Les petites histoires du photographe David Lynch à la MEP
L’exposition s’appelle "Small Stories", petites histoires, car, pour David Lynch, "les images fixes peuvent raconter des histoires. Et il arrive parfois que les histoires intéressantes soient de petites histoires". L’artiste pense même qu’"il est quasiment impossible de ne pas voir une sorte d’histoire émerger d’une image fixe".
Et c’est vrai quand on regarde ses photos : il est difficile de ne pas avoir l’imagination qui se met à galoper. Chacun y verra sûrement des choses différentes et les interprétera de façons diverses. Le réalisateur d’"Eraserhead" et de "Mulholland Drive" veut laisser chacun libre d’y voir ce qu’il veut. "Une même image touche différemment les spectateurs", dit-il.
Un noir et blanc onirique
Ses images, David Lynch les a composées, montées et travaillées sur ordinateur mais au final, ce sont de grands tirages gélatino-argentiques sur papier baryté, réalisés avec le concours de Voja Mitrovic, qui a travaillé pendant trente ans au laboratoire Picto pour les plus grands photographes, parmi lesquels Henri Cartier-Bresson et Josef Koudelka.
Elles sont en noir et blanc, car le noir et blanc permet déjà de s’extraire de la réalité et d’entrer dans le rêve.
Il y a beaucoup de têtes dans les petites histoires de David Lynch. Toute une salle décline une tête sans visage à la Magritte, sur un fond très sombre, comme plongée dans le cosmos. Elle est parfois traversée d’un fil avec des ampoules, barrée d’une bouche énorme ou d’une rangée de dents verticale, éclairée par une lune ou des planètes.
Des intérieurs inquiétants
Les têtes, Lynch les a parfois modelées et les suspend dans l’air derrière une vitrine ("window"), bouches béantes dans une espèce de cri.
Il a imaginé des "intérieurs" aux ambiances sombres et au décor pixellisé, entre le rêve et le cauchemar, où des boules flottent et où des figurines côtoient de gros insectes effrayants, comme cette araignée qui danse avec une petite ballerine ou s’apprête peut-être à la dévorer. Un Zeppelin menaçant plane dans une pièce toute vide entre une cheminée et un escalier. Un mouton saturé de blanc broute un tapis à fleurs.
Pour évoquer l’enfance ("Thinking of Childhood"), David Lynch a placé un petit garçon à la tête hypertrophiée dans un champ avec un grand cheval de bois et un petit avion.
Les usines de Lynch exposées à Londres
Les ambiances sont souvent inquiétantes, pourtant David Lynch, grand adepte de la méditation, sait aussi exprimer la sérénité, avec ses "Seven Candles" (sept bougies) alignées devant la mer.
On n’en dira pas plus. A chacun de se laisser gagner par l'atmosphère et d’imaginer ses propres petites histoires.
David Lynch se fait rare au cinéma depuis quelques années (son dernier film "Inland Empire", date de 2006). Mais il montre aussi ses talents de photographe à Londres, à la Photographers’ Gallery, où il expose les clichés d’usines désaffectées qu’il a faits depuis trente ans aux Etats-Unis, en Angleterre, en Allemagne, en Pologne.
Tous les jours sauf lundi, mardi et jours fériés, de 11h à 20h
Entrée gratuite le mercredi de 17h à 20h
Tarifs : 8€ / 4,50€
Du 15 janvier au 16 mars 2014
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