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Visa pour l’image : des clichés de la révolte iranienne pris par la population exposés au festival du photojournalisme de Perpignan

Parce qu’il a été quasiment impossible pour la presse de couvrir les soulèvements en Iran de septembre 2022, le festival a choisi de présenter des photos diffusées sur les réseaux sociaux. Des témoignages visuels forts.
Article rédigé par Véronique Dalmaz
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le visage de Mahsa Amini, l'étudiante décédée après son arrestation pour ne pas avoir porté correctement son voile, projeté sur la façade d’un immeuble de Téhéran (25 octobre 2022). C'est l'un des clichés de l'exposition "Révoltes en Iran". (Photographe anonyme)

La 35e édition de Visa pour l’image vient de s’ouvrir. Cette année, plusieurs expositions et projections sont consacrées au dérèglement climatique. Mais comme toujours, le festival se penche sur les grands événements et conflits qui se déroulent dans le monde : la crise des migrants, la guerre en Ukraine ou encore la révolte en Iran.

Visa pour l'image : expo Révoltes en Iran
Visa pour l'image : expo Révoltes en Iran Visa pour l'image : expo Révoltes en Iran (France 3 Languedoc-Roussillon : R. Sabathier / L. Galy / V. Portela-Rosa / P. Sportiche)

Des photos des réseaux sociaux à Visa : une première 

Le 16 septembre 2022, Mahsa Amini, une étudiante iranienne interpellée trois jours plus tôt pour  "un voile mal porté" décède. Elle était dans le coma depuis son arrestation. Des témoins affirment qu’elle a été frappée par la police. Le pays s’embrase. Les manifestations hostiles au régime se multiplient dans les semaines qui suivent. Certaines femmes brûlent publiquement leur voile et se coupent les cheveux. La répression du régime est violente avec plusieurs centaines de morts et l’arrestation de plusieurs dizaines de milliers d’opposants. Des évènements dramatiques dont les médias ont bien du mal à rendre compte en images. Aucun visa n’est accordé aux reporters pour couvrir les manifestations. S’y rendre encore aujourd’hui "est une promesse d’emprisonnement, de torture, voire de mort" affirme Jean-François Leroy, directeur de Visa pour l’image. Mais sur X (ex Twitter) et Instagram, la population postent photos et vidéos qui montrent, jour après jour, l’ampleur de cette révolte. De précieux témoignages que le festival a choisi de présenter. Exposer des clichés d’anonymes publiés sur les réseaux sociaux, Visa pour l’image ne l’avait jamais fait. C’est une première.

Lors des funérailles de Mahsa Amini, les femmes retirent leurs foulards en signe de protestation en criant "À bas le dictateur", et scandent pour la première fois "Femme, vie, liberté", qui deviendra le cri de ralliement des contestataires. Saqqez, Kurdistan iranien, 17 septembre 2022. (Photographe anonyme)

Des clichés authentifiés 

L’authenticité de ces clichés a été soigneusement vérifiée par des journalistes du quotidien Le Monde et des experts iraniens car, sur les réseaux sociaux, circulent des images de propagande. Pour les identifier, "il y a des signes qui ne trompent pas comme la présence de drapeaux iraniens partout, de femmes souvent voilées en noir" explique Marie Sumalla, co-commissaire de l'exposition et rédactrice photo au Monde. Entrer en contact avec les auteurs des photos n’a pas non plus été toujours faciles.   "WhatsApp et Instagram sont souvent bloqués. Pour pouvoir parler à ces gens-là, je me levais tôt le matin, à 4 heures, parce qu’il y avait moins de problèmes sur internet. Je leur envoyais des messages. Ils me répondaient parfois trois jours plus tard faute de connexion" raconte Ghazal Golshiri, également co-commissaire de l'exposition et journaliste au service international du Monde. Avec cette exposition Révoltes en Iran, l’esthétisme n’est certes pas au rendez-vous. Un choix assumé par le festival qui, ici, privilégie l’information aux belles photos.

35e édition Visa pour l’image - Des expositions, projections et rencontres dans divers lieux de Perpignan - Entrée libre, tous les jours de 10h à 20h - Jusqu’au 17 septembre 2023

 

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