Visa pour l’image : les premiers exilés climatiques des Etats-Unis immortalisés par la photographe Sandra Mehl
L’Isle de Jean-Charles, qui se situe à l’extrémité de la Louisiane, n’existe presque plus. Cette terre qui a abrité jusqu’à 500 habitants ne mesure plus que 300 mètres de large. En cause : la montée des eaux. La plupart de ses habitants n’y habitent plus depuis 2022. Relogés par le gouvernement, ils sont considérés comme les premiers exilés climatiques des Etats-Unis.
98 % de la surface de l'île perdue
"Moi pendant 7 ans, j’ai vu des gens se déplacer, des maisons disparaître, être détruites, une nature évoluée" raconte Sandra Mehl au public venu voir son exposition. La photographe, qui collabore régulièrement avec Le Monde et le Washington Post, s’est intéressée dès 2016 à la terrible histoire de ces Amérindiens francophones de Louisiane. Elle se rendra six fois sur place jusqu’en 2023. Ses clichés captent le quotidien et le désarroi de ces habitants qui vont devoir quitter une terre sur laquelle ils ont toujours vécu. Depuis 1955, l’île a perdu 98% de sa surface grignotée par la montée des eaux, l’érosion côtière, les ouragans de plus en plus virulents suite au dérèglement climatique. L’industrie pétrolière, très présente, dans le Golfe du Mexique a aussi sa part de responsabilité. En 2016, 48 millions de dollars sont débloqués pour financer un programme de relogement. Un lotissement est construit à 70 km au nord de l’Isle de Jean-Charles. En 2022, après un énième ouragan qui en août 2021 a dévasté l’île, les habitants rejoignent leur nouvelle maison. Une trentaine de foyers sont concernés. Une nouvelle vie que Sandra Mehl a bien sûr photographiée.
De la sociologie à la photographie
Être à l’affiche du festival Visa pour l’image est une consécration pour cette Héraultaise, origine de Sète. "J’ai grandi dans le sud de la France, je me souviens des grandes affiches partout sur les bords des routes. C’est un festival que je regardais avec les yeux qui brillent quand j’étais adolescente. Donc aujourd’hui, je réalise un rêve. C’est une joie énorme" raconte enthousiaste la photographe. Une belle reconnaissance, d’autant plus que rien ne prédestinait Sandra Mehl à épouser cette profession. Sociologue de formation, il y a encore une dizaine d’années, elle travaillait dans la fonction publique. Son premier reportage, elle le fera en Palestine en prenant des jours de congé. C’est finalement une série de photos prise dans sa région qui la fera connaître. En 2015, elle suit deux adolescentes d’une cité populaire de Montpellier, Ilona et Maddelena. Un reportage qui remportera de nombreux prix et lancera sa carrière.
35e édition Visa pour l’image - Des expositions, projections et rencontres dans divers lieux de Perpignan - Entrée libre, tous les jours de 10h à 20h - Jusqu’au 17 septembre 2023.
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