Cet article date de plus de quatre ans.

Mélancoliques et fascinants, les vestiges de notre société immortalisés par un photographe adepte de l'urbex

Passionné d’exploration urbaine, un photographe autodidacte de Haute-Saône immortalise des lieux abandonnés. Un travail à la fois esthétique et historique.

Article rédigé par Chrystel Chabert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Sébastien Wasseler promène son objectif dans ces lieux fantomatiques. (F. Petit / France Télévisions)

Si vous aimez visiter discrètement et parfois illégalement des sites désaffectés, alors vous faites partie des "urbexeurs". Urbex, c’est le nom abrégé de l'anglais "Urban Exploration". Une pratique qui a émergé en France dans les années 80 nous dit Wikipédia.  

Sébastien Wasseler est donc un urbexeur qui va bien au-delà de sa région, la Haute-Saône, pour dénicher des lieux autrefois grouillant d’activité mais que l’homme a fini par délaisser et oublier, à l’image de cet ancien parc d’attractions qui ressemble à un décor de cinéma à la Cineccita qu'il nous emmène visiter. Ici, c’est un film sans parole qui se joue tant le lieu dégage une âme, un parfum de nostalgie désuète, à la fois mystérieuse, poétique et parfois inquiétante.

Photographe Urbex
Photographe Urbex Photographe Urbex

Des lieux façonnés par l'homme

En immortalisant ces lieux fantomatiques, Sébastien Wasseler nourri deux passions personnelles, celle de l’image et de l’histoire. Une matière qu’il enseigne (sous un autre nom) à des collégiens. Son travail fait figure de témoignage historique car ces clichés racontent souvent des univers façonnés et exploités par l’homme, qui s’en est désintéressé quand les activités qu'ils abritaient n’étaient plus rentables.

Un lieu désaffecté, c’est un lieu qui n’a pas la destinée qui était prévue donc ça interroge. La photo permet de leur donner une seconde vie, un accès à la postérité et à l’immortalité.

Sébastien Wasseler

Photographe

Sébastien montre cette photo prise dans une usine textile en Italie : "Ce qui est fascinant dans ce lieu, c’est qu’on a l’impression d’arriver à la fin de la journée de travail des ouvriers car tout est en place".

La beauté du temps qui passe

Fascinante aussi cette beauté du temps qui passe et qui ne doit rien à l’intervention du photographe. Sébastien ne touche à rien, il saisit juste les lieux tels qu’ils sont. Tout est là, devant lui comme dans cette dans cette ancienne papèterie en Allemagne. "Ce qui m’attire dans cette vue, ce sont les couleurs. On a l’impression d’être dans une pièce pop.    

Sébastien Wasseler avec une photo prise dans une papèterie allemande. (F. Petit / France Télévisions)

Regard sur les Trente Glorieuses

Les Trente Glorieuses en ruine. C'est le nom d'une série de photos que Sébastien Wasseler expose depuis deux ans. "Le fruit" écrit-il, "d'une errance photographique de cinq années dans les vestiges industriels d'Europe de l'Ouest, de la Lombardie à la Wallonie en passant par la Lorraine. lieux de production, villas patronales et espaces de sociabilité ouvrière".

Les clichés de Sébastien racontent une époque révolue ; ils apportent une vision certes nostalgique mais profondément dérangeante qui nous questionne sur les limites et les revers de cette période trop souvent idéalisée que représentent les trois décennies, de 1945 à 1973.

Le travail de Sébastien fait aussi écho avec celui du photographe américain Matthew Christopher ("une référence dans l’univers tendance des Urbex") qui a sillonné les Etats-Unis pour immortaliser ce qu’il appelle L’Amérique abandonnée. Un travail de longue haleine qui a donné lieu à un documentaire diffusé sur Arte.

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