Décès de Louis Stettner, photographe sensible et engagé
"Louis Stettner a été un extraordinaire observateur de la seconde moitié du 20e siècle. Entre la France et les Etats-Unis, avec un pied sur chaque continent, il a su rendre par une photographie sensible et engagée la vie quotidienne de ses semblables", dit le président du Centre Pompidou Serge Lasvignes dans un communiqué.
"Louis Stettner était d'une créativité débordante. Il écrivait, dessinait, peignait, sculptait et photographiait. Quelques mois avant d'ouvrir sa rétrospective au Centre Pompidou (entre juin et septembre 2016, ndlr), il photographiait encore dans les Alpilles avec un équipement d'une douzaine de kilos. Son énergie, son charisme et sa générosité nous manqueront", a ajouté Clément Chéroux, le chef du cabinet de la photographie du Centre.
Sensible aux atmosphères
Avec son appareil photo, c'est de la "poésie" que Louis Stettner voulait faire : de Paris il avait capté les coins de rue déserts au petit matin et le petit peuple, sans exotisme aucun.Au moment de la rétrospective de la galerie de photographies du Centre Pompidou, en juin dernier, Clément Chéroux soulignait ce qu'il appelait la "qualité atmosphérique", une capacité à "saisir l'air ambiant", à "photographier la luminosité" de Louis Stettner.
Un photographe des corps et des gestes
Il s'intéressait particulièrement aux postures des corps et aux gestes, comme le montrent sa série sur le métro de New York où il saisissait les postures relâchées ou les expressions, et ses photos d'homme et de femmes au travail, notamment celles de deux pêcheurs à Ibiza.C'était un homme engagé. Dans les textes écrits de sa main qui accompagnaient l'exposition du printemps dernier, il se proclamait marxiste et disait avoir "conscience de l'appartenance de classe". Il avait participé aux luttes contre la guerre du Vietnam et racontait qu'il photographiait "tout en manifestant", qu'il avait été arrêté une fois lors d'une manifestation de soutien à Angela Davis.
Les arbres des Alpilles, un lieu où "la lumière est unique"
Ses dernières photos, il les avait faites dans la forêt des Alpilles, des paysages presque abstraits pris avec une lourde chambre 20x25. "Le lieu correspond à mon idée du bonheur (…). Là-bas la lumière est unique. Tout y est photogénique, les ombres aussi", disait-il.Né en 1922 à Brooklyn, le photographe avait fait toute sa vie des allers et retours entre la France. Souhaitant que le Centre Pompidou devienne le lieu de référence de son œuvre, il lui avait fait don en 2016 d'un ensemble de cent quatre œuvres.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.