World Press Photo : polémique autour d'un reportage primé sur Charleroi
Le jury "ne voit aucune raison de mettre en doute l'intégrité du photographe dans l'exercice de son travail. Aucun fait trompeur n'a été découvert dans les légendes des photos", indiquait lundi un communiqué publié sur le site du prestigieux concours de photojournalisme.
Le World Press Photo a précisé avoir mené une "enquête" sur l'affaire, à la demande du bourgmestre (maire) de Charleroi, Paul Magnette, qui avait adressé une lettre de protestation la semaine dernière.
L'élu socialiste avait jugé que les photos de Troilo constituaient une "sérieuse déformation de la réalité qui porte préjudice à la ville de Charleroi et à ses habitants, ainsi qu'à la profession de photojournaliste".
Cette série de dix clichés intitulée "La ville noire" avait reçu en février le premier prix de la catégorie +problématiques contemporaines+. Visible sur le site www.worldpressphoto.org, elle dépeint une ville rongée par la pauvreté, aux habitants marqués par le déclin industriel.
Mises en scène ?
L'élu jugeait que ces photos, dont certaines "visiblement des mises en scène" selon lui, bafouaient les "codes de l'éthique journalistique". Selon World Press Photo, le maire a opéré un amalgame entre les légendes des clichés retenus par le concours et des textes publiés par ailleurs sur le site du photographe italien.
S'il reconnait que des clichés ont été pris sur la base d'un dialogue entre le photographe et les personnes photographiées, le World Press Photo souligne aussi qu'ils ne peuvent être qualifiés de "mises en scène".
Cette définition suppose que le photographe montrerait "quelque chose qui n'aurait pas eu lieu" sans son intervention, ce qui n'est pas le cas en l'occurrence, affirment les organisateurs.
Polémique
Des explications qui n'ont pas suffi à apaiser bon nombre de professionnels. Ainsi par exemple, c'est le cousin du photographe qui pose en train de forniquer dans une voiture.
Dans le "Monde" daté du 3 mars de grands noms de la profession manifestent leur inquiétude : "Ils viennent de se tirer une balle dans le pied", réagit Jean-François Leroy, directeur du festival Visa pour l'image. "Ils ont perdu toute crédibilité". Le photographe Thomas Vanden Driessche se dit "choqué pour tous les gens, qui eux, ne mettent pas en scène, et ne jouent pas sur le flou des images".
Autre réaction celle de Bruno Stevens, ex lauréat du prix World Press : "ce n'est pas le boulot qui est en cause, c'est juste qu'il n'est pas rangé dans la bonne case. On est dans la fiction, le studio. Ce n'est pas du photojournalisme".
Le directeur de Visa pour l'image, se poserait la question de maintenir à Perpignan, la traditionnelle exposition des lauréats du World Press Photo
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