Louis Stettner, photographe urbain et humaniste, à la BNF
Son regard, empreint d'un profond humanisme, a toujours révélé un grand sens de la composition et des jeux de lumière.
"C'est une grande joie d'être exposé à nouveau ici", a déclaré à l'AFP dans un excellent français mâtiné d'un accent américain Louis Stettner, 90 ans, qui vit à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) depuis 1990. Quelque 80 clichés sont exposés.
Né à Brooklyn le 7 novembre 1922, Louis Stettner a déjà été exposé à la BNF il y a plus de 60 ans... C'était en 1950 exactement, au 5e salon national de la photographie à la Bibliothèque nationale. Il avait couvert en tant que photographe de guerre le conflit dans le Pacifique et organisé en 1947 une exposition à New York présentant pour la première fois au public américain les photographes Izis, Doisneau, Brassaï et Ronis.
Pour l'artiste, il n'a pas été simple de sélectionner les 80 oeuvres exposées, la grande majorité en noir et blanc. "J'ai choisi ce qui est représentatif de toutes mes périodes." Ainsi, les premiers clichés de la série "Subway" (1946) à New York dénotent déjà une volonté de se pencher sur les états d'âme de ses contemporains, en captant les moments de rêverie ou d'attente. Ce natif de Brooklyn saisit au vif les scènes de la vie quotidienne, comme lorsqu'une fillette sautille entre les ronds de lumière dans la gare aujourd'hui détruite de Penn Station, sans éveiller des passants.
Sans jamais verser dans le misérabilisme, Louis Stettner photographie des ouvriers au travail dans la série "Workers" ou dans la fresque en couleurs "Manhattan Pastorale", s'immisçant au plus près d'eux. "Personne n'entre plus dans les usines", confie-t-il, soulignant ainsi l'importance du rôle du photographe, témoin de son temps.
Louis Stettner, qui s'est également essayé à la peinture, à la sculpture et au dessin, affiche une grande variété de sujets, comme dans la très belle série sur les paysages urbains ("Cityscape"), remarquables de construction, où il joue avec les formes géométriques de la métropole américaine. Les différents portraits de sans-abris du quartier de Bowery montrent, de leur côté, une nouvelle fois sa faculté à saisir l'expression des plus humbles.
"On est dans un monde de consommation. On ne sait pas qui fait quoi. Qui a confectionné la chaussure que j'achète ? Qui a construit ma voiture ? La photographie, en revanche, on sait qui l'a faite. J'aime cet échange", souligne Louis Stettner, qui a toujours "refusé" de délaisser l'argentique pour le numérique.
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