Lewis Hine à la Fondation Cartier-Bresson
Dans les premières années 1900, Lewis Hine (1874-1940), sociologue de formation, se lance dans la photographie, avec une lourde chambre, qui lui sert à défendre des causes sociales et à dénoncer les conditions faites aux ouvriers. Il travaille pour des institutions comme la Croix-Rouge ou le National Child Labor Committee.
Il raconte les petites filles dans le décor graphique des filatures, les petits trieurs de charbon tout noirs, un enfant mutilé, un tout petit ramasseur de coton.
Il ne s’agit pas de produire un travail « documentaire » mais de faire des images au service d’une cause. Le photographe n’hésite pas à mettre ses personnages en scène pour mieux convaincre. Il aime faire des photos de groupes posées : une grappe de jeunes vendeurs de journaux, les familles nombreuses dans l’intérieur de leurs taudis ou devant leur maison, comme cette veuve avec ses neuf enfants en rang.
Lewis Hine décrit une réalité dure, comme celle d’un travailleur noir tuberculeux, assis sur son lit, les yeux perdus dans le vague. Mais le regard du photographe n’est pas misérabiliste. Il veut donner une image positive de ses sujets : les enfants vont pieds nus, sales, mais ils rient beaucoup, dans la rue, dans le bac à lessive qui sert de baignoire. Le photographe s’intéresse aussi à la vie sociale des ouvriers, du bowling aux spectacles de rue.
Les premières années, il photographie les immigrants à Ellis Island. Un travail difficile avec une chambre, dans le tourbillon des arrivants, dont il arrive à donner une image quasi-biblique. Régulièrement, il fait le portrait de petits métiers, de la dactylo à l’accordeur de pianos ou le rouleur de cigares. Il s’intéresse à la précision du geste de l’ouvrier, non sans un certain lyrisme quand il fait apparaître un vieil imprimeur comme un Saint Jérôme.
Après la première guerre, Lewis Hine se rend en Europe où il photographie les réfugiés. Plus tard, son travail se fait moins social et plus esthétisant. Il s’intéresse toujours à l’usine mais ses photos sont à la gloire de l’ouvrier et de la machine, qu’il présente en osmose quand la posture du mécanicien se fond dans l’arrondi d’un volant.
Au début des années 1930, Lewis Hine suit la construction de l’Empire State Building, jouant avec les lignes. Il grimpe avec son vieil appareil photo derrière les ouvriers pour les surprendre au-dessus du vide, accrochés à un filin, grimpant le long d’une grue.
Les années suivantes, le travail de Lewis Hine paraît démodé, les commandes se font rares. Il meurt en 1940 après une opération et ses archives sont sauvées grâce à la Photo League, alors que le MoMA n’en veut pas.
Lewis Hine, Fondation Henri Cartier-Bresson, 2 impasse Lebouis, 75014 Paris, 01-56-80-27-00
Tous les jours sauf le lundi, 13h-18h30, le samedi de 11h à 18h45, nocturne le mercredi jusqu’à 20h30
Tarifs : 6€ / 4€, gratuit le mercredi de 18h30 à 20h30
Jusqu’au 18 décembre 2011
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