« Vis-à-vies » : Jeu de double photographique au musée Carnavalet
L’idée du projet photographique est née d’un trouble ressenti par le photographe la première fois où il a visité Carnavalet : regardant un gardien assis à côté d’un portrait du XVIIIe siècle, soudain, il « n’arrivai(t) plus à discerner ce qui était peint et ce qui était réel ». Son travail s’inscrit dans une recherche sur les correspondances entre réel et imaginaire.
Thomas Bilanges a décidé de proposer aux agents du musée de poser pour lui. Ils ont presque tous accepté de se prêter au jeu. Il les a saisis en moyen format noir et blanc avec le même cadrage, la même lumière, selon le même point de vue, dans un salon du bâtiment dont il avait fermé les rideaux. Il a demandé à chacun quel était son portrait préféré parmi ceux qui sont exposés au musée.
(Photos ci-dessus : A gauche, Catherine Pochylski et Portrait de femme dit de Marie Miraille, Jean-Philippe Meglio et Georges Danton par CM Charpentier - A droite, Catherine Tambrun et Enfant de la zone par A.Harlingue, Christophe Boschetti et « Au Nègre » enseigne de bijoutier)
Le photographe a travaillé d’abord sur les humains avant de photographier les œuvres, pour ne pas être influencé par les postures des portraits peints et dessinés.
Résultat, 180 diptyques : la photo de l’agent et celle de son œuvre préférée, tirées bord à bord dans la chambre noire. Et là, il se produit quelque chose de magique, une correspondance entre les deux personnages. Parfois, c’est une véritable ressemblance physique, entre deux figures qui n’ont souvent pas le même sexe, pas le même âge, pas la même couleur de peau. Parfois, c’est un sourire, une expression, qui semblent correspondre.
(photos ci-dessus : à gauche, Aurélien Frelin et Louis XVI par JS Duplessis, Philippe de Carbonnières et Eugène Delacroix par E.Callande de Champmartin - A droite, Catherine de Montial et la comtesse de Castiglione par JE Blanche, Moctar Ba et Mlle Lloyd par F.Schommer)
Thomas Bilanges a eu cette « révélation » seulement quelques mois plus tard, et c’est là le charme de la photographie argentique : il revoit alors les personnes qu’il a photographiées « mais cette fois fondues dans leur double et sous la lumière inactinique » Il ressent à nouveau « ce trouble entre le réel et ses représentations mais décuplé dans le labo ».
Il est difficile de deviner, dans ces sombres portraits serrés, quelle est la position de chacun dans le musée. En revanche, Thomas Bilanges voulait débusquer la singularité de chacun et ce sont des individualités bien marquées qu’il a su nous faire voir.
Les doubles portraits sont exposés côte à côte et couvrent un grand mur du premier étage du musée, au cœur des collections.
Vis-à-vies, photographies de Thomas Bilanges, Musée Carnavalet – Histoire de Paris (1er étage), 23 rue de Sévigné, 75003 Paris
Tous les jours sauf lundi et jours fériés, 10h-18h
accès gratuit
du 25 avril au 29 juillet 2012
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