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Kennedy, Mexico, Saïgon, Barbarella... Les photos-choc qui ont marqué l'année 1968 dans le monde entier

L'année 1968 a été riche en événements dans le monde entier. Des chars russes qui envahissent Prague au poing levé des athlètes noirs aux JO de Mexico en passant par le cliché de Robert Kennedy agonisant ou la photo d'un général sud-vietnamien qui abat de sang-froid un combattant Viet-cong, la grande Histoire est définitivement inscrite dans la mémoire photographique.
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Mexico, Vietnam, Etats-Unis, les événement de l'année 1968 s'écrivent aussi en photo
 (France 2 / Culturebox / DR)

La série de l'été de France 2 est consacrée à ces photos qui ont marqué l'année 1968, il y a 50 ans. Jeux olympiques de Mexico (Mexique), guerre du Vietnam, assassinat de Bob Kennedy, l’invasion de Prague par les soviétiques, "2001, l'Odyssée de l’espace" et "Barbarella", la rédaction de France 2 retrace en images ces temps forts de l'histoire contemporaine

Une série réalisée par N. Lemarignier / J.M. Lequertier / A .Locascio / K. Annette / A. Da Silva 

  • 17 octobre 1968 - Le podium de Mexico 
Deux poings levés gantés sur le podium des Jeux olympiques de Mexico (Mexique) en 1968. Ce geste de révolte a coûté une carrière à deux athlètes américains. Cinquante ans plus tard, ils restent un symbole politique. Le 17 octobre 1968, à l'issue du 200 mètres hommes, les Américains Tommie Smith et John Carlos remportent l'or et le bronze. Pour dénoncer la discrimination raciale dans leur pays, ils tendent le poing et baissent la tête pendant l'hymne national des États-Unis. "On n'a pas dit un seul mot à ce moment-là mais les gens se sont reconnus dans notre geste. Ils en comprenait la signification", témoignait Tommie Smith en 2008.

Le troisième homme de la photo
Le troisième homme, l'Australien Peter Norman est solidaire : il leur donne l'idée des gants noirs. Comme eux, il porte l'écusson Olympic Project for Human Rights, du nom d'une association antiraciste. Suite à leur geste éminemment symbolique, les deux athlètes seront exclus à vie de toutes compétitions : pas de politique aux Jeux Olympiques. Mais leur intervention reste à jamais ancrée dans tous les esprits. "C'est le symbole du courage, le symbole de l'égalité c'est presque un geste très américain c'est-à-dire, un geste qui refuse l'injustice", souligne François Durpaire, spécialiste des États-Unis

  • Le 1er février 1968 - Vietnam, l’exécution d’un combattant communiste - Photo d'Eddie Adams
Le 1er février 1968, un général sud-vietnamien abat de sang-froid un combattant communiste, un Viêt-Cong. La photo prise presque par hasard fera le tour du monde, et éveillera les consciences sur la guerre du Vietnam.
Début 1968, Saïgon est le théâtre d'une insurrection communiste; une bataille vient de s'achever dans le quartier chinois de la ville. Des troupes sud-vietnamiennes ont capturé un des insurgés, à gauche du cliché, le général Nguyen Ngoc Loan, chef de la police nationale. À droite, Nguyen Van Lém, un combattant presque en guenilles, les pieds nus.

J'avais simplement vu un homme en tuer un autre

C'est alors que presque par hasard, le photographe américain déclenche son appareil à la seconde où le militaire exécute sans prévenir son prisonnier. "Un peu plus tard, j'ai laissé la pellicule à l'Associated Press, pour laquelle je travaillais à l'époque", raconte le photographe. J'ai laissé la pellicule au bureau sans aucune arrière-pensée. Beaucoup de gens meurent pendant les guerres, et j'avais simplement vu un homme en tuer un autre." Le lendemain pourtant, cette exécution fait sensation en une de la presse mondiale. Aux États-Unis, qui soutiennent les Sud-Vietnamiens, l'image est un choc pour les lecteurs. Pour Jean-François Leroy, directeur du festival "Visa pour l'image", cela s'explique ainsi : "D'un seul coup, les États-Unis réalisent qu'on bombarde aussi des civils innocents, pas seulement des méchants communistes." Avec sa photo, Eddie Adams a remporté le prix Pullitzer en 1969. 
   
  • 5 juin 1968 - Assassinat de Robert Kennedy

Le 5 juin 1968, un homme tire, en direct, sur Robert Kennedy, le candidat à la primaire démocrate. Cinq ans après l'assassinat de son frère, Robert Kennedy se lance dans la course à la Maison-Blanche. Plus idéaliste que John Kennedy, il dénonce le racisme, la corruption et la guerre du Vietnam. Le 5 juin, il se fait tirer dessus à trois reprises, à l'issue d'un meeting. L'auteur des coups de feu est un Jordanien de 24 ans.


Pour les Américains, la mort de Robert Kennedy représente la fin de l'innocence-
Thomas Snégaroff - Journaliste spécialiste des État-Unis


Robert Kennedy meurt le lendemain. Les photos de l'attentat symboliseront après coup un tournant historique. "Pour les Américains, la mort de Robert Kennedy représente la fin de l'innocence. C’est l'entrée dans une dizaine d'années terribles : l'arrivée au pouvoir de Richard Nixon, les mensonges du Watergate et l'effondrement américain dans la guerre du Vietnam", explique Thomas Snégaroff, journaliste spécialiste des États-Unis.

Les motivations du tueur n'ont jamais été claires, ce qui a contribué à alimenter de nombreuses théories complotistes. Condamné à la perpétuité, l'assassin est toujours en prison en 2018. Après une messe à New York, le cercueil de Robert Kennedy avait été transféré en train à Washington. Sur le parcours, des centaines d'anonymes se rassemblèrent pour dire adieu à un homme et au rêve américain qu'il représentait. 

  • "2001, l'Odyssée de l'espace" : le film choc de Stanley Kubrick
Un astronaute de cinéma dans un décor spatial plus vrai que nature... Avec le film "2001, l'Odyssée de l'espace", le réalisateur Stanley Kubrick a créé en 1968 une œuvre dont le style et les thèmes sont toujours aussi modernes. Le cinéaste américain veut créer un futur le plus réaliste et le plus crédible possible. Il s'entoure pour imaginer les décors de spécialistes de l'agence spatiale américaine, la NASA. Ce film est une révolution dans le cinéma de science-fiction.

L'œuvre de Kubrick  montre l'espace avec cinquante ans d'avance. La station spatiale internationale, les voyages en apesanteur : le résultat est si impressionnant que le jeu des acteurs passe au second plan.

J'étais heureux de travailler comme comédien pour Stanley Kubrick, je faisais partie d'un chef-d’œuvre

Keir Dullela, acteur principal du film
Le propos philosophique du film

Kubrick raconte l'histoire d'une civilisation extraterrestre qui chaperonne l'humanité. Des astronautes partent à sa rencontre à bord d'un vaisseau doté d'une intelligence artificielle. Mais la machine, devenue l'égale de l'Homme, va perdre la raison. Le film laisse à l'époque la critique perplexe, même si tout le monde reconnaît le réalisme du film. Ce film de science-fiction pose pour la première fois des questions existentielles. "Pourquoi suis-là ? Qui m'a programmé ? Quel est mon devenir ? 2001 c'est une réflexion sur l'évolution de l'humanité", analyse Laurent Genefort, écrivain de science-fiction. Aujourd'hui, le film l'Odyssée de l'espace est considéré comme le chef-d'œuvre de la filmographie de Kubrick.

  • 21 août 1968 - L'invasion des chars russes à Prague. Le cliché de Josef Koudelka
​Sur ce cliché pris par le Tchécoslovaque Josef Koudelka, un jeune homme brandit le drapeau slovaque, debout sur un char soviétique, dans une rue en flammes. Cette photo est un symbole de la répression du printemps démocratique de Prague, en 1968. Le 21 août au matin, les chars du pacte de Varsovie, une organisation dirigée par l'Union soviétique, pénètrent dans Prague. Depuis quelques mois, la Tchécoslovaquie est entrée dans un mouvement de démocratisation intolérable pour Moscou.

Un cliché seul cliché qui raconte toute l'Histoire
Ce jeune homme perché sur un blindé, représente toute une jeunesse, qui à mains nues, va stopper quelques heures l'avancée des chars. Cette image résume à elle seule, la puissance de cet événement historique. Pour Jacques Rupnik, politologue spécialiste de l'Europe centrale et de l'Europe de l'est, il y a "tout" dans cette photo : " la force, le tank, la jeunesse, le drapeau, la force brute face au citoyen pacifique et qui ne résiste que par la force de ses idées". Les responsables tchécoslovaques capituleront sous la pression militaire et politique des Russes, au grand désarroi de la population. Les troupes soviétiques resteront stationnées en Tchécoslovaquie jusqu'en 1991.


  • Le 25 octobre 1968 sortie de "Barbarella", le film de science-fiction de Roger Vadim avec Jane Fonda.

1968, l'année qui vit toutes les coutures de la société craquer. On se rappelle que la crise qui a mené en France à Mai 68 commença avec une simple revendication des étudiants : les garçons voulaient pouvoir rendre visite aux filles dans les cités universitaires ! La sexualité était donc déjà au coeur des préoccupations sociétales. L'influence américaine du mouvement hippie gagnait la France et le sexe devenait un sujet de discussion politique, de littérature officielle, et de cinéma. C'est donc tout naturellement en 1968 que le cinéaste playboy Roger Vadim signait "Barbarella", l'adaptation d'une bande dessinée française de Jean-Claude Forrest tout entière basée sur le sexe. L'existence même de ce film provocateur comptant plus que l'histoire qu'il racontait explique que la photo de Jane Fonda, ultra sexy en bottes argentées et collant-filet, est davantage restée dans les mémoires que l'oeuvre elle-même.





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