Cet article date de plus de dix ans.

Visa pour l'image : la guerre du Vietnam vue par ceux du Nord

"Ceux du Nord", c’est le titre d’une exposition dédiée aux photographes qui ont couvert la guerre du Vietnam du côté des communistes, des vainqueurs. Doan Công Tinh, Chu Chi Thành, Maï Nam et Hua Kiem étaient sous les bombes des B52 américains. C’est donc leur guerre que les visiteurs peuvent découvrir à Perpignan, au festival Visa pour l’image jusqu’au 14 septembre 2014.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
1970. L’équipe radio d’un groupe d’assaut de l’armée nord-vietnamienne lors de l’offensive sur la ville de Quang Tri (détail)
 (Doan Công Tinh)

Il y a quarante ans, la guerre du Vietnam se terminait. Ce fut sans aucun doute l’une des guerres les plus médiatisées du vingtième siècle. Et le dernier conflit où les reporters ont eu un libre accès au terrain, du moins côté anticommuniste soutenu par les Américains.

En revanche, pour photographier dans les rangs du Nord, il fallait être membre du parti communiste, et cela depuis de nombreuses années. Peu de photographes occidentaux ont donc eu accès à cette zone de guerre. Seuls Roger Pic et Jean-Claude Labbé ont pu la couvrir. Ainsi, si nous avons tous en mémoire les photographies des reporters qui ont couvert le conflit aux côtés de ceux du sud, cette exposition propose de découvrir le travail de ceux du nord. Souvent des soldats vietnamiens devenus photographes. Des clichés rarement exposés à l'ouest. 

Reportage : L. Creusot / F. Savineau / J-Y. Olivier

La guerre des images 

Ces hommes et ces femmes ont payé un lourd tribut à leur métier. On estime que 450 journalistes vietnamiens sont morts entre 1947 et 1975. Un fusil dans une main, un appareil photo dans l'autre, beaucoup de ces reporters étaient des soldats au service de la propagande. Leur travail était censuré et devait remonter le moral des populations.

Ces photos furent publiées à l'époque dans les deux journaux officiels du Nord. Des clichés souvent censurés ou posés pour donner une image souriante de la guerre. Certaines photos furent détruites parce que trop négatives. Elles n'en restent pas moins de formidables témoignages sur l'autre versant du conflit, en montrant par exemple l'engagement de tout un peuple, et notamment des femmes, au plus près des combats. 
16 novembre 1967. Un vieux milicien de la province de Quang Binh vient d’abattre un avion F4H.
 (Chu Chi Thành)
Nguyen Thi Hien, héroïne de guerre

En 1966, alors qu'elle n'a que 19 ans, Nguyen Thi Hien est chef de l’escouade de la milice à Yen Vuc, district de Ham Rong, province de Thanh Hoa. Elle a survécu à plus de 800 raids aériens et a été enterrée vivante à quatre reprises lors des explosions des bombes de B-52.
1966. La milicienne Nguyen Thi Hien 
 (Maï Nam)
Patrick Chauvel, reporter de guerre avec "ceux du sud"

Reporter de guerre depuis qu'il a 18 ans, Patrick Chauvel a couvert la guerre du Vietnam côté sud. Il a parcouru d'autres terrains de conflits depuis. A travers cette exposition, il a voulu apporter un autre regard sur cette guerre et surtout éclaircir un point qui le hantait à l'époque : "quand je voyais les collines bombardées au napalm, j'avais une pensée pour les collègues d'en face". Les vietnamiens lui ont raconté leur guerre et leurs conditions de travail. Des conditions extrêmes. Ils devaient parfois marcher des kilomètres et traverser pendant des jours la jungle pour livrer leurs pellicules. Patrick Chauvel a également coédité le livre "Ceux du Nord", première production avec cette exposition de la Fondation qui porte son nom. 
9 mars 1973. Les prisonniers Nord-vietnamiens libérés par les Sud-Vietnamiens courent vers leurs compagnons d’armes.
 (Chu Chi Thành)
 Retrouvez le programme des expositions de la 26e édition de Visa pour l'image ici

"Ceux du Nord" de Patrick Chauvel
(Les Arènes-Fondation Patrick Chauvel)
140 photos, 160 pages - 29,99 euros


A lire également de Patrick Chauvel
"Rapporteur de guerre" , "Sky " et "Les pompes de Ricardo Jesus".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.