En avant-première du prix "Wildlife Photographer of the Year 2022", voici 10 des plus beaux clichés de nature de l'année
Le 11 octobre sera annoncé les lauréats du prix "Wildlife Photographer of the Year". Franceinfo vous dévoile en avant-première une dizaine de clichés retenus par le jury.
C'est un prix qui célèbre autant la beauté de la nature que sa fragilité. Depuis 58 ans, le Natural History Museum de Londres organise le Wildlife Photographer of the Year récompensant les meilleures photographies de nature de l'année.
En 2022, les épisodes climatiques extrêmes liés au réchauffement climatique se sont multipliés sur la planète. Plus encore que d'habitude, le Wildlife Photographer of the Year met donc l'accent sur une nature abîmée par l'homme, vulnérable à la hausse des températures.
Franceinfo a pu admirer 10 des photos sélectionnées par un jury international, qui annoncera les lauréats le 11 octobre (l'intégralité des photos seront disponibles dans un ouvrage à paraître aux éditions Biotope). Découvrez ces clichés qui bouleversent notre façon de voir le vivant et réinterrogent le lien entre l'humanité et son environnement.
Pool party chez les rainettes
Brandon Güell a longuement pataugé dans l’eau trouble d’une mare pour documenter la frénésie de reproduction des rainettes arboricoles. Accablé par les moustiques, de l’eau jusqu’à la poitrine, il s’est approché au plus près d’un rassemblement de mâles qui chantaient.
Dès la nuit tombée, des milliers de femelles sont arrivées à la mare pour s'accoupler et pondre leurs œufs sur les feuilles de palmier en surplomb. Ici, les mâles non accouplés guettent l’arrivée de femelles avec qui s'accoupler. Ces événements spectaculaires de reproduction massive ne se produisent que dans quelques rares endroits, quelques fois par an. Chaque femelle pond environ 200 œufs sur les feuilles, créant ainsi d'énormes masses d'œufs. Les têtards finissent par tomber dans l'eau située juste en dessous.
Wanted !
Britta Jaschinski a créé cette mise en scène pour dénoncer l'impact de l'exploitation minière du coltan. D'un bleu éclatant, le coltan est un composant des batteries de téléphones et d'ordinateurs portables. Britta a disposé autour des outils miniers et des restes d'animaux impacté par l'industrie minière, tous saisis par les autorités douanières : un crâne, des ossements de gorille, ainsi que des piquants de porc-épic.
Le coltan est extrait du lit des rivières en République démocratique du Congo par des mineurs mal payés qui chassent les animaux sauvages pour se nourrir. La chasse et le commerce d'animaux sauvages menacent l'avenir des gorilles du pays et ont entraîné un risque accru de transmission de virus à l'homme.
Féérie aquatique
Tiina Törmänen nageait à travers des amas d'algues semblables à des nuages dans un lac de Laponie finlandaise. Elle fut ravie de rencontrer ce banc de petites perches curieuses dans ce lac où elle plonge chaque année en été. Au cours des trois années précédentes, elle n'avait rencontré que des poissons morts. Immergée dans cette scène surréaliste, elle a cadré les poissons aux nageoires orange évoluant à travers les nuages d'algues teintés de rose.
En dépit du caractère féérique de la scène, la croissance excessive des algues, conséquence du changement climatique et du réchauffement des eaux, peut entrainer un dérèglement de l'écosystème car elles bloquent la lumière du soleil et consomment de l'oxygène en se décomposant, ce qui entraine la mort de la faune aquatique.
Le dilemme du paresseux
Suzi Eszterhas a immortalisé la rencontre entre un paresseux et un chien. Ce paresseux à gorge brune avait déjà traversé une route, mais pour atteindre le prochain bouquet d'arbres, il devait redescendre et ramper au sol. En rencontrant ce gros chien, il s'est immobilisé. Suzi observait la scène avec crainte, mais le chien, qui avait participé à un programme de formation organisé par une association pour la conservation des paresseux, s’est contenté de le renifler.
Les paresseux vivent dans les arbres et descendent rarement sur le sol de la forêt. En raison de la perte croissante de leur habitat et de la fragmentation de la forêt, ils sont contraints de se déplacer dans des zones urbanisées pour trouver de la nourriture, des habitats appropriés et des partenaires.
Le cerf des neiges
Joshua Cox a immortalisé ce jeune cerf se tenant majestueusement debout sous la neige. Il venait juste de commencer à neiger lorsque Joshua et son père sont arrivés au parc Richmond. Ils ont suivi les cerfs à bonne distance quand soudain la neige s'est intensifiée et l'un des cerfs s'est arrêté. "Il avait presque l'air de prendre une douche de neige", raconte Joshua.
Le parc Richmond abrite des troupeaux de cerfs et de daims, qui vivent librement depuis 1637. Le pâturage des cerfs participe à entretenir le paysage du parc.
Pêche du jour
Srikanth Mannepuri jette un regard qui donne à réfléchir sur l'ampleur de la pêche commerciale. Srikanth a été choqué de voir autant de marlins et de voiliers récemment capturés en un seul endroit et en une seule matinée. Pour montrer l'ampleur de ce marché aux poissons, il a utilisé un drone pour prendre l'image en vue d'ensemble.
Les voiliers et les marlins sont de grands prédateurs océaniques essentiels aux écosystèmes. À l'échelle mondiale, 85 % des stocks de poissons sont actuellement surexploités par l'homme. Sans efforts urgents pour protéger les habitats marins et adopter des pratiques de pêche réellement durables, nous verront bientôt disparaître définitivement certaines espèces.
La girafe escamotée
Jose Fragozo a réalisé une image symbolisant la confrontation du monde naturel aux activités humaines. En stabilisant son appareil photo depuis son véhicule en mouvement, Jose a suivi la girafe. Les piliers géants de la nouvelle ligne ferroviaire du Kenya contrastent avec le motif unique du plus grand mammifère terrestre de la nature.
Partout dans le monde, le développement humain empiète de plus en plus sur le territoire et l'habitat des animaux. Bien que ce tronçon de voie ferrée traversant le parc national de Nairobi soit surélevé sur des colonnes géantes pour permettre aux animaux sauvages de circuler en dessous, cette image est symbolique de la façon dont l'espace pour la vie sauvage continue de se réduire.
Vie et mort pour de la fourrure
Jo-Anne McArthur nous dévoile les conditions de vie de jeunes visons d’Amérique dans un élevage en Suède. Pour Jo-Anne, il est important de documenter la cruauté afin d'inciter au changement. Dans cet élevage de visons, le panneau au-dessus de la cage exiguë indique que deux jeunes sont morts. En raison de changements législatifs depuis que cette photo a été prise, les fermes disposent désormais de cages légèrement plus grandes, mais les conditions de vie des animaux demeurent épouvantables.
En 2020, des scientifiques ont découvert que les visons pouvaient attraper le virus Covid-19 et que celui-ci pouvait muter et être transmis à l'homme. En réaction, le Danemark a mis fin à cette industrie. En 2022, en Suède, après une interdiction temporaire, le gouvernement a autorisé la réouverture de certains élevages.
Les inondations perdues
Jasper Doest a réalisé le portrait de Lubinda Lubinda, révélant l'impact de la sécheresse sur la plaine inondable du Zambèze. Lubinda Lubinda est directeur d’une station d’observation du fleuve Zambèze. Sa nouvelle maison (à droite) n'a pas dû être construite aussi haut que les plus anciennes, témoignant de l’évolution à la baisse du niveau des crues du fleuve, conséquence des sécheresses plus fréquentes sur le bassin versant du fleuve, en lien avec le changement climatique et la déforestation.
La biodiversité de cette plaine dépend de la régularité des inondations, tout comme le mode de vie du peuple Barotse. Cette zone humide fournit aux populations locales du poisson, des pâturages pour le bétail, un sol fertile et des matériaux pour la construction des maisons traditionnelles.
Cadre polaire
Dmitry Kokh nous fait part de sa rencontre avec des ours polaires qui ont pris possession d'un village abandonné dans le Haut-Arctique russe.
Lorsque le bateau de Dmitry s'est approché de la petite île de Kolyuchin, abandonnée par les hommes depuis 1992, il a été surpris d'apercevoir du mouvement dans l'une des maisons. Une observation à l’aide de jumelles lui a révélé que des ours polaires - plus de 20 au total - exploraient la ville fantôme. Dmitry a utilisé un drone silencieux pour documenter cette expérience surréaliste.
Extrêmement curieux, les ours polaires explorent les structures abandonnées à la recherche de nourriture potentielle. Avec le changement climatique qui réduit la banquise, il devient de plus en plus difficile pour ces ours de se nourrir, ce qui les pousse à se rapprocher des installations humaines pour y faire les poubelles.
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