Picasso.Mania au Grand Palais, le visiteur sonné
Il faut d'abord plusieurs heures pour parcourir comme il faut les 15 salles de l'exposition mais surtout plusieurs heures pour digérer tout ce qu'on voit. Il y a, par exemple, cette salle où on reste ébahi devant une série de toiles cubistes de Picasso. Le Guitariste , Le Violon , Verre et paquet de tabac … Les toiles sont accrochées sur le même mur, toutes proches les unes des autres, comme l'artiste lui-même le faisait dans son atelier. L'ensemble est absolument renversant. Et, dans la salle d'à côté, on tombe alors sur le britannique David Hockney. Notamment sur ces collages de photographies dans les années 80. Le lien est évident. Alors on s'amuse à aller et venir d'une salle à l'autre.
Passer de Pablo Picasso à Roy Lichtenstein, Jasper Johns, Martin Kippenberger, Jeff Koons - l’artiste vivant le plus cher du monde, qui possède Le Baiser de Picasso, une toile qui date de 1969 et qui lui a carrément "changé la vie" .
Pour Olivier Widmaier Picasso, le petit-fils de l'artiste, "On n’échappe pas à Picasso quand on est peintre parce qu’au-delà de l’œuvre il y a également l’image qui s’est renforcée avec ce 20e siècle dans lequel il a lui-même compris que l’image était importante.
Thomas Houseago, un artiste anglais de 43 ans, est présent dans cette exposition avec une énorme sculpture en plâtre, une sorte de squelette géant, une créature monstrueuse appelée Baby. Une œuvre très forte. Cette force, il la doit à Pablo Picasso. A 15 ans, il a vu une exposition de l’artiste espagnol et cela a fait naître quelque chose en lui.
Expliquer Picasso ?
Impossible. "On ne pense pas Picasso, on le subit ", assène Vincent Corpet, représenté dans cette exposition. L’artiste français explique qu’il a été "happé" par Pablo Picasso, qu’il a "plongé" dans les années 80. "Je me suis planté dedans pendant quatre ans, " dit-il. "J’ai d’ailleurs fait toute une série de tableaux que j’ai appelé Picasso, ça a été ma période Picasso et puis ça a été réglé ".
Des descendants ? Non, d’après lui. "Enfermez deux enfants dans un placard. L’un avec toute l’œuvre de Picasso. L’autre avec toute l’œuvre de n’importe qui, Pollock, Matisse, Rubens ou Duchamp… On les fait sortir dans la vie, dans le monde, lequel des deux est capable de voir tout ? Il n’y en a qu’un, c’est celui qui sortira avec Picasso. Picasso nous permet de voir l’art depuis le début jusqu’à aujourd’hui. Il y a tout ce qu’on peut faire avec un crayon et une main ".
Une expo dont on ressort sonné
Même si les emblématiques Demoiselles d'Avignon et Guernica manquent, on est sonné par les formes, les couleurs, l’énergie, la vitalité, "l’appétit" de Picasso comme l’observe Yan Pei-Ming. L’artiste chinois dit du génie espagnol qu’il "avale tout" , qu'il n'est "jamais rassasié" . Dans cette exposition, on est sonné par la joie aussi, l’humour qui se dégage de ces toiles mais surtout leur formidable liberté.
Picasso.mania jusqu’au 29 février 2016 au Grand Palais à Paris
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