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"Utopies, espoirs, colères" : l'actualité en récits photographiques

La petite ville de Lectoure dans le Gers présente jusqu'au 11 septembre 2016 le travail d'une quinzaine de photographes venus du monde entier. Articulé autour de la thématique "Utopies, espoirs, colères", les artistes invités à l'été photographique rendent hommage aux événements tragiques qui ont endeuillés le monde ces dernières années.
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Détail de la "La Marche" de Taysir Batniji exposée à l'été photographique de Lectoure (32)
 (France 3 / Culturebox / Taysir Batniji )

Après une année marquée par une actualité chargée, le festival "Eté photographique de Lectoure" interroge la façon dont les artistes réagissent face à la violence, à l’injustice ou au désarroi. 

De la marche républicaine du 11 janvier au rite funéraire chez les Roms, de la fuite poétique sur les toits d'une médina marocaine aux dénudés mexicains, le parcours permet aux visiteurs de déambuler dans différents lieux de la ville pour découvrir les univers de 15 photographes et vidéastes.  
Reportage : J. Meurin / E. Coorevits / K. Glock


11 janvier 2015 : La marche des chefs d'Etats comme un papier peint

48 heures après les attentats du 7 janvier 2015, une marche historique réunissant 44 chefs d'Etat était organisée à Paris. Autour de François Hollande, les dirigeants et des dizaines de représentants d'organisations internationales marchent en silence bras dessus-bras dessous.
Une image qui évoque à la fois le tragique et la solidarité. Dans sa série Wallpaper, le photographe d'origine palestinienne Taysir Batniji s'approprie le moment de recueillement et le fixe tel un immense papier peint.         
Wallpaper « La marche », 2015 Impression numérique sur papier peint intissé
 (Taysir Batniji / ADAGP)

"Ces images qui nous envahissent, je voulais les intégrer dans mon travail au lieu de les subir. Les transformer en motifs de papier peint, c'est une façon de les figer. On est libre de se perdre dans ces images. Face à ce mur, le spectateur est amené à réagir, à se rapprocher, à s'impliquer. Dans mon travail, j'essaie d'évacuer le discours politique, le pathos, la sensiblerie. Je veux donner un point de vue différent du prisme médiatique.", confiait Taysir Batniji dans une intreview à la Dépêche du Midi.

Les dénudés mexicains de Clarisse Hahn 

Pour sa série vidéo "Notre corps est une arme", l'artiste française Clarisse Hahn s'est appuyée sur le mouvement contestataire mené par 400 paysans Mexicains. Chassés de leurs terres par le gouvernement  "Los desnudos" réclament justice depuis des années, mais personne ne fait attention à eux, comme s’ils n’existaient pas. Ils ont alors réfléchi à une nouvelle forme de lutte, pour mettre fin à cette indifférence: ils manifestent entièrement nus dans les rues de Mexico, deux fois par jour, jusqu’à obtenir gain de cause.
Clarisse Hahn "Los Desnudos", Mexique, 2012 Vidéo HD
 (C. Hahn Courtesy galerie Jousse Entreprise)

Les Caravanes des Roms brûlent dans l'objectif de Mathieu Pernot 

Dans la nuit, sur un terrain vague une caravane brûle et embrase le ciel. L'habitat habituel des Roms se consume sous les yeux d'une famille. Recueillis et absorbés dans leurs pensées, silencieux, ils ont les yeux baissés, comme s’ils ne voulaient pas voir ce qui se trouve devant eux. On imagine un incendie criminel mais il s'agit d'un rite funéraire. 20 ans après avoir assisté à ce moment émouvant, le photographe Mathieu Pernot est revenu sur les lieux pour remettre en scène l'image. 

Comment photographier les "invisibles ", comment faire une image de ceux qui revendiquent une forme d’opacité ? Comment inscrire ces images à la fois dans l’histoire de la photographie et dans celle de ces communautés invisibles ?

Mathieu Pernot
Mathieu Pernot Caravane, Arles, 2013, série Le Feu Épreuve jet d’encre contrecollée sur Dibond 120 x 150 cm
 (M. Pernot Courtesy Galerie Dupont, Paris)

Echappée belle sur les toits de la Médina avec Jordi Colomer

Avec Jordi Colomer, le visiteur est invité à prendre son envol. Sa vidéo (Parkour) qui le montre sauter de mur en mur sur les terrasses de la médina est une échappée poétique et fantasque. L'artiste dessine un itinéraire libre et parallèle faisant fi des murs érigés entre les propriétés. 
Vue de l'expo Jordi Colomer
 (L'été photographique )

 





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