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"Pitchipoï" : Drancy-Auschwitz, un parcours photographique pour ne pas oublier

Deux photographes, deux générations, deux regards et un projet commun : parcourir Drancy à Auschwitz en train pour ne pas oublier. 1500 km de voies ferrées, une quarantaine de gares, 70 ans après le passage des premiers "trains de la mort", les photos de Simon Daval et Jean-François Lami racontent l'Histoire.
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
De 1942 à 1944, les trains de Drancy arrivaient en Pologne au camp d'Auschwitz
 (In-Two.fr)

De mars 1942 à août 1944, près de 74 000 Juifs sont déportés depuis la France vers l’Est. Auschwitz, principal camp de mise à mort est la destination de la plupart d’entre eux.

Le travail photographique de Simon Daval et Jean-François Lami sert de témoignage et de réflexion 70 ans après la Shoah
 (In-Two.fr)
70 ans plus tard, Jean-François Lami et Simon Daval, deux photographes Belfortains décident de refaire le chemin entre Drancy et Auschwitz. C'est le projet In-Two. Leurs photos racontent leur ressenti de photographes face aux horreurs perpétrées par le régime nazi. Une démarche artistique en forme de regard croisé, doublée d'une profonde volonté de transmission. 

"Un devoir de mémoire incontournable qui propose une autre porte d'entrée dans l'Histoire" précise Jean-François Lami. 

Rencontre avec les deux auteurs qui racontent l'histoire de leur voyage et de leurs images.

Reportage : M. Buzon / D. Martin / Y. Faivre

Un voyage qui se vit en images
Au départ In-Two est un projet basé sur une relation d'amitié entre les deux photographes Jean-François Lami et Simon Daval.
Pitchipoï - In two Simon Daval et Jean François Lami 
 (In-Two.fr)
"Pitchipoï" est venu assez naturellement d'une envie commune : "Nous avions envie depuis longtemps d'aller photographier à Auschwitz : pour Jean-François de s'y confronter pour la première fois, non sans appréhension, et pour moi, d'y retourner avec un peu plus de bagage photographique (j'y étais déjà allé à l'âge de 16-17 ans). Nous avons choisi de parcourir Drancy-Auschwitz en suivant les voies ferrées sur lesquelles passaient les trains de la mort. Grâce à des récits retrouvés dans différents carnets, le Mémorial de la Shoah a pu nous donner la liste précise des villes et villages où ils passaient." raconte Simon Daval.
 
De leur voyage, Jean-François Lami et Simon Daval ont rapporté des centaines de clichés montés dans un film qui interroge le sens de ce voyage.
Pitchipoï est le nom yiddish qui désigne un petit monde imaginaire. Il est utilisé au camp de Drancy par les internés pour désigner la destination inconnue des convois de déportation vers l’est.

"Personne ne savait ce que cela voulait dire, et nous pensions en réalité que nous irions en Allemagne, dans un camp de travail comme on nous l’avait dit." Simone Lagrange – Convoi n°76 du 30 juin 1944. 
Auschwitz-Birkenau (Pologne)
 (In-Two.fr)
Ce néologisme est apparu parmi les enfants dans le camp de Drancy. L'un de ces enfants s'appelait Jean-Claude Moscovici. Il écrit dans son livre "Voyage à Pitchipoï". " Pitchipoï", c'est aussi un film de Charles Najman qui sortira en salle le 4 février 2015.
  (In-Two.fr)
Le projet de Jean-François Lami et Simon Daval est homologué dans le cadre du 70e anniversaire de la victoire contre le nazisme.
Pour la suite, les deux auteurs d'In-Two cherchent encore des financements pour mettre en place des expositions, projections ou éditer un ouvrage. 

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