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"Images à charge", la preuve par le cliché au BAL

Les affaires criminelles vous passionnent ? Alors, courrez découvrir l’exposition "Images à charge" présentée au BAL à Paris jusqu’au 30 août. A travers onze cas de crimes ou de violences de 1900 à nos jours, elle montre comment les experts et les tribunaux se servent des images pour dégager des preuves. Les photographies exposées proviennent des archives de la Préfecture de police.
Article rédigé par Chrystel Chabert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une scène de crime prise par Alphonse Bertillon, le père de la police scientifique (Assassinat de M. Canon, le 9 décembre 1914 / Vue par renversement)
 (Archives de la Préfecture de police de Paris)

Comment la preuve par l’image s’établit-elle ? Est-ce qu’elle varie selon les  époques, les contextes, sociologiques, technologiques ou historiques ? Autant de questions auxquelles Images à charge tentent de répondre à travers 11 installations. Des faits divers aux crimes de guerre en passant par les droits de l’homme. C’est une exposition sans artistes et sans œuvres. Rien que du réel avec ce qu’il a parfois de plus glaçant.

Reportage : A. Gordon / P. Pachoud / L. Kulimoetoke

L’exposition s’ouvre sur LA référence en matière de clichés criminels, à savoir Alphonse Bertillon, criminologue français, qui inventa en 1870 l'anthropométrie. Un système révolutionnaire qui a permis à tous les policiers de classer, ficher et confondre des criminels. Bertillon est aussi à l’origine des photographies métriques. Prises à l’aide d’un grand angle et d’un pied de 2 mètres de haut, elles englobaient la totalité de la scène, permettant de fixer les détails, des preuves ou des traces utiles à l’enquête. 

Onze cas remis dans leur contexte historique et politique

Pour chacun des 11 cas présentés dans l'exposition, on a fait appel à un contributeur qui rappelle le contexte historique et géopolitique de l’époque de prise de vues, la finalité des images et leurs conditions de production. Quelques exemples : la guerre vue du ciel, avec des vues aériennes prises par les Royal Flying Corps avant et après un bombardement lors de la Bataille de la Somme en août 1916 ; la Grande Terreur en URSS entre 1937 et 1938 avec ses portraits des condamnés, victimes d’un crime d’Etat collectif ou encore ces clichés qui ont servi aux Bédoins pour revendiquer leurs terres dans le désert du Néguev. "Entre décembre 1944 et mai 1945, l’armée de l’air britannique a mené une campagne de reconnaissance aérienne de toute la Palestine" raconte leEyal Weizman, le contributeur de cette série. "Ces photos constituent un point de référence sur le peuplement de la Palestine avant la création d’Israël et, ironiquement, fournissent une preuve tangible de l’existence de ces hameaux bédouins pouvant être mobilisée contre l’État ".  
La Grande Terreur en URSS, Thomas Kizny
 (Martin Argyroglo / LE BAL)
 

Effacer toute trace de subjectivité

Particularité de toutes ces images présentées, quelque soit leur époque et leur contexte : leur neutralité. Selon Diane Dufour, commissaire de l'exposition, "le dispositif mis en place pour réaliser ces clichés doit faire disparaître toute subjectivité, atteindre un idéal de transparence de l'image, la neutralité du point de vue. La disparition de l’expert en tant qu’auteur, c’est à ce prix que l’image accède au statut de preuve".
 
Après Paris, Images à charges partira pour Londres (du 2 octobre au 10 janvier 2016) puis Rotterdam (du 22 mai au 28 août 2016).

"Images à charge, la construction de la preuve par l'image"
Jusqu'au 30 août 
A l'espace Le Bal
6 impasse de La Défense, Paris 18e
Du mercredi au vendredi 12H-20H (nocturne le jeudi jusqu’à 22h), samedi 11H-20H, dimanche 11H-19H

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