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Le travail en prison, une (dure) réalité saisie par Manuel Vimenet

Photographe de presse, Manuel Vimenet a passé plusieurs mois au sein de prisons françaises dans les années 80. De cette expérience est née "Le travail incarcéré", une exposition qui présente pour la première ses clichés en noir et blanc sur le thème du travail en prison. Un sujet peu questionné, à découvrir jusqu’au 29 janvier 2016 à la Faculté de Sciences Humaines et Arts à Poitiers.
Article rédigé par Chrystel Chabert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une plongée dans l'univers carcéral signée du photo reporter poitevin Manuel Vimenet
 (Manuel Vimenet)

Reporter photographe de 1978 à 1995, Manuel Vimente a travaillé au sein de l’agence Collectif Presse avant de rejoindre l’agence Vu. Il était dans la première quand il a réalisé la série de photos exposées à Poitiers. C’était les années 80 et le photographe a pu passer plus de six mois dans divers établissements pénitentiaires français, réalisant des milliers de clichés.

A partir de ce travail au long cours, Manuel Vimenet a décliné plusieurs thèmes : l’un s’intitule "Palace" et s’intéresse aux cellules des détenus. L’autre est centré sur le travail en prison. Un sujet presque tabou, en tout cas peu traité. L’exposition proposée à Poitiers a été enrichie par une recherche menée par les étudiants en sociologie qui décrit les conditions de travail des prisonniers.

Reportage : M. Rondonnier / L. Gautier / E. Josiane

En septembre dernier, le travail en prison, sujet très rarement traité par les médias, s'est retrouvé sous les feux de l'actualité. En effet, le 25 septembre, suite à une QPC (Question Prioritaire de Constitutionnalité) posée par l’avocat d’un détenu, le Conseil constitutionnel a estimé que les conditions de travail en prison, même dérogatoires au droit commun, ne violaient pas les droits fondamentaux des détenus. En clair : pour les Sages,  le Code du travail ne s’applique pas en milieu carcéral.

En France, en 2014, 16 000 détenus avaient un travail au sein d’une prison (sur 65 544 personnes incarcérées, chiffres de septembre 2015). Selon la loi pénitentiaire de 2009, les détenus doivent être payés entre 20 et 45% du SMIC horaire (soit de 1,92 à 4,32 euros). Selon leur temps de travail, les détenus gagnent ainsi de 200 à 500 euros par mois. Mais dans les faits et selon l’OIP (Observatoire international des prisons), cette règle n’est pas respectée partout : l’ancien système de rémunération à la pièce reste majoritaire et ramène parfois le salaire sous le seuil légal. 

On comprend mieux pourquoi le journal Le Monde parlait du « trou noir » du droit du travail en prison et pourquoi 250 universitaires ont signé en septembre dernier une pétition pour que ce croit s’applique en prison. A noter que depuis 1987, le travail en prison n’est plus obligatoire même s’il s’avère être un des outils les plus efficaces pour préparer la réinsertion.
 
"Le travail incarcéré", photographies de Manuel Vimenet
Faculté de Sciences Humaines et Arts à Poitiers
Espace d’expositions Hôtel Fumé
8 rue René Descartes – Bât. E18 – niveau 4
Jusqu’au 29 janvier 2016
Horaires d’ouverture : du lundi au vendredi de 8h30 à 18h30 – le samedi de 9h à 17h
(Accès le samedi par le 23 bis rue des Carmélites)
Fermeture du 24 décembre au 3 janvier
Entrée libre


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