De Napoléon à Kristin Scott Thomas : un oeil dans le scanner de Katerina Jebb
Sous le titre de "Deus ex machina" le Musée Réattu d'Arles expose l’univers baroque de Katerina Jebb.
En utilisant le scanner pour capter les visages et les traces du passé, l'artiste anglaise installée en France propose une approche introspective de la photographie.
Cent clichés et deux vidéos sont proposés dans cette première rétrospective de l'oeuvre de la plasticienne.
Reportage : J. Hessas / X. Schuffenecker / M. Morand
Decryptage des visages : La machine
En choisissant le scanner numérique pour saisir les visages et les corps de ses modèles, la plasticienne pratique une exploration quasi chirurgicale.Les images sont désormais affranchies de l’une des plus importantes conquêtes de l’art : la perspective.
Dans l’oeuvre de Katerina Jebb, l’idée de reproduction en trois dimensions s’efface au profit d’un hyperréalisme des matières et des chairs.
La plasticienne met en scène, telle des déesses, les héroïnes contemporaines : Tilda Swinton, Isabelle Huppert, Kristin Scott-Thomas, Kate Moss ou encore Kylie Minogue, toutes ont été scannées.C'était naturel pour moi de pouvoir fabriquer une image avec une machine
Les mystères dévoilés par le scanner
Obsédée par les vêtements et les traces laissées par ceux qui les ont portés (une tâche sur le corsage de Marie-Antoinette), Katerina Jebb a aussi remplacé l'appareil photo par le scanner dans sa recherche de l'Histoire.Avec sa "machine" elle donne, un rendu plus vrai que nature aux reliques du passé.
Ainsi, les lettres manuscrites de Marie-Antoinette ou la veste de Napoléon reprennent une certaine étoffe malgré le temps passé. "Elle décrit beaucoup dans cette petite lettre, on voit qu'elle est optimiste, on peut se poser la question : est-ce qu'il y a une vie après", dit-elle à propos de l'écrit de Marie-Antoinette quelques jours avant son exécution.
La trace de l'artiste
Cette recherche obsessionnelle des traces de l’homme s’applique avec la même pertinence aux vestiges d’ateliers d’artistes comme Picabia, Duchamp ou Balthus."Elle a cette qualité, cette intuition dans le rapport et dans le choix des objets. Elle piste des objets qui transportent et transporteront toujours", souligne Pascale Picard, directrice du musée Réattu.
Katerina Jebb ausculte ce qui existe en dessous, à l'intérieur du sujet, de la matière. A l'intérieur également de la société, comme son travail sur la femme et la féminité, une manière de démystifier les codes de notre société contemporaine.
Katerine Jebb
Katerina Jebb est une plasticienne née le 15 novembre 1962 en Angleterre. Elle vit et travaille à Paris. Autodidacte, elle commence par s’orienter vers la photographie expérimentale pour ensuite développer un travail fondé sur le photomontage. Elle affirme la singularité de son regard et de sa recherche esthétique grâce à l’usage exclusif d’un scanner. Exposant à la lumière froide des êtres vivants, les objets et les reliques de leur quotidien, elle constitue des inventaires, des séries numériques sensibles de portraits, de vêtures, d’objets et accorde à l’outil industriel le soin de transcender le sujet. Son œuvre a été présentée dans de nombreuses expositions et galeries.
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