De l’Afghanistan de Massoud à l'Afrique contemporaine, le photographe Pascal Maitre raconte ses histoires du bout du monde à la Villa Tamaris
Lorsque la photo raconte le monde : le titre de la nouvelle exposition de la Villa Tamaris à la Seyne-sur-Mer (Var), à découvrir jusqu’au 5 mai, résume en quelques mots la démarche de Pascal Maitre. Depuis près de 40 ans, le photoreporter part à la rencontre des peuples pour raconter leur histoire. Au total 180 photos ont été accrochées dans tous les espaces d'exposition de la très belle demeure. Elles proposent au visiteur d'embarquer pour un voyage à l'autre bout du monde.
À commencer par l'Afghanistan que le Pascal Maitre sillonne depuis 1985. En 1998 en pleine guerre contre les talibans, le photographe rencontre le commandant Massoud, principal opposant d'Al Qaïda. Personnage clé de l'histoire contemporaine, le Lion du Panchir comme il était surnommé, sera assassiné le 9 septembre 2001, deux jours avant les attentats du World Trade Center à New York.
"J'ai passé pas mal de temps avec lui, trois ans avant qu'il soit tué. Il est resté dans son pays à combattre, il n'a pas cherché de reconnaissance internationale. Au quotidien c'était quelqu'un de simple et sympa et grand stratège évidemment", se souvient Pascal Maitre.
Mais le continent que Pascal Maitre a le plus observé, c'est l'Afrique ou plus exactement faudrait-il dire "les Afriques". Une section entière est consacrée à plusieurs pays africains. Le photographe les a découverts lorsqu'il a débuté sa carrière en 1979 pour la revue Jeune Afrique.
Images et visages d'Afrique
Aujourd'hui encore, il dénonce par ses images l'exploitation des hommes et de la nature. Son dernier travail pointe l'exploitation du charbon en République Démocratique du Congo.
"Dans le monde il y a 2,5 milliards de personnes qui chaque jour n'ont que le charbon de bois pour cuisiner et se nourrir. C'est la moitié de la déforestation mondiale, c'est phénoménal et on n’en parle pas", révèle-t-il.
Autre sujet hautement délicat, l'exploitation de l'huile de palme produite à grande échelle pour l'Occident dans des conditions difficiles. Un travail de lanceur d'alerte qui nécessite de longues heures pour trouver la bonne source. "Les gens qui produisent n'ont aucune envie qu'il y ait des reportages donc il faut trouver les contacts pour pouvoir accéder et travailler. Ce qui est le plus compliqué dans notre travail, ça n'est pas de réaliser les photos, mais c'est de trouver les possibilités de le faire", confie encore Pascal Maitre.
Misère, crises climatiques, risque djihadiste, révoltes et espoirs, si les photos de Pascal Maitre évoquent les tourments du monde, elles sont aussi extrêmement esthétiques et émouvantes. Il y a ces femmes peuls aux visages colorés de rouge, ces regards qui nous interpellent, ces muscles saillants des travailleurs, cet accouchement sous une tente d'un village, autant de sujets qui parlent de nos humanités. "En Afrique tout est cash. Si nous n'avez pas d'argent vous n'allez pas à l'hôpital. Donc soit vous devenez fou, soit vous décidez de vivre", raconte le photographe. C'est d'ailleurs pour ce reportage au contact des peuples peuls du Sahel que Pascal Maitre a reçu en 2020 le prix de l'Académie des Beaux-arts.
Exposition "Pascal Maitre, lorsque la photo raconte le monde" à la Villa Tamaris, La Seyne-sur-Mer, jusqu’au 5 mai 2024. Du mercredi au dimanche de 8h30à 12h et de 14h à 17h30. Entrée libre.
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