Quand les Normands apprenaient à nager au XIXe siècle : à Paluel, l'exposition "Les pieds dans l'eau" raconte l'histoire en caricatures

Faire "trempette" au Havre est une habitude estivale pour beaucoup. Deux siècles plus tôt, les plages normandes étaient le théâtre de coutumes bien plus étranges...
Article rédigé par Inas Hamou Aldja
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Il fut un temps où les bains de mer normands étaient un spectacle à ciel ouvert... (FRANCE 3)

Bouée, paddle et crème solaire : chaque été les plages normandes sont prisées par les vacanciers et c'était déjà le cas en 1820, à peu de chose près. Les plages jusque-là réservées aux pécheurs, voient arriver les premiers baigneurs, ne sachant alors même pas encore nager. Pour replonger avec le sourire dans cette époque, le Clos des Fées, à Paluel (Normandie), accueille jusqu'au 8 septembre une exposition intitulée Les pieds dans l'eau.

Gratuite et ouverte à tous, elle emmène les visiteurs dans l'univers des bains de mer à travers le regard satirique des artistes du XIXe siècle.

Les bains de mer et le littoral normand vu par les caricaturistes exposés jusqu'au 8 septembre à Paluel.
Drôles de bains de mer Les bains de mer et le littoral normand vu par les caricaturistes exposés jusqu'au 8 septembre à Paluel. (FRANCE 3 Normandie : E. Stenfeld / C. Heudes / P. Cadinot)

 À l’origine, ce n’était pas pour le plaisir que l’on se rendait sur les plages normandes. Dès les années 1820, se baigner relevait d'une activité dite "médicale", censée guérir des maux comme la rage ou la gale. "Ils étaient persuadés que la mer détenait un but thérapeutique", explique Bruno Delarue, commissaire de l'exposition et collectionneur passionné, fier de partager une étonnante anecdote : "Un chien d’Henri IV, mordu par un autre, aurait fait un convoi spécial à Dieppe pour se soigner en se baignant." 

C'est Bruno Delarue qui a rassemblé cette série de dessins satiriques publiés entre 1820 et 1920. Ces œuvres, signées par des artistes renommés tels que Daumier, Draner, Cham ou Gerbault, illustrent les habitudes balnéaires de l’époque en en soulignant avec sarcasme les travers. 

Le "bain à la lame"

Les caricatures exposées dépeignent une classe sociale noyée dans ses convenances, se prêtant alors à des scènes inattendues. Loin d'être une simple détente, les bains de mer deviennent un sujet de raillerie. "Le costume de bain déjà était ridicule", sourit Bruno Delarue. Les femmes arrivaient en crinoline sur la plage, et la façon dont on apprenait à nager était tout aussi cocasse.

L’une des pratiques les plus curieuses de l’époque, à découvrir dans l'exposition, est le "bain à la lame" : un baigneur expérimenté devait emmener un novice suffisamment loin dans l'eau pour le plonger tête la première, en le tenant par les chevilles. C’était, dans ce temps, une manière improvisée mais courante d’apprendre à nager.

En Normandie, la technique du "bain à la lame", consister à apprendre à nager, la tête dans l'eau. (France 3)

Avant de devenir un lieu de loisir, les plages étaient réservées à ceux qui y travaillaient. Ce n'est qu'avec l'évolution des mœurs que la baignade a transformé les rivages en lieux de rencontre pour les élites. Il faudra attendre 1936 et l’instauration des congés payés pour que les classes ouvrières commencent à investir les plages normandes, tandis que la bourgeoisie se tournait vers la Côte d’Azur. 

Exposition "Les pieds dans l’eau", au Clos des Fées, à Paluel (Seine-Maritime) jusqu'au 8 septembre. Entrée gratuite.

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