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Black Panthers : les clichés inédits de Stephen Shames à Vichy

Du 16 juin au 10 septembre 2017, la cinquième édition du festival Portrait(s) se déroule à Vichy dans l'Allier. Sept photographes et une agence de portraitistes prestigieux sont présentés dans cinq grandes expositions en galeries ou à ciel ouvert. Parmi eux, le portraitiste Stephen Shames qui pendant sept ans a suivi les militants des "Black Panthers" aux Etats-Unis.
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Le photographe Stephen Shames sous le regard de Bobby Seal l'un des deux fondateurs des Black Panthers
 (France 3 / Culturebox )

Quand la photo prolonge la lutte... au-delà de ses qualités esthétiques, le travail de Stephen Shames s'élève comme un poing dans le ciel. Le festival Portrait(s) de Vichy (Allier) présente jusqu'au 10 septembre 2017 une exposition de tirages originaux et documents d’archives, retraçant son travail sur la société américaine des années 1960-1970 et le mouvement des "Blacks Panthers". Des photographies rarement montrées en France du photographe américain à découvrir au Centre Culturel Valery Larbaud de Vichy. 

Reportage : R. Beaune / C. Fallas /  / D. Salmon / A. Cretin

Le pouvoir d'être vu

Les photographies de Shames montrent sans détour la misère sociale qui règne aux Etats-Unis dans les années 1970. Après l'opulence des Trente Glorieuses, les laissés-pour-compte sont nombreux. Et les premiers touchés sont les minorités. Le mouvement des "Black Panthers" naît en 1966 au sein de la communauté noire à Oakland, au cœur du ghetto noir de San Francisco.
  (Stephen Shames )
Le mouvement qui milite pour la cause noire prend de l'ampleur dans toutes les grandes villes. Les sections de Los Angeles et New York sont menées par des guides charismatiques. Durant sept ans, le photographe américain a vécu le quotidien des gangs du Bronx. Ses portraits vont au-delà de la simple illustration documentaire d’une période historique.
  (Stephen Shames )

Ils aimaient mes photos car les "Panthers" avaient compris que l'Amérique est un monde où le média est roi. Ils avaient compris que les images sont importantes et surtout l'image qu'ils voulaient promouvoir d'eux-mêmes.

Stephen Shames - Photographe

Au coeur du mouvement 

Prises de l’intérieur, les photos de Shames dressent le portrait d’une Amérique contrastée où les injustices atteignent les plus faibles. Ses clichés en noir et blanc documentent avec pudeur les conditions d'un pays sur le point de basculer. Il y a ces portraits d'hommes et de femmes de la rue et ceux de militants engagés.

Bobby Seale, l'un des fondateurs des "Black Panthers"  introduit Stephen Shames auprès des principaux dirigeants. Dès lors, le photographe sera aux côtés de Kathleen et Eldridge Cleaver, de June et David Hilliard et d’Huey Newton. Une proximité qui lui procure non seulement un laissez-passer permanent à tous les niveaux de l’organisation mais lui donne aussi les clefs de compréhension du mouvement.
  (Stephen Shames )

La plupart des photos qui existent des Panthers aujourd'hui sont mes images. C'est un témoignage historique mais à l'époque je ne m'en rendais pas compte. Je faisais juste des photos. Si vous vivez assez longtemps, vos photos entrent dans l'histoire.

Stephen Shames

L'autre visage des Panthers 

Durant toutes ces années de contribution à ce combat, le photographe-documentariste relate les faits et gestes des principaux acteurs de l’avant-garde révolutionnaire américaine. Un monde s’ouvre. Le photographe côtoie au plus près la réalité de la minorité afro-américaine, ses conditions de vie exécrables et le racisme quotidien, soutenu par un système institutionnel discriminant.

Ils servaient des petits déjeuners dans les écoles défavorisées parce que le gouvernement ne le faisait pas. Ensuite le Président Johnson a développé le même programme. Mais les Panthers avaient déjà nourri 10 000 enfants en partant du principe qu'on ne pouvait pas étudier en ayant faim.

  (Stephen Shames )
Chaque été, Vichy se met à l’heure de la photographie avec le festival “Portrait(s)”. Cette cinquième édition se tient du 16 juin au 10 septembre 2017. Toute la ville accueille la fine fleur de la photographie contemporaine : Sandra Rocha, Christer Strömholm, Catherine Balet, Pierre Gonnord, Claudia Imbert et les portraitistes de l’agence Modds, et le facétieux Liu Bolin.

L'exposition Stephen Shames partira ensuite à la Maison de la Photographie Robert Doisneau de Gentilly du 6 octobre 2017 au 14 janvier 2018.

Ten-point program des "Black Panthers" Le 15 mai 1967, dans le deuxième numéro du journal Black Panther Newspaper, le Black Panther Party publie la version originale de son programme en dix points (« Ten-Point program »). Les dix points sont les suivants : 

Nous voulons la liberté. Nous voulons pouvoir décider de la destinée de notre Communauté noire.
Nous voulons le plein emploi pour notre peuple.
Nous voulons la fin de la spoliation de notre Communauté noire par les Capitalistes.
Nous voulons des habitations décentes, dignes d'abriter des êtres humains.
Nous voulons pour notre peuple une éducation qui expose la vraie nature de cette société américaine décadente. Nous voulons une éducation qui enseigne notre vraie histoire et notre rôle dans la société d'aujourd'hui.
Nous voulons que les hommes noirs soient exemptés du service militaire.
Nous voulons un arrêt immédiat de la BRUTALITÉ POLICIÈRE et des MEURTRES de Noirs.
Nous voulons la liberté pour tous les hommes noirs détenus dans des prisons fédérales, d'États, de comtés et de villes.
Nous voulons que les Noirs, lorsqu'ils sont soumis à un procès, soient jugés par un jury constitués de leurs pairs ou de personnes issues de leurs communautés noires, comme défini dans la constitution des États-Unis.
Nous voulons des terres, du pain, des logements, l'éducation, des habits, la justice et la paix.

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