JR a mis les habitants de Clichy-Montfermeil dans une fresque
"Je reviens régulièrement à Clichy-Montfermeil depuis plus de quinze ans, avec mon ami Ladj Ly. À chaque fois je pense connaître la cité par coeur mais tout se transforme, tout est toujours bouillonnant de vie. Depuis décembre 2016 j'ai photographié plus de 750 habitants, les travailleurs et les passants de Clichy-Montfermeil, en leur faisant rejouer des instants de leur vie quotidienne", écrit JR sur son site.
Car le photographe se rendait à la cité des Bosquets, à Montfermeil, avant le 27 octobre 2005, date de la mort de Zyed et Bouna, électrocutés quand ils s'étaient réfugiés dans un transformateur EDF pour tenter d'échapper à un contrôle de police. Un an plus tôt, JR avait entamé son projet "Portrait d'une génération", des portraits de jeunes qu'il exposait en grand format sur les murs des Bosquets. Des portraits qui étaient en toile de fond des révoltes. "C'est la première fois que j'ai pris conscience de l'impact des images", dit aujourd'hui JR.
Portraits au 28 mm
Il était alors retourné aux Bosquets pour photographier les habitants, avec son 28mm, "objectif qui oblige à être très proche des sujets et qui déforme les visages comme les médias déforment notre vision de la banlieue", explique-t-il. Il les avait ensuite exposés sur les murs de Paris.Depuis décembre dernier, avec son vieux complice le réalisateur Ladj Ly, JR a encore fait poser 750 habitants, passants et personnes qui travaillent à Clichy-Montfermeil en leur faisant jouer des moments de leur vie quotidienne, qu'il a intégrés dans une grande fresque pour laquelle il dit s'être inspiré du célèbre peintre muraliste mexicain Diego Rivera (1886-1957).
La fresque bientôt exposée aux Bosquets
"Cette fresque dresse une image de Clichy-Montfermeil composée des portraits des différentes générations qui ont vu l'utopie de ce quartier se délabrer, la misère et les tensions sociales s'exacerber (…)", écrit-il sur son site.La fresque, exposée au Palais de Tokyo jusqu'au 13 avril, sera ensuite exposée de façon pérenne à la cité des Bosquets.
Né en 1983 à Paris, l'artiste qui se cache sous ses initiales et derrière des lunettes noires, colle depuis des années ses portraits géants sur les murs de la planète, des favelas du Brésil à Times Square à New York, en passant par le mur construit par Israël en Cisjordanie. Il utilise un appareil photo, un photomaton ou son fameux camion photographique pour révéler les visages des "invisibles du monde".
Lors des travaux du Panthéon en 2014, JR avait, par exemple, décoré une grande bâche de chantier avec des centaines de portraits.
Un documentaire co-réalisé par JR et Ladj Ly sur l'histoire contemporaine de Clichy-Montfermeil, sera diffusé sur France 2 en juin 2017.
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