Paris dans l'objectif de Martin Parr à la MEP
On vous le dit tout de suite, ne vous attendez pas à voir les vrais Parisiens dans leur vie quotidienne. Martin Parr a beaucoup photographié les touristes et les lieux touristiques, ou des évènements qui attirent les foules.
Il se défend, d'ailleurs, de faire un portrait objectif de Paris : "On sait tous que c'est très subjectif et très partiel." Et puis "le tourisme est une part intégrante de la vie économique parisienne", fait-il remarquer. Sans les touristes, que serait Paris, où selon lui "la moitié des restaurants sont pour les touristes", des restaurants que les Parisiens évitent, parce qu'ils sont un peu "snobby" par rapport aux touristes.
Une foule de smartphones au Louvre
"Je viens beaucoup à Paris. J'y suis toujours un touriste mais je commence à bien connaître la ville", dit-il. Martin Parr a choisi six ou sept lieux ou événements où il a passé trois à cinq jours à chaque fois.
Au Louvre, il photographie une armée de smartphones dressés face à la Joconde. Les regards passent forcément par l'appareil photo. "Le Louvre, l'été, c'est dingue", dit-il. "On ne peut pas bouger, avec tous ces photographes, alors j'ai fait comme eux", ironise-t-il.
Martin Parr photographie souvent des gens qui regardent, des touristes qui cherchent dans un plan, qui scrutent Paris du haut de Notre-Dame, derrière une grille. La Tour Eiffel se décline en chapelets, multicolores et scintillantes.
Martin Parr, un curieux qui prend du bon temps
Martin Parr parle de son plaisir à photographier. Ca lui plait, l'idée qu'on lui passe une commande : "Le monde est étrange, la vie est drôle et je suis content de voir qu'elle est drôle aussi à Paris." Il y a toujours moyen de trouver quelque chose, "tout est là devant moi, et tout m'intéresse". Il fait beaucoup, beaucoup de photos, environ 500 par jour, en numérique, parce que "la plupart sont à mettre à la poubelle", et avec le numérique, c'est beaucoup plus facile d'en prendre encore plus à mettre à la poubelle.
Il ne faut pas trop lui poser de questions sur ses motivations. Les Français ont toujours tendance à intellectualiser les choses, remarque-t-il. "Je suis une personne curieuse. Je suis juste là à photographier et à prendre du bon temps." Il aime particulièrement photographier les foules et il aime les gros événements, "intenses", comme le Salon de l'Agriculture (assez "dingue", lui aussi), avec les enfants qui regardent les vaches, et les restaurants de produits du terroir, qui l'ont beaucoup amusé : "C'est surréaliste, à 12h10 c'est complet, on ne peut plus trouver une place."
De Paris Plage au salon du Bourget
Dans la veine de son travail sur les plages du monde entier, Martin Parr est allé, bien sûr, à Paris Plage, où il a trouvé des Parisiens allongés au bord de l'eau, des boulistes et des cours de tai-chi.
Un évènement qui semble l'avoir particulièrement intéressé, c'est le salon aéronautique du Bourget, avec tous ces gens qui regardent en l'air. L'aéronautique est un vestige de l'industrie française, se moque-t-il. "Je regrette le déclin industriel", sourit-il, rappelant son travail sur le "Black Country" dans le nord de l'Angleterre sinistré. "Là, je suis très positif", faisant tout de même remarquer que, au salon, on a surtout affaire à un business de défense : "Plus il y a de bombes et plus ils mettent de fleurs pour les rendre acceptables."
Un béret et des escargots
Une Asiatique voilée de blanc se protège du soleil avec un parapluie rose et des lunettes noires, devant un panneau "Let's Shop Airbus". Une commerciale ajuste son collant sous une aile d'avion, et, au Bourget aussi, on regarde beaucoup avec un appareil photo.
Il faut bien un petit cliché, on aura un béret : il coiffe une tête à nuque épaisse, en gros plan et de dos. Et puis un peu plus loin, des escargots trônent sur une assiette.
Pour sortir du Paris touristique, Martin Parr montre quelques images de la Goutte-d'Or, tirées d'un travail qu'il avait exposé en 2011 à l'Institut des Cultures d'Islam. La mosquée déborde sur la rue pour la prière du vendredi. Le hall d'un petit hôtel, dont les murs roses et la porte verte ont plu à Martin Parr, affiche complet et ça tombe bien, on n'a pas très envie d'entrer à la vue du gros berger allemand qui nous y accueille.
Martin Parr, Paris, Maison européenne de la photographie, 5/7 rue de Fourcy, 75004 Paris
Tous les jours sauf lundi, mardi et jours fériés, 11h-20h
Tarifs : 8€ / 4,5€, gratuit pour tous le mercredi de 17h à 20h
Du 26 mars au 25 mai 2014
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