Paris Photo 2015 : du grand classique
On se demande tous les ans s'il faut encore aller à Paris Photo, voir des images jusqu'à l'indigestion. Et puis on ne résiste pas à l'envie de voir, de s'immerger dans ce grand bain visuel, en espérant faire des découvertes. Depuis un moment déjà, on regrettait que cette foire internationale soit très européo-américaine. Et la remarque vaut toujours. Sur quelque 145 galeries présentes, 45 sont française, 27 américaines, 15 allemandes et 13 britanniques.
Il y a bien une galerie de Bratislava, de Copenhague ou d'Athènes. Mais on compte sur les doigts d'une main les galeries d'Amérique Latine élues pour figurer au salon.
Des valeurs sûres, de William Klein à Joel Meyerowitz
On voit toujours les valeurs sûres, de William Klein et Helen Levitt chez Howard Greenberg (New York), qui montre aussi des nus en noir et blanc de Saul Leiter et des photos de rue de Joel Meyerowitz à une séquence de sept petites vues de New York d'André Kertesz chez Stephen Bulger (Toronto).La galerie Françoise Paviot montre un masque de Walker Evans, une série de Dieter Appelt autour d'une sculpture, "Kunchenkoller" (cuisine en furie) d'Anna et Bernhardt Blume ainsi que des photos de Charles Nègre.
La galerie de Montreuil Lumière des roses est toujours là avec quelques photos anciennes mais surtout des photos anonymes d'une belle qualité. La berlinoise Sprüth Magers vend des paysages du Nouveau Mexique de Stephen Shore, ainsi que des images tirées de ses deux séries "American Surfaces" et "Uncommon Places", et encore des silos, des gazomètres et des tours de refroidissement des Allemands Bernd et Hilla Becher.
Samuel Fosso pillé
La photographie africaine est représentée par des galeries parisiennes. Magnin-A, avec des coiffures du Nigérian JD 'Okhai Ojeikere, un grand tirage de photo de studio du Malien Seydou Keita et de nombreux clichés du grand photographe des nuits kinoises Jean Depara.Le stand de Jean Marc Patras est consacré à Samuel Fosso, photographe de studio célèbre pour les autoportraits qu'il fait depuis les années 1970. A côté d'œuvres en couleur, plus récentes, une série poignante de grands tirages en noir et blanc, partiellement chiffonnés, brûlés, déchirés, est issue de ce qu'il est resté du pillage de ses archives l'an dernier à Bangui, en proie à la guerre civile.
Rare représentante de la photo latino-américaine, la Mexicaine Patricia Conde a essentiellement des photographes de son pays, par exemple un rare cliché colorisé de Manuel Ramos (1874-1945) datant de 1912 ou, plus contemporaines, des images couleur de Mariela Sancari, partie à la recherche de son père à travers des portraits d'hommes de 70 ans, l'âge qu'il aurait s'il n'était pas mort au moment de sa naissance. Et aussi des Mexicains d'adoption, comme Kati Horna, ou de cœur comme Mary Ellen Mark qui photographie le cirque à Oaxaca. Sur le stand, on se réjouit de faire découvrir la photo mexicaine et d'avoir vendu des tirages à des musées, car il n'y a pas que les particuliers qui achètent.
La photo latino-américain chez Rolf Art
La photo latino-américaine, on la trouve aussi sur le stand de la galerie parisienne Toluca avec Graciela Iturbide ou Facundo de Zuviria. Et sur celui de la galerie Rolf Art de Buenos Aires, avec le travail de Marcelo Brodsky sur les manifestations dans les capitales du monde en 1968, les beaux murs d'Humberto Rivas ou les rideaux de boutiques tirés des "Siestas argentinas" de Facundo de Zuviria.Sur la mezzanine, de petites expositions mettent l'accent sur les séries (avec Lee Friedlander, Walker Adams, Manuel Alvarez Bravo et Gary Winogrand) et sur les grands formats (portraits d'une femme endormie dans un lit de Paul Graham, les Portraits in the Time of Aids de Rosalind Fox Solomon). Et la collection privée d'Enea Righi, une des plus importantes en Italie, qui met l'accent sur le thème du corps, montre des portraits de Nan Golding, des tirages de Cy Twombly ou la série de 101 photos de Hans Peter Feldmann sur tous les âges de la vie.
On voulait voir les images faites lors d'une résidence en Bretagne par Paulo Nozolino, auteur du très beau « Penumbra » dans les années 1990. C'est raté, on n'a pas pu accéder à l'exposition de ces photographies faites par l'artiste portugais avec Stéphane Duroy. Leica Camera qui l'organisait ouvrait l'espace à ses seuls invités le soir de l'inauguration pour un cocktail. Elle sera toutefois accessible les jours d'ouverture au public.
Signatures et rencontres
25 éditeurs et libraires sont présents sur le salon et, comme tous les ans, des signatures de livres sont organisées, qui donneront l'occasion au public de rencontrer des photographes comme Martin Parr, Elliott Erwitt, Nan Goldin, Sabine Weiss, William Klein, Raymond Depardon, Agnès Varda…Entretiens, discussions et témoignages sont organisés tout au long des quatre jours sur divers sujets liés à la photographie, notamment la question de la collection.
Paris Photo, Grand Palais, avenue Winston Churchill, Paris 8e
Du jeudi 12 au dimanche 15 novembre, 12h-20h (19h dimanche)
Tarifs : 30€ / 15€ pour les étudiants
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