En images Déchets électroniques au Ghana : à Arles, une exposition photo décrit une filière économique et un fléau écologique

Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Les journalistes Bénédicte Kurzen, Muntaka Chasant et Anas Aremeyaw Anas ont reconstitué le parcours des déchets électroniques de l'Europe vers l'Afrique. Le Ghana est devenu une destination de choix pour ces rebuts.

Tablettes, ordinateurs, smartphones et autres objets connectés sont désormais indissociables de notre quotidien. Les déchets électriques et électroniques, générés par ces appareils, atteindront 82 millions en 2030 si rien n'est fait pour les réduire ou les recycler, selon le Global E-Waste Monitor publié par les Nations unies (lien en anglais).

Le Ghana, pays d'Afrique de l'Ouest où atterrissent des millions de ces déchets produits en Europe, illustre déjà cette crise. Les photojournalistes Muntaka Chasant et Bénédicte Kurzen ainsi que le militant et journaliste d’investigation Anas Aremeyaw Anas, lauréats de la 13e édition du Prix Carmignac du photojournalisme, l'ont documenté avec leurs clichés. Ils constituent l'exposition Ghana : sur la route de nos déchets électroniques présentée à compter du 1er juillet à la Fondation Manuel Rivera-Ortiz (MRO) dans le cadre des Rencontres de la photographie d'Arles.

"Anas, Muntaka et Bénédicte plongent dans les ramifications du trafic de déchets électroniques et révèlent l'opacité de ce circuit mondialisé. Ils mettent en évidence le paradoxe de l'économie des déchets électroniques, qui est à la fois une opportunité pour des milliers de personnes au Ghana et qui a un impact humain et environnemental considérable", souligne le rapport des Nations unies illustré par les photos des reporters. Le résultat de leur enquête, qui a duré un an, a déjà été exposé à Paris et est actuellement présenté à New York, au siège des Nations unies.

Première escale de cette route empruntée par les déchets électroniques, les ports européens d'où les exportateurs ghanéens de la diaspora envoient leurs marchandises. Sur la photo prise lors de l'exposition parisienne, qui s'est achevée le 16 juin, on aperçoit Sam Osei (au centre), installé au Royaume-Uni, ainsi que Steven Abu Mensah (à gauche) et Thomas Thompson (à droite) qui travaillent en  Allemagne. Dans ce pays, la ville de Hambourg abrite l'un des principaux ports européens d'exportation de ces pièces. (BENEDICTE KURZEN/FONDATION CARMIGNAC/FG/FRANCEINFO)
Rainham, Royaume-Uni, avril 2023. Le dépôt de Sam Osei a été
surnommé "Petite Afrique" pour la diversité de sa clientèle. Son entreprise, lancée à partir de la chambre de son fils, propose
une zone de stockage, une agence maritime, des services de transport, de chargement et de livraison
portuaire. C’est aussi un marché
informel où les gens apportent les
produits électroniques qu’ils ont
collectés. (BENEDICTE KURZEN/FONDATION CARMIGNAC)
Une fois arrivés au Ghana, ces rebuts nourrissent les nombreux parcs à ferraille informels qui parsèment le sud du pays. Dans la capitale ghanéenne, Zongo Lane rassemble ainsi de petites boutiques de composants électroniques, de modules et de pièces détachées. Les déchets électroniques passent également par des ateliers de réparation où ils sont recyclés. C'est tout un écosystème
économique qui survit grâce à cet
artisanat. Des Ghanéens, mais aussi des Nigérians, travaillent à Zongo Lane. (BENEDICTE KURZEN/FONDATION CARMIGNAC)
Babatunde, un ferrailleur nigérian de 53 ans, vient de faire des emplettes dans le bidonville de Old Fadama, à Accra. Il s'est procuré sur un marché de déchets électroniques des ordinateurs et des portables en fin de vie. Il les désosse à la main pour récupérer, entre autres, des circuits imprimés, les unités centrales, les puces mémoire, l'aluminium, le fer et les fils de cuivre. (MUNTAKA CHASANT/FONDATION CARMIGNAC)
L'exploitation des déchets électroniques est une économie dont dépendent de nombreuses communautés. Le 9 février 2023, Simon Aniah, 24 ans, brûle des câbles électriques usagés pour récupérer du cuivre près du Korle Lagoon. Originaire de Vea, dans le nord-est du Ghana, Simon et des centaines d'autres jeunes migrent de son village et d'autres régions de l'Upper East vers Accra pour travailler dans le secteur des déchets électroniques. L'Upper East, la région d'où vient Simon Aniah, a le taux de chômage le plus élevé au sein des 15-24 ans au Ghana. (MUNTAKA CHASANT/FONDATION CARMIGNAC)
Accra, Ghana, 8 février 2023. Des chevaux fourragent dans une
zone de l’ancien site de ferraillage
d’Agbogbloshie, désormais démoli.
Le bidonville de Old Fadama et Agbogbloshie, qui fut l'une des décharges les plus toxiques au monde, sont séparés par le lagon de Korle. Ces zones étaient autrefois humides et florissantes. (MUNTAKA CHASANT/FONDATION CARMIGNAC)
La Française Bénédicte Kurzen (au centre) et les Ghanéens Anas Aremeyaw Anas (à droite) et Muntaka Chasant (à gauche) sont les auteurs du reportage collectif, "Ghana : sur la route de nos déchets électroniques". Les photographies sont aussi exposées au siège des Nations unies, à New York. (GERALD ANDERSON/ROBIN MADDOCK/MUNATAKA CHASSANT/FONDATION CARMIGNAC)

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