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Les rencontres d'Arles : ces images qui racontent l'après-guerre

La 47e édition des Rencontres de la photo d'Arles (4 juillet - 25 septembre 2016) offre cette année une place particulière au photojournalisme et à la photographie de guerre. A travers quatre expositions, les photographes Yan Morvan, Alexandre Guirkinger et Don McCullin explorent les traces et les stigmates laissés par les combats anciens et plus récents.
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Images de Guerres  aux Rencontres d'Arles - Avion utilisé par l’armée argentine sous la dictature militaire pour jeter des militants de gauche en vie dans le Río de La Plata ou dans l’Atlantique. Il sert à présent d’objet publicitaire pour un magasin de matériaux de construction dans la banlieue de Buenos Aires. 
 (Rencontres d'Arles avec l'aimable autorisation de João Pina)

Que reste-t-il à voir d’un champ de bataille bien après les hostilités ? Quelle trace peut laisser la construction d’une ligne pour se protéger des envahisseurs ? Comment, depuis quinze ans, les artistes se sont-ils réappropriés le 11 Septembre ? Que fait un grand photographe de guerre quand il ne photographie pas la guerre ?

Autant de questions auxquelles les Rencontres d'Arles apportent des réponses avec quatre expositions.

Reportage : M. Vial / P. Conte / A. Rezkallah / C. Chen

Nothing but Blue Skies : icône du 11 septembre

"Nothing but Blue Skies" est une chanson écrite par Irving Berlin en 1926. Son titre fait écho à la couleur du ciel le matin du 11 septembre 2001, peu avant le crash volontaire de deux avions de ligne contre les Twins Towers de New York. Diffusé en boucle et en temps réel sur les téléviseurs du monde entier, le récit de cette journée marque une ère nouvelle dans l’histoire des médias.

Photos de la collision du 11 Septembre. Les photographies ont été reconstruites avec Photomosaic, un logiciel gratuit lié à Google Image. Le résultat est une composition de 8 000 images tirés d’Internet et qui correspondent à la recherche des termes « God », « Yahve » et « Allah ».
 (Rencontres d'Arles avec l'aimable autorisation de Joan Fontcuberta)

L’événement ne va pas sans l’image, il a été conçu pour elle et par elle.
L'exposition présente le travail d'une vingtaine d'artistes et s'attache à montrer non pas l'horreur de l'événement mais la répétition de l'image et son ampleur symbolique. 

  (Rencontres d'Arles avec l'aimable autorisation de Reeve Schumacher)

Exposition "Nothing but Blue Skies"au Capitole - Entrée 12€ 

João Pina : Opération Condor

Le photographe João Pina a entamé en 2005 un travail de recherche portant sur l’opération Condor, un plan militaire secret initié en 1975, durant la guerre froide, par six pays latino-américains : le Brésil, l’Argentine, la Bolivie, le Chili, l’Uruguay et le Paraguay.
Aux mains de dictatures militaires de droite, les gouvernements de ces pays entendaient éliminer opposants et détracteurs politiques.
Assassinats, suicides suspects, disparitions soudaines, cette période trouble a passé pendant de longues années sous silence les séances de torture et d'horreur. Aujourd'hui les langues se délient et les photos parlent. 

Série Procès. Anciens militaires cachant leur visage au photographe lors d’une séance du procès où ils sont accusés par l’État argentin de crimes contre l’humanité commis sous la dernière dictature militaire de 1976 à 1983. Bahía Blanca, Argentine, février 2012.
 (Rencontres d'Arles avec l'aimable autorisation de João Pina)

J'ai travaillé davantage comme un archéologue que comme un détective. Comme tous journaliste, je suis retourné aux sources et j'ai écouté les gens et leurs histoires pendant des heures et des jours pour découvrir ce qui leur était arrivé et comment je pouvais raconter tout ça avec des photos


Exposition  João Pina au musée départemental Arle Antique - Entrée 10€
 

Yan Morvan : Champs de bataille

Yan Morvan, ancien reporter de guerre français, est revenu sur des champs de bataille célèbres comme Stalingrad, Verdun ou Austerlitz. Son approche actuelle est plus documentaire qu'esthétique. La photo informe, donne à voir une réalité crue et propose une réflexion sur le présent.  
Le photographe, qui explore les champs de bataille équipé du trépied de sa Deardorff 20x25 cm, fait parler l'empreinte des guerres sur les corps, les mémoires et les lieux. 

Mon travail aujourd'hui c'est d'amener les gens à réfléchir sur le sens de la guerre et de la vie

Yan Morvan
Siège de Sarajevo, 5 avril 1992-25 février 1996. Station de ski du mont Jahorina, Sarajevo, Bosnie-Herzégovine, 2014.
 (Rencontres d'Arles avec l'aimable autorisation de Yan Morvan )

Exposition Yan Morvan au Capitole - Entrée 12€


La ligne Maginot d'Alexandre Guirkinger : fantasme et réalité

Son nom résonne comme un mystérieux lieu qui nourrit tous les fantasmes. Le photographe Alexandre Guirkinger est revenu sur les traces de la Ligne Maginot. Porteurs d'émotion et d'histoires, les bunkers qu'il capte dans son objectif racontent un autre récit de la relique. Comme une sorte de décor de science-fiction, une trace de land art ou une architecture moderniste. 

À travers mes images, j’ai voulu partager ma fascination pour cette extraordinaire relique d’une modernité déjà ancienne.

Fossé antichar dans l'ouvrage du Hackenberg à proximité de Vecking (Moselle), mai 2007. 
 (Rencontres d'Arles, avec l’aimable autorisation d'Alexandre Guirkinger.)

Exposition Alexandre Guirkinger au magasin électrique - entrée 14 €


Don McCullin, looking beyond the edge

Reconnu comme l’un des plus grands photographes de guerre de la fin du XXe siècle, Don McCullin est l’auteur de certaines des photographies les plus emblématiques et déterminantes des conflits au Vietnam, à Chypre, à Beyrouth et au Biafra. L’exposition qui lui est consacrée aux Rencontres d’Arles révèle pour la première fois toute l’étendue et la profondeur de sa pratique, qui va bien au-delà d'images de guerre. 

Petit matin, West Hartlepool, comté de Durham, 1963. 
 (Rencontres d'Arles / Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la Hamiltons Gallery, Londres. )


Exposition Don McCullin à l'église Sainte Anne. (10€)

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