"La Zone", les bidonvilles des faubourgs de Paris au cœur d'une expo photo
On l'appelait "La zone". Jusqu'en 1970, elle occupait les abords immédiats de la ville de Paris, de l'autre côté des anciennes fortifications, les fameuses fortif's. C'était un habitat de bric et de broc, bidonville où des miséreux, prolétaires français mais surtout familles étrangères, vivaient de petits boulots parfois à la limite de la légalité. Certains y ont passé des dizaines d'années, beaucoup y sont nés et y ont vécu une grande partie de leur vie. Entre les deux guerres mondiales, on y a compté jusqu'à 42 000 habitants.
Reportage : France 3 Paris Île-de-France E. Ferret / I. Audin / M. Chekkoumy / S. Sonder
Les zoniers
On appelait les habitant des "zoniers", une expression qui n'est pas restée dans le vocabulaire commun mais qui a dérivé, au fil des années vers le mot "zonard" qui une connotation plus négative. A l'origine, elle désignait simplement des gens pauvres, habitants de ces bidonvilles, en se métamorphosant, elle s'est alourdie d'une acception plus ancrée dans la délinquance.Pour ceux qui ont passé une partie de leur vie, notamment leur enfance dans ces conditions de précarité indignes de la société française des années 60, les souvenirs sont mitigés, entre la misère et les moments d'insouciance partagés avec de nombreux autres enfants.
C'était une cabane en bois, mes frères disaient qu'en regardant à travers, on voyait chez le voisin !
Jacqueline Boghossian
enfant à la Zone dans les années 30
Entre des murs de planches disjointes
Il y aura bientôt 50 ans que "la zone" a disparu. Ses habitants ont pour beaucoup rejoint les grands ensembles des banlieues plus lointaines. La plupart des étrangers qui vivaient là sont devenus français, les enfants sont aujourd'hui sexa ou septuagénaires. Pour beaucoup, ils auront passé les "30 glorieuses" entre des murs de planches disjointes et sans eau courante. L'exposition de Montreuil prouve que c'était hier, alors que dans d'autres quartiers, pas si loin ou par exemple sous le périphérique qui a remplacé les fortifs, d'autres misérables vivent aujourd'hui dans les mêmes conditions, venus de Syrie ou d'Afrique sub-saharienne.
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