Cet article date de plus d'onze ans.

Arles is black : des rencontres photographiques radicalement noir et blanc

L’édition 2013 des Rencontres internationales de la photographie d’Arles a choisi comme thème le noir et blanc, une forme esthétique qui a été éclipsée par la couleur depuis les années 1990 : les cinquante expositions qu’on pourra voir du 5 juillet au 22 septembre, de Hiroshi Sugimoto et Sergio Larrain à Jacques-Henri Lartigue, seront presque toutes en noir et blanc
Article rédigé par Valérie Oddos
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Sergio Larrain, Rue principale de Corleone, Sicile, 1959
 (Sergio Larrain /Magnum Photos)

Avant les années 1990, la couleur était méprisée, considérée comme commerciale. François Hébel, le directeur des rencontres, a rappelé lors de la présentation à la presse de la prochaine édition comment, en 1986 et 1987, il avait fait scandale en exposant des photographes qui travaillaient en couleur. Pourtant, parmi ces photographes, on comptait Martin Parr, Nan Goldin, Annie Leibovitz, Paul Graham ou Miguel Rio Branco.
 
Avec l’irruption de la photo sur le marché de l’art et le développement du numérique, dans les années 1990-2000, c’est au contraire le noir et blanc qui est passé de mode. Amateurs ou professionnels, les photographes travaillent aujourd’hui plutôt en couleur.

Hiroshi Sugimoto, Revolution 008, mer des Caraïbes, Yucatan, 1990
 (Rencontres Arles)
 
Et le noir et blanc, alors ? "La question ne se pose presque plus. C’est pour ça que je l’ai posée", dit François Hébel. Pour lui, "c’est dans un esprit de découverte" qu’Arles propose en 2013 "un parcours radicalement en noir et blanc".
 
"Ce n’est pas un programme noir et blanc comme on aurait pu le faire il y a 20 ans, c’est un programme de 2013, qui passe aussi par l’installation, par la projection, par une certaine réflexion sur la photographie", précise le directeur des Rencontres.
Hiroshi Sugimoto, Couleur polarisée 032, 2010
 (Rencontres Arles)
 
En vedette, deux expositions du Japonais Hiroshi Sugimoto : son dernier travail en noir et blanc, des grands tirages d’horizons et… un travail en couleur, "Couleur de l’ombre" : des polaroïds créés pour Hermès.
 
Evènement, une rétrospective de Sergio Larrain est présentée en première avant Santiago du Chili et Paris. Pour le photographe chilien décédé l’an dernier à l’âge de 81 ans, la bonne photo traduisait un "état de grâce". Il s’était retiré du monde pour méditer au début des années 1970, avait arrêté la photo et ne souhaitait pas qu’on expose son travail, selon François Hébel. C’est six mois avant sa mort, seulement, qu’il a autorisé Agnès Sire, directrice artistique de l’agence Magnum, dont il était membre, de monter sa rétrospective.
Gilbert Garcin, Le Funambule, 2002
 (Courtesy galerie Les Filles du Calvaire / Rencontres Arles)
 
Parmi les autres expositions, on peut citer Guy Bourdin en noir et blanc. Alfredo Jaar, un autre artiste chilien dont le travail très politique interroge sur la photographie dans son rôle de témoin objectif.
 
Gilbert Garcin, industriel et commerçant, s’est lancé dans la photographie à la retraite, s’initiant au photomontage lors d’un stage… à Arles. Depuis, il se met en scène dans des situations faussement burlesques, qu’il appelle "petites philosophies". Il revient à Arles en photographe invité.
Arno Rafael Minkkinen, Fosters Pond, 1989
 (Rencontres Arles)
 
Le Finlandais Arno Rafael Minkkinen expose à Arles ses célèbres autoportraits dans le paysage, où son corps prend des poses excentriques pour s’y fondre.
 
On pourrait parler aussi du Sud-Africain Pieter Hugo qui, dans son travail intitulé "There’s a place in Hell for me and my friends" (Il y a une place en enfer pour mes amis et moi), brouille les distinctions raciales en utilisant un processus numérique qui fait ressortir le pigment de la peau.
Pieter Hugo, 2011
 (Rencontres Arles)
 
L’Afrique du Sud est aussi présente à Arles avec "Transition", une mission photographique menée par douze photographes dont les images seront présentées lors d'une projection.

Le noir et blanc, ça peut évoquer les vieux albums de famille. Les Rencontres s’intéressent donc aux "Albums", nous présentant les années 1920 de Jacques Henri Lartigue, celles de son mariage avec Bibi, sa première épouse et mère de son fils unique. Ou les vacances des jeunes à l’époque du Front populaire, vues par Pierre Jamet, qui a photographié notamment à l’époque Dina Vierny, la muse de Maillol.
Jacques Henri Lartigue, Ubu et Bibi sur la route. Avril 1925
 (Rencontres Arles)
Les Rencontres internationales de la photographie d'Arles, du 1er juillet au 22 septembre.
La semaine d'ouverture a lieu du 1er au 7 juillet 2013, avec les projections, des rencontres, un colloque sur le thème : "Peut-on penser aujourd'hui encore une esthétique du noir et blanc pour la photographie ?".
Les expositions se poursuivent tout l'été, jusqu'au 22 septembre.
Des stages ont lieu depuis le printemps jusqu'au 17 août.

Tout le programme sur le site des Rencontres d'Arles

Voies Off, le "off" d'Arles, a lieu du 1er au 6 juillet, avec soirées de projection, lectures de porfolios, matinées pro, et expositions.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.