"Genesis": Sebastião Salgado expose ses images de la planète sauvage à Londres
Le National History Museum de Londres expose 200 photos en noir et blanc célébrant une nature grandiose et un équilibre fragile des relations entre les hommes et la Terre.
Des images qui parlent des origines
Sebastião Salgado commente ainsi son nouveau travail, dont la commissaire n’est autre que son épouse, Lélia Wanick Salgado, également directrice d’Amazonas Images, l’agence qu’ils ont créée en 1994 pour représenter ses photographies :
"Genesis parle des origines, de la planète préservée, des régions vierges, et d’un mode de vie traditionnel, en harmonie avec la nature. Je voulais montrer des endroits qui n’ont pas été abîmés et qui restent indemnes. Je souhaite que le public voie notre planète d’une autre façon, qu’il soit touché et qu’il s’en rapproche. Je souhaite que les gens soient plus sensibles au problème de l’environnement, qu’ils éprouvent du respect pour la nature parce que c’est une question pertinente pour tout le monde."
Huit ans de voyages fabuleux et éprouvants
Pendant huit ans, Sebastião Salgado a voyagé huit mois par an dans 32 pays, se déplaçant à pied, en bateau, en canoë, en petit avion et en ballon, dans les conditions les plus extrêmes, par grand froid ou par une chaleur écrasante. Il a photographié les animaux, les paysages et les hommes qui ne sont pas encore affectés par le monde moderne. Des Zoé de la forêt amazonienne et des Korowaï de Papouasie occidentale aux Dinka du Soudan ou des Nenets de Sibérie. Du désert du Sahara et du rio Negro en Amazonie au Grand Canyon du Colorado et aux glaciers de l’Alaska.
Cette aventure a parfois été éprouvante pour le photographe, âgé aujourd’hui de 69 ans. "J’ai marché 47 jours avec 7000 rennes chez les Nenets ", selon ses propos rapportés par le Guardian. "Pour moi, un Brésilien, passer dix à douze heures par jour dehors par des températures de -35° à -45°, ça n’a pas été facile". Le voyage en Ethiopie a été rude aussi, raconte le photographe. "J’ai marché 850 km car il n’y avait pas de routes. Ca a été un périple incroyable, fabuleux, mais très ardu pour moi."
Salgado appelle à préserver ce que nous possédons
Salgado a rapporté de ses virées des images en noir et blanc grandioses dans le clair-obscur auquel il nous a habitués. Mais alors que dans ses travaux antérieurs, Salgado se penchait sur la situation des hommes dans le monde moderne (La main de l’homme, sur le travail, ou Exodes, sur les migrations et exils), il s’intéresse là à la nature intacte.
Le photographe raconte que c’est le choc ressenti face aux destructions de la nature dans la région où il est né qui est à l’origine de "Genesis". Avec sa femme, il a décidé de reconstituer sur la ferme de ses parents la forêt originelle dont il se souvient comme d'un vrai paradis. Ils ont déjà planté deux millions d’arbres sur les terres familiales, situées dans l'Etat du Minas Gerais, au Brésil.
Ses nouvelles images sont un appel à tous pour "préserver ce que nous avons. Bien sûr, il n’est pas possible de demander aux gens de retourner vivre dans la forêt, mais nous pouvons préserver et protéger ce qui reste, notre vrai héritage".
Des expositions et un livre
Sebastião Salgado avait déjà présenté une partie de "Genesis" à Oviedo (Espagne) en 2006. Après Londres, il va exposer à Rio de Janeiro, Rome, Toronto, São Paulo, Lausanne. L’exposion sera à Paris du 25 septembre 2013 au 5 janvier 2014 à la Maison européenne de la Photographie.
"Genesis" fait aussi l’objet d’un livre publié par Taschen en version grand public et en édition limitée, disponible fin avril en France.
Sebastião Salgada, Genesis, au Natural History Museum de Londres, du 11 avril au 8 septembre 2013
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