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Le Franco-Ivoirien François-Xavier Gbré et l'Indienne Poulomi Basu prix Découverte des Rencontres photographiques d'Arles

Après le prix Women in Motion à Sabine Weiss, les Rencontres d'Arles ont décerné leur prix Découverte à François-Xavier Gbré pour son travail sur les mutations à Abidjan et à Poulomi Basu pour son oeuvre sur une guerre oubliée au centre de l'Inde.

Article rédigé par Valérie Oddos
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
A gauche, Poulomi Basu, Série "Centralia", 2010– aujourd’hui. -  A droite François-Xavier Gbré, "Piscine #1, Université Félix-Houphouët-Boigny, Cocody, Abidjan, 2014". Courtesy of the artist and the Galerie Cécile Fakhoury (Abidjan, Dakar, Paris). (A gauche, Avec l’aimable autorisation de l’artiste - A droite, Courtesy of the artist and the Galerie Cécile Fakhoury (Abidjan, Dakar, Paris).)

Leur travail n'a pas pu être montré à Arles, puisque le festival a été annulé. Ils devaient être exposés à Paris au siège de Kering. Evènement annulé pour cause de deuxième confinement. L'Ivoirien François-Xabier Gbré et l'Indienne Poulomi Basu et ont reçu ex-aequo le prix Découverte Louis Roederer des Rencontres de la photographie. Le premier pour son installation Émergence, Abidjan, Côte d'Ivoire, 2013 -2020 de 57 petites photographies qui explorent la transformation urbaine de la capitale ivoirienne. La seconde pour Centralia, un travail mi-document-mi-fiction sur une guerre peu montrée, au centre de l'Inde, où les populations autochtones sont menacées.

En cette année "exceptionnelle", la totalité de la dotation du prix (15 000 euros), sera répartie entre les dix finalistes, en solidarité avec les artistes.

François-Xavier Gbré, "Cité Sinacaci #1, Akouédo, Cocody, Abidjan", 2013. (Courtesy of the artist and the Galerie Cécile Fakhoury (Abidjan, Dakar, Paris).)

François-Xavier Gbré et les mutations urbaines d'Abidjan

Né à Lille en 1978, François-Xavier Gbré vit et travaille en France et en Côte-d'Ivoir. Il a fait de la photographie de mode tout en travaillant à des projets plus personnels, sur l'espace urbain et en particulier sur l'architecture. Marqué par l'esthétique des paysages industriels en ruine du Nord de son enfance, il a travaillé de la France au Mali, d'Israël au Maroc ou au Bénin. Il s'intéresse aux traces laissées par l'Histoire dans le paysage, des vestiges coloniaux aux quartiers en plein développement. Il s'attache notamment à des détails architecturaux, dans des photographies généralement sans figures humaines. Ainsi une piscine universitaire déserte à Abidjan (les piscines sont un de ses sujets de prédilection) devient une image quasi abstraite.

Avec Émergence, Abidjan, Côte d'Ivoire, 2013-2020, il explore les mutations dans la capitale ivoirienne depuis 2013, dans une nouvelle période de croissance après les crises politiques et conflits des trois décennies précédentes. Il suit la destruction de quartiers informels et la construction de projets immobiliers destinés à une classe dite moyenne en plein développement.

François-Xavier Gbré a été exposé entre autres à Paris, Rome, Denver, à la Biennale de Dakar et aux Rencontres africaines de la photographies de Bamako. François-Xavier Gbré a des œuvres dans les collections du Centre Pompidou, du Smithsonian Institute à Washington, de la Tate Modern à Londres, ou de la Walther Collection à Ulm en Allemagne.

Poulomi Basu, Série "Centralia", 2010– aujourd’hui (Avec l’aimable autorisation de l’artiste)

Poulomi Basu et une guerre ignorée au centre de l'Inde

Née à Calcutta en 1983, Poulomi Basu vit et travaille à Calcutta et à Londres. Son projet Centralia, qui l'a occupée presque dix ans, a déjà été récompensé par le grand prix du Photographic Museum of Humanity en 2018. "Dans la guerre, la première victime est la vérité", dit-elle. Avec Centralia elle entend révéler les crimes de guerre dissimulés dans la jungle au centre de l'Inde, où un peuple indigène se bat pour sa survie. Elle explore la relation instable entre les faits et la fiction pour montrer comment la réalité est manipulée, à travers le conflit entre un peuple indigène et l'Etat indien, autour notamment d'enjeux environnementaux dans cette région minière. Son travail aborde également la position des femmes dans cette lutte.

Paulami Basu avait déjà été remarquée pour son projet Blood Speaks, sur l'"exil menstruel" des femmes dans certaines régions du Népal où des femmes doivent s'isoler dans des huttes, parfois loin de leur domicile, pendant leur règles, ce qui les exclut de la société et les expose à tous les dangers.

lauréat·e·s ex aequo du Prix du Jury du Prix Découverte Louis Roederer 2020 / winners of the Louis Roederer Discovery Award from Les Rencontres d'Arles on Vimeo.

Des prix maintenus

Les Rencontres d'Arles avaient déjà décerné le 5 novembre leur prix Women in Motion 2020 à Sabine Weiss pour l'ensemble de sa carrière.

Les prix des Rencontres sont habituellement décernés pendant la semaine d'ouverture du festival au Théâtre antique d'Arles. Ils devaient exceptionnellement être annoncés et exposés en novembre au siège de Kering à Paris. Avec le nouveau confinement, tout a dû être annulé mais "plus que jamais il nous faut soutenir les artistes, nous souhaitons malgré tout décerner et annoncer l'ensemble de nos prix en novembre", ont indiqué les Rencontres.

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