Les photographies d'Harry Gruyaert mises en lumière dans deux expositions
Le photographe belge est à l'honneur à l'Hôtel départemental des Arts de Toulon et à la base sous-marine de Bordeaux tout l'été.
Deux expositions, à Toulon et Bordeaux, mettent à l'honneur le parcours photographique d'Harry Gruyaert. De la couleur au noir et blanc, de Moscou à Las Vegas, des années 80 à aujourd'hui, le photographe flamand de l'agence Magnum déploie une palette où l'anecdote côtoie la réalité.
Une rétrospective sur plus de 40 ans à Toulon
Partenaire des Rencontres photographiques d'Arles, l'hôtel départemental des Arts de Toulon retrace une grande partie du travail d'Harry Gruyaert. L'immersion dans l'univers du photographe débute dès le hall d'entrée. Deux photos en couleurs donnent le ton. A gauche cette photo tout en bleu. Un homme de dos se regarde dans le miroir d'un salle de bains d'hôtel. Comme en suspens. Et à droite, une salle d'embarquement d'un aéroport international. Et toujours cette même impression d'attente.
C'est tout cela la vie dans le viseur d'Harry Gruyaert. Des couleurs, vives ou passées, imprégnées d'une histoire, marquées par l'Histoire. Des lignes de perspective à l'infini, et toujours un regard franc sur l'homme. Mises en scène spontanées ou paysages qui rappellent la peinture flamande ou surréaliste, la composition et le cadrage élèvent des situations banales.
Travailler comme un peintre
Chez Harry Gruyaert, il n'y a pas une couleur qui domine l'image. Il y a une multitude de teintes. Éclatantes et hyper saturées dans sa série sur Las Vegas en 1982 ou presque délavées dans ces photos qui racontent son voyage à Moscou en 1989. Nous sommes presque au même moment et la couleur raconte l'Histoire politique. A gauche, une société encore figée dans le passé, à droite, un monde où tout n'est qu'artifice et opulence.
"J'ai l'impression que je peux travailler avec des lumières et des couleurs très différentes. Je travaille avec plusieurs palettes de couleurs comme un peintre", explique Harry Gruyaert dans cette interview.
Un monde en perspective
Des États-Unis aux pays de l'est, du Moyen-Orient à l'Afrique du Nord, le photographe belge pose son regard intime sur les pays qu'il traverse. Une composition parfaite, une ligne de fuite où l'architecture fusionne avec le paysage et les habitants. Le Maroc est une véritable révélation pour Harry Gruyaert. "Au Maroc, j'avais l'impression de tomber dans une peinture de Brügel, il y a une telle harmonie entre les personnes et le paysage", raconte l'artiste.
L'exposition de Toulon est aussi l’occasion de découvrir des séries jamais ou rarement montrées de Belgique ou d’Irlande. On peut également y découvrir son travail avec la vidéo et son film "Hommage à Antonioni".
"Harry Gruyaert, photographe"à l'Hôtel des Arts de Toulon jusqu'au 22 septembre 2019
"Rivages" à la base sous-marine de Bordeaux
Le littoral, la mer et ses rivages s'imposent comme une évidence dans le parcours d'Harry Gruyaert. La base sous-marine de Bordeaux présente la célèbre série "Rivages" du photographe anversois.
Des plages à perte de vue, un homme qui marche sur les quais à Ostende, des ciels menaçants et leurs jeux d'ombre et de lumière, la France, ses îles et ses côtes bretonnes, la Méditerranée ou l'océan Atlantique qui gronde à Biarritz. La mer surgit comme un "moment poétique et merveilleux" central dans l’œuvre d’Harry Gruyaert.
Ici encore, les photographies ont la force d'une peinture, jouant sur la matière et les lignes graphiques.
"Comment expliquer ce goût pour les rivages ? Dans la peinture flamande du XVIIIe siècle il y a beaucoup de mers démontées, de bateaux pris dans les tempêtes, de ciels lourds. Je suis Flamand, j'ai vu ces peintures, bien sûr. Mais c'est de l'ordre de l'inconscient", Harry Gruyaert.
Exposition "Rivages" à la base sous-marine de Bordeaux jusqu'au 21 septembre 2019.
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