: Vidéo Comment le Studio Harcourt tire le portrait des stars... et des anonymes
Le Studio Harcourt photographie depuis 1934 les plus grandes stars du cinéma et de la chanson. mais pas seulement. L’un de ses photographes lève le voile sur la fabrication d'un cliché destiné à traverser le temps… Extrait du magazine "13h15 le samedi".
Depuis quatre-vingt-cinq ans, le Studio Harcourt immortalise les artistes du cinéma et de la chanson… mais aussi des anonymes. Près de six millions de ces portraits en noir et blanc, dont beaucoup devenus mythiques, sont conservés par l'Etat dans un fort militaire, en banlieue parisienne, à l'abri des menaces du temps. Aller se faire tirer le portrait dans le studio des légendes, c’est se faire photographier comme une star : même traitement et même technique pour tout le monde…
Ce jour-là, Xavier Gary, l'un des photographes du studio, anime un atelier et révèle à des visiteurs quelques-uns des secrets de fabrication d’une cliché portant la griffe Harcourt. "Quand le modèle est aux mains de la maquilleuse, il est en ascension narcissique, explique-il. Je prends contact psychologiquement avec mon modèle, je l’observe, et repère toutes les asymétries du visage que je vais devoir ensuite compenser. Pourquoi une personne est-elle prête à payer 2 000 euros ? C’est forcément pour être plus belle en image que dans la réalité. C’est cela qu’on paie."
"Il faut emmener le modèle vers l’objectif"
Le photographe rentre ensuite dans les détails de la prise de vue : "Si on regarde objectivement le modèle, on voit que cet œil est un petit peu plus petit que l’autre. J’aurais donc tendance à le mettre sur ce profil. Avec la perspective, je vais rétablir la symétrie entre les deux yeux. Sur certains personnages, il y a un bon profil et l’autre est catastrophique… enfin, presque. Après, il faut déterminer une pause. Les trois-quarts des modèles ont un réflexe inconscient de défense et se mettent en position de défi. Ainsi, on a juste l’air prétentieux…"
"Il faut donc emmener le modèle vers l’objectif pour donner l’impression d’être très à l’aise, poursuit Xavier Gary. La lumière principale va ne frapper que le visage. Quand l’ombre du nez touche la bouche, la petite moustache hitlérienne, c’est une erreur professionnelle…" Et à l’heure des selfies, se sent-il menacé ? "Non, rien à voir. Avec un selfie, personne ne vous regarde. Il n’y a pas d’interprétation artistique. Avec les milliers de films, peintures ou dessins que j’ai vus, j’ai des références qui viennent me solliciter. Le selfie est juste un retournement narcissique, la réassurance que l’on existe. Cela n’a rien à voir avec le travail du portrait."
Extrait du magazine "13h15 le samedi" (replay) diffusé le 16 février 2019 sur France 2.
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