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Décès de Louis Stettner, photographe sensible et engagé

Le photographe américain Louis Stettner est décédé jeudi à l'âge de 93 ans, a annoncé le Centre Pompidou, qui lui avait consacré une rétrospective il y a quelques mois. Egalement peintre et écrivain, il avait su porter un regard fort et poétique sur le Paris de l'après-guerre, sur le métro New-Yorkais ou sur les gens au travail.
Article rédigé par Valérie Oddos
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
A gauche, Louis Stettner à la galerie David Guiraud à Paris le 6 novembre 2012 - A droite, une de ses dernierèrs photos, N° 15 de la série "Les Alpilles", France, 2014, Collection Centre Pompidou, musée national d'art moderne, Paris, don de l'artiste en 2015
 (A gauche © photo PMG / SIPA - A droite © Centre Pompidou/Dist. RMN-GP © Louis Stettner)

"Louis Stettner a été un extraordinaire observateur de la seconde moitié du 20e siècle. Entre la France et les Etats-Unis, avec un pied sur chaque continent, il a su rendre par une photographie sensible et engagée la vie quotidienne de ses semblables", dit le président du Centre Pompidou Serge Lasvignes dans un communiqué.
 
"Louis Stettner était d'une créativité débordante. Il écrivait, dessinait, peignait, sculptait et photographiait. Quelques mois avant d'ouvrir sa rétrospective au Centre Pompidou (entre juin et septembre 2016, ndlr), il photographiait encore dans les Alpilles avec un équipement d'une douzaine de kilos. Son énergie, son charisme et sa générosité nous manqueront", a ajouté Clément Chéroux, le chef du cabinet de la photographie du Centre.

Louis Stettner, "Brooklyn Promenade", New York, 1954, Collection Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Don de Hervé et Etty Jauffret en 2015
 (Centre Pompidou/Dist. RMN-GP ©Louis Stettner )


Sensible aux atmosphères

Avec son appareil photo, c'est de la "poésie" que Louis Stettner voulait faire : de Paris il avait capté les coins de rue déserts au petit matin et le petit peuple, sans exotisme aucun.
 
Au moment de la rétrospective de la galerie de photographies du Centre Pompidou, en juin dernier, Clément Chéroux soulignait ce qu'il appelait la "qualité atmosphérique", une capacité à "saisir l'air ambiant", à "photographier la luminosité" de Louis Stettner.
Louis Stettner, Sans titre de la série "Nude", 1981, Collection Centre Pompidou, musée national d'art moderne, Paris. Don de l'artiste en 2015
 (Centre Pompidou/Dist. RMN-GP © Louis Stettner)


Un photographe des corps et des gestes

Il s'intéressait particulièrement aux postures des corps et aux gestes, comme le montrent sa série sur le métro de New York où il saisissait les postures relâchées ou les expressions, et ses photos d'homme et de femmes au travail, notamment celles de deux pêcheurs à Ibiza.
 
C'était un homme engagé. Dans les textes écrits de sa main qui accompagnaient l'exposition du printemps dernier, il se proclamait marxiste et disait avoir "conscience de l'appartenance de classe". Il avait participé aux luttes contre la guerre du Vietnam et racontait qu'il photographiait "tout en manifestant", qu'il avait été arrêté une fois lors d'une manifestation de soutien à Angela Davis.
Louis Stettner, "Joueurs de cartes", de la série "Penn Station", New York, 1958, Collection Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, don de l'artiste en 2015
 (Centre Pompidou/Dist. RMN-GP ©Louis Stettner )

Les arbres des Alpilles, un lieu où "la lumière est unique"

Ses dernières photos, il les avait faites dans la forêt des Alpilles, des paysages presque abstraits pris avec une lourde chambre 20x25. "Le lieu correspond à mon idée du bonheur (…). Là-bas la lumière est unique. Tout y est photogénique, les ombres aussi", disait-il.
 
Né en 1922 à Brooklyn, le photographe avait fait toute sa vie des allers et retours entre la France. Souhaitant que le Centre Pompidou devienne le lieu de référence de son œuvre, il lui avait fait don en 2016 d'un ensemble de cent quatre œuvres.
Louis Stettner, "Bouche d'égoût, Times Square", New York, Etats-Unis, 1954, Collection Centre Pompidou, musée national d'art moderne, Paris. Don de l'artiste en 2013
 (Centre Pompidou/Dist. RMN-GP © Louis Stettner)


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