L'Italie de Bernard Plossu à la MEP
"Toute mon enfance, j'ai entendu ma mère parler de nos origines italiennes", écrit Bernard Plossu dans la présentation de l'exposition. "Puis un jour, au début des années 1970, je suis parti à Naples, à Rome et à Pompei sous une pluie torrentielle : c'était magnifique." En 1979, il retourne à Rome et, de là, "je n'ai plus jamais cessé d'aller tout le temps en Italie : un besoin, une passion : je m'y sens bien", ajoute le photographe.
L'Italie de Plossu ce sont les villes, pas forcément les palais et les églises. Des garçons sur un scooter dans une ruelle de Naples en noir et blanc, dans les années 1980, la vue depuis un balcon de Turin, l'Arno à Florence à la tombée de la nuit, Naples sous la lune. Ce sont aussi des paysages, la mer beaucoup, la montagne pas mal, les îles…
De petits instants du quotidien
De l'Italie des musées, on n'aura qu'un vase, à la Villa Giulia à Rome (musée étrusque), très flou.
Le Plossu qu'on préfère est celui qui se dépouille au maximum : sous un ciel nuageux, il n'y a plus qu'une route qui sinue dans un paysage de Toscane, les nuages, toujours, au-dessus de la mer. Il dit qu'il aime "tellement ce qu'on appelle à tort le mauvais temps" et qui est "le beau temps du photographe". Au col de la Maddalena (2007), un piquet ou un arbre émerge de la neige, au lac de Garde (2006), des oiseaux, petits points noirs dans un ciel immense, planent au-dessus des montagnes.
Noir et blanc et couleur
Le photographe utilise des Nikkormat, des boitiers amateur fabriqués par Nikon il y a des années et se limite au 50 mm, qui ne "déforme pas le réel". Les photos de Plossu, ce sont de petits moments du quotidien, des ambiances, le contraire de l'instant décisif : une chambre vide, blanche, un restaurant vide aussi, tout rouge.
Car il y a le noir et blanc, abondant. Mais Plossu a toujours fait de la couleur. Elle est peut-être plus remarquable chez lui, car il fait tirer toutes ses images en couleur chez Fresson, qui utilise une méthode au charbon, familiale et centenaire. Le résultat : un mat, des teintes et un grain qui rendent l'image aussi irréelle qu'en noir et blanc.
"L'Italie, je m'y sens bien"
Sont-ce les couleurs du tirage Fresson qui rendent si poétique un banal poteau en béton au premier plan d'un chemin bordé d'herbes folles ? Un pré vu depuis un train (Plossu photographie souvent du train) qui ressemble à la mer ?
Dans les années 1960-70, Plossu a parcouru le monde, du Mexique aux Etats-Unis, de l'Inde au Niger. Aujourd'hui, il va moins loin mais il va toujours en Italie car, répète-t-il, "c'est comme ça, je m'y sens bien".
L'Italie de Bernard Plossu, Maison européenne de la photographie, 5/7 rue de Fourcy, 75004 Paris
Du mercredi au dimanche 11h-20h (fermé lundi, mardi et jours fériés)
Tarifs : 8€ / 4,5€, gratuit le mercredi de 17h à 20h
Du 4 février au 5 avril 2015
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