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Près de Londres, un musée ouvre dans un ancien hôpital psychiatrique

La plus ancienne institution psychiatrique, l'hôpital Royal Bethlem, près de Londres, a ouvert un musée et une galerie d'art retraçant l'évolution historique des traitements des troubles mentaux. L'hôpital, fondé en 1247 dans le centre de la capitale britannique avant d'être déplacé à Beckenham (à 20 kilomètres au sud), a donné naissance au mot anglais "bedlam", qui signifie chaos ou folie.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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The Royal Hospital de Bethlehem : peinture réalisée par un patient
 ( Ray Tang/REX/REX/SIPA)

Au XVIIIe siècle, les visiteurs pouvaient payer pour regarder les patients et, trois siècles plus tard, les stéréotypes sur les maladies mentales sont toujours aussi nombreux.

The Royal Hospital de Bethlehem près de Londres : la galerie des femmes
 (MARY EVANS/SIPA)
"Le musée vise à contrecarrer les préjugés autour de la santé mentale", a expliqué à l'AFP Victoria Northwood, la directrice du musée. "L'un des principaux moyens d'y arriver est de faire visiter le site aux gens, afin qu'ils réalisent que ce n'est pas un endroit effrayant, menaçant et sombre".

La période la plus noire de l'histoire des traitements mentaux est abordée sans être approfondie. Des menottes en cuir et en acier utilisées jusqu'au milieu du XIXe siècle pour immobiliser les patients sont exposées derrière un mur de miroirs, pour ne pas être directement visibles. Le musée accueille plusieurs installations interactives, dont une vidéo qui invite le visiteur à décider, ou non, d'interner contre son gré une jeune femme en déni sur les dangers de l'anorexie. L'exercice est étonnement difficile et vise à montrer la complexité du diagnostic des maladies mentales. 
The Royal Hospital de Bethlehem : appareils pour imobiliser les patients
 (REX/REX/SIPA)
La partie artistique du musée comprend plusieurs tableaux réalisés par des patients actuels ou anciens, comme la série "Cipher" de dessins représentant le visage allongé d'un homme réalisée par Dan Duggan, 41 ans. L'art a contribué au rétablissement de M. Duggan, qui a fait plusieurs tentatives de suicide et a été interné à trois reprises, dont à Bethlem. "La plus grande partie du temps que vous passez à l'hôpital, en particulier dans un hôpital psychiatrique, est très réglementé. Si vous êtes engagé dans un processus créatif, vous vous libérez de ça un moment et retrouvez le pouvoir de faire ce que vous voulez", a-t-il expliqué. "Réaliser des oeuvres d'art ne permet pas une guérison complète et je ne pense pas personnellement que je suis guérie mais c'est un vecteur très puissant pour exprimer certaines choses dont il est difficile de parler", estime quant à elle l'artiste Liz Atkin, 38 ans, atteinte de dermatillomanie (ou toc du grattage compulsif) développée durant son enfance au sein d'une famille alcoolique.

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