Visa pour l’image : des clichés de la révolte iranienne pris par la population exposés au festival du photojournalisme de Perpignan
La 35e édition de Visa pour l’image vient de s’ouvrir. Cette année, plusieurs expositions et projections sont consacrées au dérèglement climatique. Mais comme toujours, le festival se penche sur les grands événements et conflits qui se déroulent dans le monde : la crise des migrants, la guerre en Ukraine ou encore la révolte en Iran.
Des photos des réseaux sociaux à Visa : une première
Le 16 septembre 2022, Mahsa Amini, une étudiante iranienne interpellée trois jours plus tôt pour "un voile mal porté" décède. Elle était dans le coma depuis son arrestation. Des témoins affirment qu’elle a été frappée par la police. Le pays s’embrase. Les manifestations hostiles au régime se multiplient dans les semaines qui suivent. Certaines femmes brûlent publiquement leur voile et se coupent les cheveux. La répression du régime est violente avec plusieurs centaines de morts et l’arrestation de plusieurs dizaines de milliers d’opposants. Des évènements dramatiques dont les médias ont bien du mal à rendre compte en images. Aucun visa n’est accordé aux reporters pour couvrir les manifestations. S’y rendre encore aujourd’hui "est une promesse d’emprisonnement, de torture, voire de mort" affirme Jean-François Leroy, directeur de Visa pour l’image. Mais sur X (ex Twitter) et Instagram, la population postent photos et vidéos qui montrent, jour après jour, l’ampleur de cette révolte. De précieux témoignages que le festival a choisi de présenter. Exposer des clichés d’anonymes publiés sur les réseaux sociaux, Visa pour l’image ne l’avait jamais fait. C’est une première.
Des clichés authentifiés
L’authenticité de ces clichés a été soigneusement vérifiée par des journalistes du quotidien Le Monde et des experts iraniens car, sur les réseaux sociaux, circulent des images de propagande. Pour les identifier, "il y a des signes qui ne trompent pas comme la présence de drapeaux iraniens partout, de femmes souvent voilées en noir" explique Marie Sumalla, co-commissaire de l'exposition et rédactrice photo au Monde. Entrer en contact avec les auteurs des photos n’a pas non plus été toujours faciles. "WhatsApp et Instagram sont souvent bloqués. Pour pouvoir parler à ces gens-là, je me levais tôt le matin, à 4 heures, parce qu’il y avait moins de problèmes sur internet. Je leur envoyais des messages. Ils me répondaient parfois trois jours plus tard faute de connexion" raconte Ghazal Golshiri, également co-commissaire de l'exposition et journaliste au service international du Monde. Avec cette exposition Révoltes en Iran, l’esthétisme n’est certes pas au rendez-vous. Un choix assumé par le festival qui, ici, privilégie l’information aux belles photos.
35e édition Visa pour l’image - Des expositions, projections et rencontres dans divers lieux de Perpignan - Entrée libre, tous les jours de 10h à 20h - Jusqu’au 17 septembre 2023
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