Le photographe voyageur Roland Michaud, connu pour ses magnifiques clichés de l'Afghanistan, est mort à 89 ans
Avec son épouse Sabrina, ce photographe français épris de découvertes a parcouru inlassablement le monde durant soixante ans.
Roland Michaud, photographe globe-trotter français qui a notamment laissé de magnifiques clichés de l'Afghanistan d'avant la guerre, est décédé lundi 26 mai à Paris, à 89 ans, a annoncé son éditeur Nevicata.
Formant un couple inséparable et pittoresque avec son épouse Sabrina, cet ethnologue autant que photographe était parti dès les années 60 à l'aventure avec sa femme, empruntant tous les moyens de transport (à pied, à bicyclette, en 2 CV) pour parcourir et photographier ensemble le monde : Inde, Chine, Ethiopie, Afghanistan...
Une de ses séries de photos a fait le tour du monde : l'Homme à la rose, qui montre un vieil Afghan au turban bleu, tenant une rose de sa main ridée.
De la Laponie à l'Afghanistan
Né à Clermont-Ferrand en 1930, membre de l'agence AKG-Images, Roland Michaud avait commencé à vingt ans par un voyage en solitaire en Europe du Nord et à bicyclette qui le mena jusqu'en Laponie. Il en avait rapporté des images prises avec le vieil appareil Eastman Kodak de son grand-père.
Avec sa femme rencontrée au Maroc durant son service militaire, ils s'étaient embarqués à l'aube des années 60 dans un périple en Afrique orientale à bord d'une 2 CV. Puis ce fut Singapour, l'Afghanistan et l'Inde, avec pour livre de chevet Les Mille et une nuits, inépuisable source d'inspiration.
Roland Michaud s'est fait connaître avec une série de reportages sur l'Afghanistan dans les années 60, avant que ce pays d'Asie centrale ne plonge dans la guerre civile après l'intervention soviétique.
"La dernière caravane", un livre testament
Une autre célèbre série de photos signée Roland Michaud est Caravanes de Tartarie, sur les caravanes de chameaux qui franchissent le massif montagneux du Pamir, à travers des rivières gelées. C'est cette expérience inoubliable qu'il a voulu raconter en novembre dans son unique récit écrit avec son épouse, La dernière caravane, publié aux éditions Nevicata.
Sentant alors la dégradation irrémédiable de son état de santé, il avait insisté pour publier au plus vite ce "livre testament", a rapporté France Thibault des éditions Nevicata. Comme Roland et Sabrina Michaud l'ont raconté dans ce livre, il leur avait fallu trois ans à la charnière des années 60 et 70, pour obtenir les autorisations du roi d'Afghanistan (le dernier roi, Zaher Shah, a régné jusqu'en 1977, ndlr) de se rendre dans ces territoires interdits, mais aussi du khan kirghize pour s'intégrer à une caravane où les femmes ne sont traditionnellement pas admises.
"Le couple était très connu et aimé dans le monde des photographes. Ils se chamaillaient avec amour. Roland avait l'oeil qui pétillait, c'était un homme de partage, qui aimait raconter des anecdotes. On buvait ses paroles", se souvient France Thibault.
Leur travail documentaire a été récompensé en 2015 du Prix international Albert Kahn pour l’ensemble de leur œuvre.
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