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L’histoire oubliée des Tsiganes internés par Vichy en Camargue

C’est un pan méconnu de notre histoire. L’internement des Tsiganes par le régime de Vichy durant la Seconde guerre mondiale. Une histoire qu'a découvert il y a près de 20 ans le photographe Mathieu Pernot grâce à des archives du camp de Saliers en Camargue. Depuis il a exhumé l’histoire de ce camp et retrouvé des survivants. Une exposition leur rend hommage à Grenoble jusqu'au 23 mai 2016.
Article rédigé par franceinfo
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Mur d'images réalisé à partir des carnets anthropométriques qui servaient de papiers d'identité aux Tsiganes français
 (Culturebox / Capture d'écran)
Reportage : D.Borrely, B.Le Vaillant

L’histoire commence en 1997 quand Mathieu Pernot alors étudiant en photographie à Arles découvre par hasard l’existence du camp de Saliers près d’Arles.

Aux Archives départementales il tombe sur des centaines de carnets anthropométriques, pièces d’identité des "nomades" mises en place dès 1912, appartenant aux centaines d’enfants, de femmes et d’hommes internés de 1942 à 1944 au camp de Saliers construit par le régime vichyste sur la commune d’Arles en Camargue.
 
Mathieu Pernot va alors se livrer à un véritable travail d’enquête pour exhumer l’histoire de ce camp de concentration et de ses occupants longtemps oubliés par l’Histoire. Et c’est pour combler ce vide que le photographe décide d’aller encore plus loin en tentant de retrouver des survivants de cette période sombre.
 
Des survivants qui contre toute attente ont accueilli à bras ouverts le photographe, contents qu’enfin quelqu’un s’intéresse à leur histoire, à leur témoignage, et leur dise que cet épisode faisait aussi partie de notre histoire collective.  

Photos de survivants du camp de Saliers retrouvés par Mathieu Pernot
 (Culturebox / Capture d'écran)

Un camp modèle pour Pétain

Saliers fut avec Lannemezan dans les Hautes-Pyrénées, l’un des deux camps de la zone sud exclusivement réservés aux "nomades". 700 personnes furent internées en Camargue dans des conditions déplorables.
 
Aujourd’hui aucune traces du camp ne subsistent, seules quelques photos sont parvenues jusqu’à nous et les seules images tournées à Saliers le furent en 1952 quand Henri-Georges Clouzot y tourna des scènes de son film  "Le Salaire de la Peur" avec Yves Montand et Charles Vanel. Le camp sera ensuite dynamité et entièrement rasé.

Le camp de Saliers (Bouches-du-Rhône) en 1942
 (wikimedia commons)

 
En 2006 un mémorial en hommage aux internés de Saliers a été inauguré en Arles grâce à la mobilisation d’associations qui œuvrent pour la reconnaissance du génocide des Tsiganes qui a fait plus de 250 000 morts pour la plupart exterminés dans les camps nazis. C'est le seul mémorial de ce type en France.
 
Il faudra attendre 2010 pour que le gouvernement reconnaisse enfin le rôle des autorités françaises dans l’internement des Tsiganes, sans pour autant envisager une indemnisation des populations concernées. 

L’exposition "Un camp pour les Tsiganes" de Mathieu Pernot complète une autre exposition intitulée "Tsiganes, la vie de bohème ?", témoignage passionnant sur l'épopée des Tsiganes présentée jusqu’au 9 janvier 2017 au Musée dauphinois toujours à Grenoble.

Un des carnets anthropométriques découvert par Mathieu Pernot aux archives des Bouches-du-Rhône à Marseille
 (Culturebox / Capture d'écran)


Exposition "Un camp pour les Tsiganes - Saliers, 1942-1944", au Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère - Maison des Droits de l'Homme
Du 27 novembre 2015 au 23 mai 2016
14 rue Hébert 38 000 Grenoble
Tel : 04 76 42 38 53
  
Exposition "Tsiganes la vie de bohème" au Musée dauphinois
Jusqu'au 9 janvier 2017
30 rue Maurice Gignoux, 38000 Grenoble.
Tel : 04 57 58 89 01 - entrée gratuite - ouvert tous les jours sauf le mardi de 10h à 19h. 
 

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