Tom Wood expose 40 ans de paysages à Paris
Il est difficile de caractériser la photographie de Tom Wood, elle est instinctive, sans principes formels. Tom Wood photographie comme il respire, toute la journée, autour de lui, là où il vit. Pendant 25 ans, il a habité près de Liverpool et a photographié la vie des gens de la ville, dans les bus qu'il prenait quotidiennement, les enfants dans la rue, les adolescents dans une boîte de nuit au coin de sa rue, où il se rendait trois fois par semaine. En effet, plutôt discret et timide, il photographie les gens de près et a besoin de venir et revenir dans un endroit pour qu'on s'habitue à lui, pour se fondre en quelque sorte dans le paysage.
Ses photos urbaines ont été exposées partout, elles ont fait l'objet de livres. On les a vues en 2005 au Château d'eau à Toulouse, en 2012 au festival Images singulières à Sète et au Centre d'art GwinZegal de Guingamp.
Panoramiques gallois à la galerie Sit Down
Mais celui qu'à Liverpool on a baptisé "photie man" (le type qui fait des photos) à force de le voir traîner avec son appareil, fait aussi des paysages depuis toujours. En Irlande où il est né, dans le comté de Mayo (ouest), pays que ses parents ont quitté pour l'Angleterre quand il était petit et où il est retourné régulièrement. Et au pays de Galles, où il s'est installé il y a une douzaine d'années pour, justement, se concentrer sur le paysage.On pourrait dire que sa photographie est empathique. Il semble aimer les gens qu'il photographie ("j'aime les visages", dit-il), tout comme les paysages.
Ce sont ses images galloises qu'il expose à la galerie Sit Down, des photographies panoramiques en couleur faites avec un appareil argentique Noblex qui déforme parfois la vue. Les personnes sont rares hormis quelques promeneurs assis sur une hauteur, regardant au loin, ou un homme, debout tout seul au milieu d'un champ, scrutant l'horizon.
En toute saison, Tom Wood parcourt la campagne, à pied, à vélo ou en bus, captant la douce lumière de l'hiver sur un arbre dénudé, quelques moutons dans l'ombre d'arbres en fleurs, dans une verdure tendre de printemps.
Un coloriste subtil
En coloriste subtil, il parsemait ses photos de ville grise de taches vives. Là, il se réjouit des mille nuances de vert dans les différents plans de la végétation.Au Centre culturel irlandais, Tom Wood parcourt 40 ans de paysages, depuis son enfance, en Irlande. En noir et blanc et en couleur. Dans une grande salle, l'exposition commence avec ses proches, des reproductions de vieilles photos à moitié effacées où il apparaît, bébé, dans les bras de son père. Sa grand-mère nourrissant les poules, les foins en famille.
Il y a l'Irlande, la campagne galloise et les paysages urbains de Liverpool. Les tirages, de format modeste, courent le long du mur de la grande salle d'exposition, accrochés dans des cadres différents, blancs, noirs, bois, ou simplement épinglés au mur ce qui contribue au côté "intime" de l'exposition.
Ici, la présence humaine est fréquente, on s'allonge dans la bruyère au bord d'un chemin ou on dort au pied d'un arbre. Le "paysage" peut être un intérieur ou pris de l'intérieur, derrière une vitre ruisselante qui déforme la vue sur la verdure environnante.
L'aboutissement d'années de travail
En noir et blanc, les routes qui brillent de pluie, la campagne dans le brouillard sont parfois désertes mais au détour d'une route, une jeune femme surgit, de face, un peu floue. L'image date de 1975. Dans un film de la BBC ("What Do Artists Do All Day") projeté dans l'exposition, Tom Wood raconte comment il a retrouvé cette fille quand, près de 40 ans plus tard, le succès venant, l'image est montrée dans des galeries et des livres. Il n'a pas l'impression de voler les images, il aime "rendre" de cette façon à ses sujets les portraits qu'il a faits.Dans le documentaire de la BBC, on le voit travailler en Irlande, dans un marché aux bestiaux, dans la campagne, dans un cimetière où sont enterrés des membres de sa famille, dans un pub un jour de match. Il explique comment il travaille, revenant inlassablement dans les mêmes lieux. A New Brighton, près de Liverpool, il se rendait tous les samedis au même marché. Pendant deux ans, il a passé deux jours par semaine sur un chantier naval.
Il raconte qu'il n'a jamais fait d'argent avec la photographie. Il avait trop de projets en cours qu'il avait du mal à terminer. Maintenant que des années de travail semblent trouver leur aboutissement, que ses photos sont montrées dans le monde entier, il s'étonne presque de vendre des tirages. "It's really good" (c'est super), conclut-il.
Tom Wood, "Cynefin, les paysages gallois", galerie Sit Down, 4 rue Sainte-Anastase, 75003 Paris, du mardi au samedi, 14h-19h, jusqu'au 20 décembre 2015
Tom Wood, "Paysages intimes", Centre culturel irlandais, 5 rue des Irlandais, 75005 Paris
Tous les jours sauf lundi et jours fériés, du mardi au samedi 14h-18h (jusqu'à 20h le mercredi), le dimanche de 12h30 à 14h30
Jusqu'au 10 janvier 2016
L'exposition sera fermée du 24 décembre au 4 janvier.
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