Cet article date de plus de huit ans.
Paris Photo, 20e édition au Grand Palais, avec les perles du Centre Pompidou
C'est reparti pour quatre jours de folie photographique : Paris Photo, ouvre ses portes jeudi au public, après la journée professionnelle mercredi. L'occasion comme tous les ans de s'en mettre plein les yeux. Le grand salon international de la photo fête sa 20e édition, au Grand Palais, et présente les plus belles acquisitions récentes du Centre Pompidou (du 10 au 13 novembre).
Publié
Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Paris Photo est bien un salon, où des galeries du monde entier paient très cher un emplacement pour vendre des images aux collectionneurs. Mais c'est aussi l'occasion pour le public, photographes du dimanche ou simples amateurs de photographie qui veulent bien se délester de 30 euros, de voir ou revoir plein de belles choses, des photos anciennes ou contemporaines, et de faire des découvertes.
Dès l'entrée, on est heureux d'être venu une fois de plus : on est accueilli par une très belle série de Pieter Hugo de grands portraits d'enfants sud-africains et rwandais. La série exposée par la galerie Stevenson (Cape Town et Johannesburg) est baptisée "1994" car ils ont en commun d'être tous nés après 1994, année qui a marqué l'histoire politique de leurs pays, le génocide d'un côté, les premières élections démocratiques de l'autre.
A côté la galerie Karsten Greve présente de grands tirages des photos au collodion humide de Sally Mann : des paysages sombres et irréels du sud américain, des lieux chargés d'une histoire dramatique de guerre et de barbarie.
Comme ces deux dernières, un certain nombre de galeries choisissent de mettre l'accent sur un seul artiste, ce qui permet de s'immerger vraiment dans un univers. Ainsi on peut découvrir à la galerie Del Infinito de Buenos Aires deux séries d'Alberto Greco, pionnier de l'art informel en Argentine, qui faisait des performances et photographiait des gens avec des pancartes portant son nom.
La galerie Nordenhake consacre tout son espace à Michael Schmidt, une figure essentielle de la photo de l'après-guerre en Allemagne, avec des images de Berlin et de matières. Paci Contemporary (Brescia, Italie) se concentre sur les images envoûtantes du Brésilien Mario Cravo Neto, qui a travaillé sur l'imaginaire du candomblé, religion syncrétique des Noirs de son pays, faisant contraster leur peau avec la blancheur de poulets rituels.
A voir aussi, chez Equinox (Vancouver), les images de Fred Herzog, un pionnier de la couleur comme Ernst Haas, Joel Meyerowitz ou William Eggleston, qui dès les années 1950 a pratiqué la photo de rue dans les tons chauds du Kodachrome.
Dans les grandes galeries, on trouvera des merveilles, comme d'habitude : chez Gagosian, deux sublimes « Flowers » presque abstraites de Cy Twombly côtoient une écorce d'arbre de Jeff Wall ou un autoportrait de Cindy Sherman. Tandis que le New-Yorkais Howard Greenberg accumule des natures mortes de Sudek, une petite fille hallucinée de Diane Arbus, les douces couleurs new-yorkaises de Saul Leiter et une série importante de Leon Levinstein, photographe de rue américain qui saisissait si bien, par effraction, les visages des passants.
On dira encore cette année que les 153 galeries présentes (parmi lesquelles 37 nouvelles) viennent surtout du monde occidental. On compte sur les doigts d'une main les galeries d'Amérique latine (une argentine, deux mexicaines) ou d'Asie (une de Bangalore, une de Hong Kong, une de Taipei, deux de Tokyo, une de Shanghai).
Temps fort du salon cette année, le Centre Pompidou occupe un grand espace dans la mezzanine où il présente dix ans d'acquisitions de photographies, ou plutôt une sélection d'une centaine d'oeuvres qui ont rejoint une des plus importantes collections en Europe. Car le Centre a acquis depuis 2007 11.841 oevres photographiques. Des "Mouches" surréalistes de Jacques-André Boiffard ou des "Sculptures involontaires" de Brassaï aux photomatons d'enfants de Mathieu Pernot, d'une série d'August Sander sur les artistes à la fin des années 1920 en Allemagne à la "Jeune fille à la fleur" contre le Vietnam de Marc Riboud...
Et Paris Photo développe ce qu'il appelle ses "Prismes" : une quinzaine de gros plans sur des artistes, pour lesquels plusieurs galeries sont parfois associées. Avec la poignante série de Bettina Rheims sur les détenues. Celle tout aussi poignante d'Antanas Sutkus de survivants juifs lituaniens des camps nazis. Ou les 138 photos de la série Fushikaden (1978) de Issei Suda, accrochées serrées, qui traduisent les sentiments du photographe face au quotidien du Japon. Et encore le Paris de William Klein avec un assemblage de 33 tirages inédits de l'Américain installé dans notre capitale.
Tout le long du week-end, des signatures de livres permettront de rencontrer des photographes et une série d'entretiens sont organisés sur différents thèmes, par exemple "Comment collectionner la photographie aujourd'hui ?" avec Clément Chéroux et Karolina Lewandowska du Centre Pompidou.
Dès l'entrée, on est heureux d'être venu une fois de plus : on est accueilli par une très belle série de Pieter Hugo de grands portraits d'enfants sud-africains et rwandais. La série exposée par la galerie Stevenson (Cape Town et Johannesburg) est baptisée "1994" car ils ont en commun d'être tous nés après 1994, année qui a marqué l'histoire politique de leurs pays, le génocide d'un côté, les premières élections démocratiques de l'autre.
A côté la galerie Karsten Greve présente de grands tirages des photos au collodion humide de Sally Mann : des paysages sombres et irréels du sud américain, des lieux chargés d'une histoire dramatique de guerre et de barbarie.
Alberto Greco, Michael Schmidt et Mario Cravo en vedette de leur galerie
Comme ces deux dernières, un certain nombre de galeries choisissent de mettre l'accent sur un seul artiste, ce qui permet de s'immerger vraiment dans un univers. Ainsi on peut découvrir à la galerie Del Infinito de Buenos Aires deux séries d'Alberto Greco, pionnier de l'art informel en Argentine, qui faisait des performances et photographiait des gens avec des pancartes portant son nom.La galerie Nordenhake consacre tout son espace à Michael Schmidt, une figure essentielle de la photo de l'après-guerre en Allemagne, avec des images de Berlin et de matières. Paci Contemporary (Brescia, Italie) se concentre sur les images envoûtantes du Brésilien Mario Cravo Neto, qui a travaillé sur l'imaginaire du candomblé, religion syncrétique des Noirs de son pays, faisant contraster leur peau avec la blancheur de poulets rituels.
A voir aussi, chez Equinox (Vancouver), les images de Fred Herzog, un pionnier de la couleur comme Ernst Haas, Joel Meyerowitz ou William Eggleston, qui dès les années 1950 a pratiqué la photo de rue dans les tons chauds du Kodachrome.
Un salon toujours très occidental
Dans les grandes galeries, on trouvera des merveilles, comme d'habitude : chez Gagosian, deux sublimes « Flowers » presque abstraites de Cy Twombly côtoient une écorce d'arbre de Jeff Wall ou un autoportrait de Cindy Sherman. Tandis que le New-Yorkais Howard Greenberg accumule des natures mortes de Sudek, une petite fille hallucinée de Diane Arbus, les douces couleurs new-yorkaises de Saul Leiter et une série importante de Leon Levinstein, photographe de rue américain qui saisissait si bien, par effraction, les visages des passants.On dira encore cette année que les 153 galeries présentes (parmi lesquelles 37 nouvelles) viennent surtout du monde occidental. On compte sur les doigts d'une main les galeries d'Amérique latine (une argentine, deux mexicaines) ou d'Asie (une de Bangalore, une de Hong Kong, une de Taipei, deux de Tokyo, une de Shanghai).
Le Centre Pompidou présent dix ans d'acquisitions
Temps fort du salon cette année, le Centre Pompidou occupe un grand espace dans la mezzanine où il présente dix ans d'acquisitions de photographies, ou plutôt une sélection d'une centaine d'oeuvres qui ont rejoint une des plus importantes collections en Europe. Car le Centre a acquis depuis 2007 11.841 oevres photographiques. Des "Mouches" surréalistes de Jacques-André Boiffard ou des "Sculptures involontaires" de Brassaï aux photomatons d'enfants de Mathieu Pernot, d'une série d'August Sander sur les artistes à la fin des années 1920 en Allemagne à la "Jeune fille à la fleur" contre le Vietnam de Marc Riboud...Et Paris Photo développe ce qu'il appelle ses "Prismes" : une quinzaine de gros plans sur des artistes, pour lesquels plusieurs galeries sont parfois associées. Avec la poignante série de Bettina Rheims sur les détenues. Celle tout aussi poignante d'Antanas Sutkus de survivants juifs lituaniens des camps nazis. Ou les 138 photos de la série Fushikaden (1978) de Issei Suda, accrochées serrées, qui traduisent les sentiments du photographe face au quotidien du Japon. Et encore le Paris de William Klein avec un assemblage de 33 tirages inédits de l'Américain installé dans notre capitale.
Tout le long du week-end, des signatures de livres permettront de rencontrer des photographes et une série d'entretiens sont organisés sur différents thèmes, par exemple "Comment collectionner la photographie aujourd'hui ?" avec Clément Chéroux et Karolina Lewandowska du Centre Pompidou.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.