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Marseille : les détenues photographiées par Bettina Rheims changent notre regard sur l'incarcération

La célèbre photographe Bettina Rheims a réalisé entre septembre et novembre 2014 une série de portraits de femmes détenues. L'exposition de ses photos à la Friche la belle de Mai à Marseille s'inscrit dans une série d'événements consacrés à la relation entre l'art et la prison.

Article rédigé par Ariane Combes-Savary
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
"Détenues" photographies de Bettina Rheims (©Caroline DUTREY)

Le regard profond et effronté ou triste et fuyant. Dans l'objectif de Bettina Rheims, elles ont chacune leur personnalité. Difficile d'imaginer que ces femmes-là vivent enfermées entre quatre murs. Pour certaines depuis des années. Qui sont-elles et qu'on-elles fait ? Peu importe. Ce qui compte ici c'est que chaque femme retrouve sa singularité, celle que l'incarcération tend à effacer. 

Photographiées dans un studio improvisé, elles ont pu s'engager avec la photographe dans une démarche de reconstruction de leur identité féminine et amorcer un travail de restauration de leur image.

"Détenues" Bettina Rheims
"Détenues" Bettina Rheims "Détenues" Bettina Rheims

Il me fallait aller à la rencontre de femmes qui n'avaient pas fait le choix de vivre entre quatre murs. Nous avons beaucoup parlé. Elles se sont racontées, et j'ai tenté de leur offrir un moment hors de ce temps-là.

Bettina Rheims

novembre 2016

Balayer les clichés sur l'univers carcéral

La série Détenues propose un nouvel éclairage sur l'univers sensible et peu connu de la détention. "On doit s'interroger sur nos propres représentations, déclare Caroline Caccavale, commissaire de l'exposition. Qu'est-ce qu'on a comme imaginaire sur la prison. Est-ce que cet imaginaire n'est pas extrêmemnt réduit ?" Bettina Rheims tape dans le mille et balaie les lieux communs sur le monde carcéral. 

Un œil sur le dos - Le Mur rouge (©Arnaud Théval)

De l'autre côté de l'œilleton, face aux Détenues de Bettina Rheims, une autre exposition intitulée Un œil sur le dos. Les clichés d'Arnaud Théval s'intéressent au personnel pénitentiaire, des surveillants eux aussi prisonniers de leur image. Quand ils se laissent photographier c’est de dos et quand ils posent face à l’objectif c’est à condition que le visage soit tronqué par le cadrage. Restent alors les indices qui composent leurs cultures et leurs paysages professionnels.

Les images d'Arnaud Théval et Bettina Rheims prennent pace dans un vaste projet intitulé Prison Miroir. Expositions, rencontres, projections ou performances, il s'agit d'explorer la relation entre l'art et la prison. L'occasion d'agiter nos représentations et de bousculer nos certitudes sur l'incarcération.

Prison Miroir, Friche la belle de mai à Marseille, jusqu'au 23 février 2020.

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