la région.
Albert Londres l'instructeur
En ces temps de suspicion massive à l’encontre de l’information, l'exposition invite le visiteur à un voyage aux origines du journalisme contemporain. Elle vise à montrer que l'objectif d'Albert Londres était le même avec les mots qu'avec les images. Son ambition a toujours été de servir la vérité.
C'est Hervé Brusini, ancien journaliste et Prix Albert Londres en 1991 pour son documentaire sur l’affaire Farewell, qui est commissaire de l'exposition. Pour guider les jeunes au plus près de cette démarche, il met en parallèle l’image du journalisme de l’époque et celle d’aujourd’hui. "Le journalisme est aujourd'hui au fond du trou de la crédibilité et Albert (Londres) relève les choses au plein sens du terme. Albert, il instruit comme un juge d'instruction honnête instruit à charge et à décharge, il instruit aussi à l'égard des nouvelles générations comme un prof instruit. C'est un instructeur", assure l'ancien journaliste de France Télévisions.
Dans les allées de l'Hôtel du Doyen, les collégiens écoutent avec attention le récit passionné d'Hervé Brusini. "J'ai retenu que c'était un journaliste qui montrait la vérité de ce qui se passait dans le monde", rapporte un élève. "C'était quelqu'un de courageux qui aimait les personnes et qui aidait des gens", raconte un autre garçon. "Il se battait pour donner des vraies informations aux gens", résume une collégienne.
Récits photographiques
Connu pour son art du récit, Albert Londres l'est aussi pour son engagement contre l’injustice et les violences les plus diverses, à l’encontre des "fous", des prostitués, des bagnards, des noirs traités en esclaves. Lors de ses enquêtes, Albert Londres relatait le monde en mots mais aussi en images. Plus de 800 clichés retrouvés à ce jour, pris aussi bien à titre professionnel qu’en amateur. Parfois, ils furent publiés à la une des grands journaux de l’époque (Le matin ou L'excelsior). Beaucoup d’autres seront visibles pour la première fois à Bayeux. Londres, qui se battait contre "le bourrage de crâne", a dénoncé la propagande dès ses débuts en journalisme.
Aujourd'hui, Albert Londres est encore un modèle pour de nombreux reporters. "Outre sa volonté de relater les vrais faits dans ses articles, il apporte aussi un nouveau style d'écriture. Vivant, chaleureux et accessible à tous. Ses reportages avaient de la couleur, de l'émotion, des bruits, des odeurs. Il a toujours eu une vision poétique, originale et authentique du monde", disait de lui le journaliste Pierre Assouline en 1991.
Albert Londres est mort en 1932 lors de l'incendie du paquebot qui le ramenait de Chine, avec dans sa valise un grand reportage qui couvrait la guerre sino-japonaise. Après son décès, son travail et son courage ont été salués par tous. Un an après, son nom est donné à un prix qui récompense chaque année le meilleur grand reporter français.
Albert Londres et l'image à l'Hôtel du Doyen à Bayeux, rue Lambert-Leforestier. Ouvert tous les jours du 3 au 9 octobre 2022. Ouvert du mercredi au dimanche du 10 octobre au 13 novembre 2022 de 14h à 19h.
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