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Plantu exposé à la BNF : "J’ai toujours l’impression d’être un escroc"

A 67 ans, Plantu compte déjà un demi-siècle de dessin de presse derrière lui, dont une part a fait la Une du journal Le Monde. Une longévité à laquelle rend hommage la Bibliothèque nationale François-Mitterrand en exposant jusqu'au 20 mai 150 de ses dessins. L’occasion pour cet éternel enthousiaste de parler de ses débuts et des évolutions du métier de dessinateur de presse.
Article rédigé par Chrystel Chabert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les dessins de Plantu font désormais partie du "patrimoine national". Une expression qui fait sourire le dessinateur !
 (France 3 Culturebox)

Jean Plantureux alias Plantu n’est pas seulement exposé à la BNF, comme le furent avant lui Wolinski et Willem,  il "entre" à la BNF. Le dessinateur a en effet cédé 500 œuvres à l’institution. Il lui a aussi confié en dépôt 30 000 autres dessins qui retracent cinquante ans de carrière. "Toutes les œuvres qui entrent à la BNF appartiennent au patrimoine national. Les dessins de Plantu appartiennent dorénavant à tout le monde" a déclaré la commissaire de l'exposition Martine Mauvieux, conservateur, chargée des collections de presse.
 
Interrogé par nos confrères de France 3 Paris Ile-de-France sur cette "entrée" au patrimoine national, Plantu sourit en disant que lui se voit toujours "comme l’ancien écolier qui galérait un peu à l’école". Et d’ajouter : "J’ai toujours l’impression d’être un escroc dans ces cas-là... Je me dis : "Ils vont se rendre compte que je ne suis qu’un dessinateur qui fait des p’tits crobars tous les jours".

Reportage : France 3 Paris Île-de-France - W. Van Qui / M. Chambrial / C. Ngoc

Vendeur de meubles... et dessinateur

Cette exposition, c’est aussi l’occasion de rappeler les débuts du dessinateur. Natif de Paris, lycéen à Henri IV, Jean Plantureux se décide, après deux ans de médecine, à vivre sa passion en allant à Bruxelles suivre les cours de dessin de l'école Saint-Luc fondée par Hergé (c’est le dessinateur qu’il admire le plus avec Reiser). Il revient ensuite à Paris. Le jour, il vend des meubles et des escabeaux aux Galeries Lafayette. La nuit, il dessine.

"Chaque jour, pendant la pause de 11h, je téléphonais au Monde pour leur proposer un dessin. Chaque fois, Bernard Lauzanne, le rédacteur en chef, me disait non. Et puis un jour il m’a dit oui"
 

La première colombe

Le quotidien publie le premier dessin de Plantu le 1er octobre 1972, sur le thème de la guerre du Viêt Nam. On y voit une petite colombe, un point d'interrogation dans le bec, pour symboliser les doutes sur la mise en œuvre d’un accord de paix. Le jeune dessinateur (il a alors 21 ans) ignore que cette colombe va devenir sa signature.
  (France 3 Culturebox (capture d'écran))
En 1980, Plantu entame une collaboration avec le magazine Phosphore qui va perdurer jusqu’en 1986. Entre-temps, il publie chaque samedi à la Une du Monde un dessin, tout en se faisant connaître du grand public via l’émission hebdomadaire de Michel Polac, Droit de réponse. En 1985, André Fontaine, le directeur de la publication du Monde impose la quotidienneté des dessins de Plantu à la Une du quotidien.

Une grande liberté

Une collaboration qui dure toujours et qui semble convenir au journal comme au dessinateur. Plantu reconnaît jouir d’une grande liberté. Et les attentats qui ont coûté la vie à ses amis de Charlie Hebdo n’ont rien changé. "Si je dois m’en prendre aux salafistes ou à la burka, je le fais, c’est mon boulot".

Mais il reconnaît que ces attentats ont changé  la vie des dessinateurs de presse : "Des peurs se sont installées dans les rédactions. Les rédacteurs en chef se posent davantage de questions. Moi j’ai de la chance, je fais ce que je veux mais un petit jeune de 20 ans... Je lui souhaite bien du courage !".
 
  (France 3 Culturebox (capture d'écran))

Un livre avec Eric Fottorino

Parallèlement à cette exposition à la BNF, un ouvrage est publié aux éditions Calman Levy, "Plantu 50 ans de dessins" accompagné de textes d’Éric Fottorino.  À travers de longs échanges avec son ancien complice du Monde, Plantu nous entraîne dans son atelier pour explorer en profondeur son processus de création.
  (Calman Lévy)
 

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